La filière fabrication mécanique dans les lycées publics du Bénin : Une spécialité éprouvée par manque de matériels de dernières générations - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

La filière fabrication mécanique dans les lycées publics du Bénin : Une spécialité éprouvée par manque de matériels de dernières générations

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Bien au cœur des premières spécialités de formation dans nos Lycées publics, la fabrication mécanique est, de nos jours, présente dans les disciplines d’apprentissage de l’école privée Don Bosco Parakou. Elle est une spécialité, de l’avis des professionnels, très exigeante en équipements et draine encore beaucoup d’apprenants. Avec le proviseur du Lycée Kpondéhou et enseignant en fabrication mécanique Augustin Nassara, Educ’Action se propose de vous faire découvrir les exigences et risques de cette spécialité.

«La fabrication mécanique, ce sont des réalisations en mécanique. Nous voyons des voitures, des motos autour de nous. Il y a toujours des gens qui réfléchissent en amont à comment réaliser les formes, les différents assemblages, les différentes mécaniques pour permettre de sortir ces outils que nous utilisons.» Tels sont les propos liminaires du proviseur du Lycée Kpondéhou de Cotonou, Augustin Nassara, pour tenter d’expliquer cette spécialité qui existe depuis bien des années dans les lycées techniques. S’il est vrai qu’au Bénin, cette spécialité n’a pas encore atteint son point culminant en termes de développement comme c’est le cas dans d’autres pays occidentaux et industrialisés, il est pourtant vrai qu’elle est au cœur des sciences techniques industrielles. « Il y a toujours une petite touche des produits de la fabrication mécanique dans tous les corps de métier en science industrielle», a fait observer le proviseur, pour ainsi mettre l’accent sur l’importance de cette filière. Selon l’homme averti de la fabrication mécanique, tout apprenant porté par l’envie d’aller vers cette spécialité doit avoir nécessairement le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) qui lui ouvrira les portes du Lycée. « Celui qui a le BEPC et qui vient au lycée, doit faire trois (3) ans de formation pour avoir le Bac F1 qui est le seul diplôme officiel. Maintenant, les enfants inscrits en F1 s’arrangent pour faire le DT mais cela suppose qu’en 1ère, ils ont eu à faire le CAP parce que le CAP est exigé pour les candidats au DT, mais nous ne formons pas directement pour le DT au Lycée Kpondéhou », a fait comprendre Augustin Nassara, qui, par ailleurs, renseigne sur les possibilités d’études universitaires qui s’offrent aux apprenants après le Bac F1 : « celui qui a le Bac F1 est normalement préparé pour continuer les études parce que le Bac F1 n’est pas un diplôme technologique. S’il veut, il continue dans la mécanique comme il peut embrasser d’autres formations. La seule chose qu’il ne peut pas faire à l’université, c’est de devenir médecin». Quand bien même cette spécialité draine du monde encore plus aujourd’hui qu’hier, moins de filles s’y intéressent. De l’avis du proviseur, cette réticence des filles est due à la forte présence des matières scientifiques. « Il y a beaucoup de nos matières où interviennent les sciences exactes, les sciences physiques, les mathématiques et aujourd’hui, beaucoup de nos enfants n’aiment plus les spécialités où il y a beaucoup de mathématiques et de science physique. Sans la maîtrise de ces matières, on ne peut pas supporter les exigences de la formation en fabrication mécanique. C’est ce qui fait qu’on remarque moins de jeunes filles », a-t-il ajouté. Cette spécialité, bien qu’étant l’une des premières, rencontre toutefois des difficultés non négligeables.

Des manques de matériels de dernières générations

Selon la première autorité du Lycée Kpondéhou, les difficultés rencontrées dans cette spécialité sont d’abord liées au niveau de développement de notre pays et la représentation qu’on a de cette spécialité. « Quand je dis fabrication mécanique, il faut vraiment les matériels adaptés, les matériels de dernières générations pour avoir des réalisations de qualité. Je n’ai pas encore vu cela ici. J’ai fait d’autres lycées où nous avons encore des machines de 1952 qui trainent et tant qu’on est à ce niveau, je ne pense pas qu’on peut faire quelque chose d’extraordinaire », s’est désolé Augustin Nassara pour qui, c’est l’une des spécialités qu’il faut développer aujourd’hui. « C’est une spécialité qui a besoin d’être rénovée par le renforcement des équipements et doit être modernisée. Dans les pays d’à côté, il y a déjà des machines à commandes numériques et nous n’en avons pas encore ici », a-t-il renseigné. Pour lui, il est évident que le développement de la fabrication mécanique rime avec la fabrication des machines de transformation agricole pouvant valoriser l’agriculture béninoise. Cette spécialité offre de multiples débouchés pour celui qui s’y adonne. Du moins, c’est ce que l’on peut retenir des propos du proviseur.

Des débouchés possibles

« Au Bénin, la fabrication mécanique n’est pas encore très avancée, mais dans les pays développés, ceux qui font la fabrication mécanique sont très recherchés. Au Bénin, il y a toutefois des sociétés ou des usines qui les sollicitent », a élucidé le proviseur de lycée avant d’affirmer que la fabrication mécanique est tellement vaste que si on prend juste une petite partie et qu’on a les équipements et les compétences pratiques qu’il faut, celui qui se met à son propre compte peut se faire beaucoup d’argent. Prenant l’exemple des ajusteurs qui sont installés souvent aux abords des voix, l’homme explique que ce sont des équipements qui ne sont pas trop chers, mais c’est la qualité du travail qui fait qu’ils drainent du monde. De ses explications, les apprenants ne sont pas obligés de faire la fabrication mécanique à l’université. Ainsi, ils peuvent avoir beaucoup d’autres débouchés s’ils changent de spécialité. Puisqu’il n’y a jamais de métier sans risque, la fabrication mécanique en compte également.

Les risques de la spécialité

«Si vous entrez dans un atelier de fabrication mécanique, il faut savoir que vous êtes, à toutes les secondes, exposé à un risque d’accident », a averti Augustin Nassara pour mettre en garde tout apprenant. C’est pourquoi au cours de la formation, appuie-t-il, les enseignants insistent sur la prévention des accidents. « Nous avons des machines qui tournent à plus de mille tours par minute ; nous avons également des pierres qui tournent à mille cinq cent tours et quand cela éclate, c’est comme des cartouches de fusils qui vous traverse et vous déchire. Lorsque vous êtes distrait alors que vous travaillez avec certaines machines, vous vous coupez rapidement les mains. Si vous êtes distrait et vous laissez une clé dans un trou et que cela est projeté, ça peut vous casser le front et c’est fini, vous mourez », a prévenu le proviseur. Il n’a pas manqué de lever le voile sur ce qui fait la différence entre la fabrication mécanique observée dans les rues et celle faite dans les lycées.

Un métier exigeant de la précision

« Celui qui fait sa formation au bord des voies peut ne pas être exigent sur les précisions. Mais dans les lycées, on est obligé d’attirer l’attention sur la précision parce qu’il n’y a pas d’à peu près », a déclaré le proviseur qui étaye ses propos par des exemples. « Il y a des machines qui vous aident à avoir des précisions d’un centième de mm pour ne pas dire d’un micron. Quand on dit qu’il faut un centième de mm de jeu et tu fais deux centièmes, cela veut dire que le truc n’est pas fonctionnel. La précision dans la fabrication mécanique va jusqu’à ce niveau et quand vous n’avez pas des équipements de qualité, vous ne pouvez pas avoir cette précision. C’est impossible et cela fait que vous aurez de l’à peu près.» Malgré les exigences de cette spécialité, le proviseur invite les jeunes à s’y adonner et pour cause : « la précision et les exigences de la formation vous préparent à beaucoup d’autres formations. Mais, il faut avoir de l’amour et de la passion pour cette spécialité avant de pouvoir la réussir. »

Estelle DJIGRI

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