Les périodes de vacances riment avec jeux et distractions. Mais cette année précisément, les enfants se trouvent dans l’incapacité de satisfaire ce besoin à cause des restrictions dues à la crise sanitaire de la Covid-19.Mais le jeu étant indispensable pour le développement des enfants, Educ’Action a tendu son micro aux spécialistes en la matière. Après avoir insisté sur les bienfaits des jeux, voici ce qu’ils proposent aux enfants et aux parents à quelques jours de la reprise des classes pour des vacances sans Covid-19.
Nous sommes dans le mois de juillet 2020. Installée devant une petite étagère de vente d’orange, et autres fruits de saison, les vacances de la petite Edwige ne se passent pas d’une manière différente en cette période caractérisée par la crise sanitaire due au Coronavirus. « Je n’ai jamais été portée par les sorties à la plage ou entre amies. Quand on est issu d’une famille pauvre, on ne cherche pas à faire comme les autres. Comme toutes les vacances, je me débrouille avec mes petits commerces pour aider ma mère. Donc, je peux dire que le Coronavirus ne m’affecte pas vraiment », confie la jeune fille âgée de 16 ans et élève en 4ème pour le compte de l’année scolaire prochaine 2020-2021. A quelques rues de cette jeune adolescente, c’est Charnelle qui laisse entendre ses plaintes. « S’il n’y avait pas la maladie du Coronavirus, je me serais rendue chez une tante ou c’est une cousine qui serait venue chez nous pour les vacances. Mais à défaut de faire des sorties, j’occupe quand même mes vacances à faire des cours d’informatique et franchement, je ne m’ennuie pas vraiment », explique la petite Charnelle, élève qui vient de faire son entrée en classe de 3ème. Si ces collégiens ont le choix entre faire des jobs et s’offrir des formations pour tuer ce temps de vacances en mode Covid-19, il n’en est pas de même pour les tout-petits. Renaud est un enfant de 9 ans et candidat heureux pour le CEP session de juillet 2020. Depuis la période d’attente des résultats et l’annonce de son résultat, ses journées se résument à regarder la télévision et à dormir. Il est bien tenté de se retrouver avec ses camarades de tous les jours pour s’amuser et se détendre un tant soit peu avant la reprise des classes prévue pour le 28 septembre 2020. Cependant, la crise sanitaire actuelle ayant créé la psychose dans le rang de ses parents, ces derniers ne lui donnent pas l’occasion de voir d’autres enfants. Tout comme lui, plusieurs enfants de sa tranche d’âge sont privés d’une manière ou d’une autre de distraction à cause de la Covid-19. Mais est-il de bon ton d’interdire les jeux aux enfants à cause d’une pandémie ? Cela serait une erreur, selon les spécialistes en la matière.
Le jeu, un canal d’apprentissage de la vie pour les enfants…
Plusieurs parents interdisent les jeux à leurs enfants et donnent pour raison le Coronavirus qui exige des mesures barrières strictes. Selon les spécialistes, on ne peut prétexter de rien pour interdire à l’enfant de jouer. «En ce temps de Covid-19, rien ne doit arrêter le jeu chez les enfants, rien ne peut arrêter qu’un enfant joue. Quelle que soit la situation qui prévaut, l’enfant doit trouver dans son milieu naturel, dans son milieu familial, des occasions qui lui permettent de s’adonner aux jeux à cœur joie. C’est fondamental », fait observer le professeur Moussiliou Akpa-L’Ara Moustapha. Enseignant-chercheur au département des Sciences de l’Education et de la Formation (FASHS-UAC), ce dernier n’a pas manqué de justifier ses propos. « Se demander pourquoi un enfant doit jouer, c’est demander pourquoi il est enfant. Cela veut dire que le jeu est inhérent à la vie de l’enfant, c’est à l’enfance qu’on joue et cela est ainsi conçu par la nature parce que tout simplement c’est par là que l’être humain accède à beaucoup de connaissances. Donc la Covid-19 ne peut pas être un prétexte à l’interdiction de jeu à l’enfant », a conclu le professeur qui fait observer que les jeux dégagent aussi bien des valeurs éducatives qu’instructives.
Les bienfaits du jeu dans l’existence de l’enfant…
« Un enfant qui ne joue pas, n’apprend pas tout simplement. C’est à travers le jeu que l’enfant découvre son monde. Le monde réel passe d’abord par le jeu avant que l’enfant ne l’intègre comme une réalité. C’est à partir du jeu que l’enfant peut symboliser et en symbolisant, il devient capable d’invention et de créativité », renseigne au prime abord l’enseignant-chercheur. Autre chose qui se dégage du jeu selon ce dernier, la sociabilité. A l’en croire, c’est grâce au jeu que l’enfant commence à apprendre de façon pratique les règles élémentaires de vie avec les autres et cela lui permet de se décentrer. Les enfants sont centrés sur eux-mêmes et pensent que la référence, c’est eux et personne d’autre. Donc le jeu permet aux enfants de progressivement se décentrer et de commencer par comprendre que la vie est beaucoup plus vaste que ce qu’ils pensent. « La vie en milieu humain est une vie réglementée et régulée mais toutes ces réglementations et régulations ne sont pas inscrites dans les gênes. Tout ceci relève de l’acquisition et ça veut dire que ça doit faire l’objet d’apprentissage et c’est à travers le jeu que les enfants commencent par faire leur première expérience », insiste-t-il pour montrer l’importance du jeu dans la vie d’un enfant. Du point de vue psychologique, Faridath Ibrahim Ahossi, dira que non seulement le jeu est amusant pour l’enfant mais nécessaire et essentiel parce que cela lui permet de faire des découvertes pour son bon développement.
Alors quel type de jeux pour les enfants en cette période de crise sanitaire ?
Psychologue clinicienne de son état, Faridath Ibrahim Ahossi dira que : « sur l’enfant, le jeu a des effets positifs sur le développement moteur et sensoriel, le développement intellectuel, le développement du langage et le développement social ». Ainsi, l’absence du jeu, indique-t-elle, peut causer chez ce dernier, la faible capacité d’autonomie et d’indépendance, l’immaturité dans le développement émotionnel, le manque de créativité et d’imagination, la timidité, les difficultés à communiquer et le mauvais caractère. Tous deux conscients des précautions à prendre pour la sécurité des enfants, ces spécialistes dans leur domaine respectif proposent cependant des jeux à faire seul ou en nombre très restreint aux enfants mais toujours dans le respect des mesures barrières. En dehors des jeux de construction ou les jeux libres choisis par l’enfant lui-même et recommandés par le professeur Moussiliou Akpa-L’Ara Moustapha, la psychologue-clinicienne Faridath Ibrahim Ahossi ajoutera les activités de dessin et de coloriage, le domino, le ludo, le scrabble, les livres de jeux, des séances de lecture ( livre de contes pour enfants), les séances de roller, des jouets selon l’âge pour les plus petits enfants et le foot à la maison en nombre restreint et remplacer le football par les jeux de tirs ou de passe ainsi que les jeux de cartes pour les plus jeunes. Le professeur Moussiliou Akpa-L’Ara Moustapha, Enseignant-chercheur au département des Sciences de l’Education et de la Formation (FASHS-UAC) n’a pas manqué d’inviter les adultes à la vigilance par rapport aux jeux auxquels les enfants doivent s’adonner dans les ménages. En dehors des nombreux mois passés à la maison sans jeux pour la plupart, les enfants de CI au CM1 peuvent dans le respect des mesures barrières, s’adonner à ces divers jeux pendant les quelques jours de congés prochains pour leur épanouissement.
Estelle DJIGRI