Dynamisé depuis la mandature du président Guy Mitokpè, le comité de maintien d’ordre du Bureau Exécutif Fédéral (BEF), de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) est souvent objet de polémique au sein de la communauté universitaire. Les états-majors ou encore kanlingan comme on les surnomme sur le campus d’Abomey-Calavi interviennent dans le maintien de l’ordre. Dans cette interview accordée au journal Educ’Action, Josué Santos Didolanvi, le vice-président actuel de la FNEB apporte des éclaircissements sur l’activité des états-majors sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi.
Educ’Action : Quel rôle joue les états major au sein de la communauté universitaire ?
Josué Santos Didolanvi : Le rôle de l’état-major au sein de la communauté universitaire est d’assister les responsables étudiants et le Bureau Exécutif Fédéral (BEF) au cours de leurs interventions sur le terrain. Lorsqu’il y a des conflits entre institutions, nous envoyons nos états-majors sur le terrain afin de pouvoir maîtriser la situation. Vous savez, lorsque vous êtes responsable, vous n’êtes pas aimé de tout le monde. Parfois, lorsque vous passez un message dans un amphi, des camarades peuvent vous jeter des pierres. Donc, avant notre arrivée dans les amphis, les états-majors sont souvent là avant nous pour maîtriser la salle, lorsque nous circulons également dans les amphis, ils sont avec nous pour maintenir l’ordre.
En conclusion, on retient que les états-majors sont des gardes de corps au service du BEF et des responsables étudiants ?
Ils ne jouent pas seulement le rôle de gardes de corps, mais ce sont des éléments du BEF de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) qu’on envoie parfois sur le terrain pour régler certaines situations particulières.
Comment se fait le recrutement des agents ?
Savez-vous que pour aller aux élections fédérales, nous avons le soutien des étudiants ? Une fois que nous sommes élus, ces camarades étudiants prennent l’engagement de nous soutenir tout au long du mandat. Ainsi, au sein de nos sympathisants qui nous avaient soutenu au cours de la période électorale, on dégage certains parmi eux pour composer le comité de maintien d’ordre que les gens appellent par abus de langage les états-majors. Parce qu’ils nous suivent partout dans nos déplacements. Alors, après une étude de moralité, nous installons le cabinet de maintien d’ordre qui nous assiste tout au long de notre mandat. Voilà comment nous mettons en place le cabinet de maintien d’ordre. Au niveau de chaque entité, le cabinet de maintien d’ordre du BEF installe à son tour des forces d’interventions rapides afin qu’elles assistent les présidents de Bureau d’Union d’Entité (BUE) dans les activités de maintien d’ordre.
Comment financez-vous les activités des états-majors ?
Les états-majors ne sont pas rémunérés. Ce sont nos camarades qui servent la communauté universitaire par vocation et de façon volontaire. Donc, nous ne payons rien au cabinet de maintien d’ordre. Puisque nous membres du BEF n’avons pas de salaire, alors où est-ce qu’on peut trouver de l’argent pour les rémunérer ?
Comment l’équipe rectorale apprécie-t-elle l’activité des états-majors au sein de la communauté universitaire ?
Entre temps, l’autorité rectorale ne comprenait pas ce que nous mettons dans état-major. Pour elle, les états-majors sont des fauteurs de troubles. Mais depuis notre prise de service, nous avons tenu avec le soutien des aînés de la fédération des rencontres avec l’équipe du rectorat. Nous avons tenu des rencontres avec tous les éléments de maintien de l’ordre du campus pour mieux expliquer à l’équipe rectorale le rôle d’un état-major. Nous remercions Dieu parce que le recteur est en train de comprendre déjà le rôle de ces éléments au sein de l’université. Au niveau des résidences universitaires, c’est à ces éléments que nous confions la sécurité des motos et autres biens.
À la sortie de la grève qui est survenue récemment au niveau de la Flash, l’équipe rectorale a pris un communiqué pour suspendre l’activité de certaines institutions spécialisées sur le campus. Le comité de maintien d’ordre est-il également ciblé dans ce communiqué ?
Le cabinet de maintien d’ordre n’est pas une institution spécialisée de l’université. Il peut avoir un BEF sans cabinet de maintien d’ordre. C’est à chaque bureau de savoir la stratégie à adopter pour réussir son mandat. Vous savez, au sein de la FNEB, nous avons une institution spécialisée que nous appelons la Police Universitaire et qui intervient aussi dans le maintien de l’ordre et de la sécurité. Elle intervient au niveau des restaurants, du transport et des entités. Aujourd’hui, que l’on dise que ces institutions seront supprimées, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. Parce que ces institutions contribuent au calme social que nous avons au sein de l’université d’Abomey-Calavi.
Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les états-majors ?
Parlant de difficultés, nous dirons que nos dirigeants de l’université d’Abomey-Calavi à savoir enseignants, équipes décanales et autorités rectorales n’ont pas encore une meilleure compréhension de ce que c’est que l’état-major. Cela pose souvent un problème de mal compréhension ou de mésentente entre autorités et nous. Ils ne viennent pas forcément pour perturber les activités de l’enseignant, mais juste pour maintenir l’ordre.
Un dernier message à la communauté universitaire ?
Nous voudrions que le rectorat nous accompagne pour mieux faire comprendre à la communauté universitaire le rôle du cabinet de maintien d’ordre. C’est une organisation entre étudiants, mais c’est également pour prouver au monde entier que l’étudiant béninois est bien organisé. Nous n’avons pas forcément besoin de soutien venant de l’extérieur pour mener à bien nos activités. Même pour les activités du rectorat, au lieu de faire appel aux forces de l’ordre, on peut nous solliciter pour assurer le rôle de sécurité.
Propos recueillis
par Edouard KATCHIKPE