Les dérapages sexuels en milieu scolaire, ne se limitent seulement pas aux pratiques sexuelles auxquelles s’adonnent les élèves entre eux, mais concernent également les enseignants avec leurs élèves et ceci au-delà du simple consentement où certains se permettent d’abuser de leurs élèves encore mineurs. Une situation à laquelle le système éducatif béninois est confronté depuis un certain temps et qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Cette situation amène à se demander comment est-ce qu’un adulte éprouverait-il des désirs sexuels envers son enfant et plus encore des enseignants censés être des personnes de bonne moralité. Jean Akowe, psychopédagogue opine sur le sujet au micro de Educ’Action.
Educ’Action : Qu’est ce qui amène un enseignant à désirer son élève fille au point de la violer ?
Jean Akowe : L’enseignant qui entretient des rapports sexuels ou viole ses élèves souffre d’hypersexualité. Il s’agit d’un obsédé sexuel qui a une sexualité compulsive. Ce sont des enseignants qui sont malades et il faut tout simplement les orienter vers des spécialistes, des psychologues qui vont les traiter. Parce qu’ils ont eu peut être la malchance de vivre dans un environnement qui aurait gangrené leur mentalité à un degré très élevé. Ce qui nécessite un traitement spécifique. Il s’agit vraiment des troubles de personnalité et de dysfonctionnements qu’ils n’arrivent pas à maîtriser. Lorsqu’on parle des relations sexuelles en milieu scolaire et qui impactent dangereusement l’évolution des études chez les élèves, on voit tout simplement que ces relations sexuelles se passent entre élèves, entre les élèves et les enseignants et ensuite entre les élèves et d’autres personnes qui sont en dehors du système, à savoir les apprentis, les chefs d’ateliers qui sont dans les alentours de l’école ou dans les quartiers où résident ces élèves. En ce qui concerne les enseignants qui ont un rôle capital à jouer dans l’accompagnement des élèves et qui maintenant se retrouvent dans ces comportements avec même des notes sexuellement transmissibles, cela vient du fait que ces enseignants sont tout simplement malades et ont besoin d’un traitement spécifique pour sortir de cette maladie et retrouver leur état normal d’enseignants éducateurs, de formateurs responsables.
Quelles peuvent-être les conséquences psychologiques sur les fillettes violées ?
Cela crée forcément un traumatisme au niveau de la fillette qu’il faut traiter. Se référer à un psychologue surtout clinicien qui va la suivre, la traiter, l’aider à sortir de cet état et plus tard elle pourra se retrouver pleinement même si cela laisse des séquelles qu’on ne saurait complètement corriger. Ces filles auront peut être toujours peur du sexe ou tout simplement rentrer dans le sexe et devenir des prostituées professionnelles et plus tard des femmes mères qui ne seront pas du tout responsables, qui seront influençables, qui ne seront jamais elles-mêmes parce que déjà, on leur a volé une bonne partie de leur vie, de leur personnalité à cet âge. C’est un crime.
La responsabilité de l’Etat n’est-elle pas interpellée dans le recrutement du personnel enseignant ?
C’est vrai que des fois, on réalise plusieurs tests. Mais, quand on est averti, peut être que c’est un test pour déceler ces genres d’anomalies, on peut tout faire pour chercher les réponses. Même si les tests ne s’expriment pas directement dans ce sens, il suffit qu’on se rende compte qu’il y a ces tests qui existent et que les enseignants prennent les dispositions pour les contourner. Mais c’est vrai, l’Etat est interpellé, vraiment le Conseil National de l’Education (CNE) est aujourd’hui interpellé par rapport à ces faits, non seulement les enseignants qui se donnent aux rapports sexuels avec leurs élèves, mais aussi les phénomènes de taux élevé de grossesses qu’on constate dans les écoles et qui constitue des conséquences directes de la combinaison des rapports sexuels avec les études. Le CNE a un grand rôle, prendre les dispositions à ce que cela diminue et décourager à jamais les enseignants qui s’adonnent à cet acte. Il y a des tests qui existent et qui permettent aujourd’hui de diagnostiquer si un enseignant peut maîtriser son bas ventre. Mais aussi, les enquêtes de moralité sont là pour vérifier et savoir avec précision. Il y a beaucoup de signes indicateurs pour les comportementalistes, qui sont des experts surtout dans ce domaine, et, qui, déjà, à travers le comportement de la personne quand on l’observe dans la société, quand on observe son activité, on sait que c’est un prédateur sexuel et on prend des dispositions pour l’aider à sortir de cette maladie ou tout simplement le sortir et le mettre peut être là où il va exercer et ne pas créer trop d’ennuis et de dégâts.
Comment aider une fillette qui a été violée ?
Pour aider une fillette qui a été violée et l’accompagner, il faut en même temps créer un dispositif autour d’elle pour qu’elle puisse retrouver l’affection, la joie de vivre et sortir de cet état, de ce deuil parce que cela crée en elle ; un deuil qu’il faut traiter. Le deuil de sa personnalité, de sa virginité, de son intimité, d’une partie de sa personnalité qui a été volée par un enseignant. Dans ce processus, il faut forcément la confier à un spécialiste pour un traitement spécifique, un psychologue clinicien spécialement surtout quand il s’agit du viol pour l’aider et l’accompagner à ce qu’elle puisse se retrouver et avoir une vie épanouie plus tard. Sinon, toutes les questions liées à la sexualité seraient toujours considérées comme un traumatisme plus tard et il va falloir très tôt prendre ses dispositions.