Les anciennes pratiques d’enseignement laissent progressivement place à de nouvelles. C’est ainsi que les élèves, à partir de la classe de 6ième, reçoivent, de nos jours, des cours en Physique-Chimie et Technologie (PCT), autrefois SPCT. Un revirement qui certainement s’explique par la mise en œuvre de l’Approche Par les Compétences (APC). Lumière sur les procédés et mécanismes ayant conduit à une telle disposition, c’est ici !
Les Sciences-Physiques font partie intégrante des matières enseignées aux apprenants du secondaire, en l’occurrence à partir des classes de 5ième et de 4ième. « Les années 70, c’est à partir de la seconde que certaines séries font la PCT », va appuyer un conseiller pédagogique en PCT qui a requis l’anonymat. Aujourd’hui, tel n’est plus le cas. Les cours de Physique-Chimie et Technologie sont enseignés aux élèves à partir de la classe de 6ième. Une nouvelle pratique d’enseignement qui, elle non plus, ne date guère d’aujourd’hui. Il sera question de savoir la dynamique dans laquelle s’inscrit cette approche qui a fini par enrôler les élèves de la 6ième. De l’interprétation des textes sur l’enseignement des PCT aux apprenants, Toussaint Avocè, inspecteur de l’Enseignement secondaire de la spécialité Physique-Chimie et Technologie (PCT), chef du Groupe Permanent Spécialisé PCT, en poste à la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ), fait référence aux articles 3 et 4 de la Loi n°2003-17 du 11 novembre 2003 portant Orientation de l’Education Nationale en République du Bénin, modifiée par la loi n°2005-33 du 06 octobre 2005 qui stipule que « L’école doit permettre à tous d’avoir accès à la culture, à la science, au savoir, au savoir-faire et au savoir-être. Une plus grande attention doit être accordée à l’éducation des jeunes filles, des personnes et enfants en situation difficile, des enfants des zones déshéritées et des groupes vulnérables. L’école doit offrir à tous, la possibilité d’appréhender le monde moderne et de transformer le milieu en partant des valeurs culturelles nationales, du savoir, du savoir-faire et du savoir-être endogène et du patrimoine scientifique universel. Elle doit permettre à tous les niveaux, une éducation et une formation permanente, favoriser les spécialisations grâce à une orientation judicieuse qui tient compte des capacités individuelles et des besoins de la nation. Elle est ouverte à toutes les innovations positives utiles et doit prendre en compte notamment l’instruction civique, la morale, l’éducation pour la paix et les droits de la personne, l’éducation en matière de population et à la vie familiale, l’éducation relative à l’environnement et l’éducation pour le développement conformément à l’article 40 de la Constitution ». Ainsi, poursuit-il, en application de cette loi, les programmes d’études à l’Enseignement primaire et à l’Enseignement secondaire ont été revus et des champs de formation ont été définis à l’Enseignement primaire dont l’Education Scientifique et Technologique (EST).
Mise en œuvre de l’APC…
La mise en œuvre de l’Approche Par les Compétences (APC) a permis la modification de nombreux programmes scolaires dont l’apprentissage des PCT aux élèves de la classe de 6ième alors qu’il n’était réservé aux classes plus avancées. Pour l’inspecteur Toussaint Avocè, l’introduction des PCT dans les classes de 6ième a coïncidé avec l’expérimentation de l’APC dans l’Enseignement Secondaire Général au début des années 2000. Seulement, on peut bien se demander la valeur ajoutée de cette réforme pour la compétence des élèves de la classe de 6ième. « La première SA de la 6ième est d’ailleurs déjà presque entièrement vu au CM2. C’est une continuité, une suite de tout ce qui se fait. Quand moi, j’étais au CM2, je n’avais pas fait l’EST, un circuit électrique, le courant électrique, rien de tout ça. Les programmes ont changé, les programmes ont évolué », fait savoir le conseiller pédagogique qui a requis l’anonymat. Du primaire jusqu’au secondaire, les programmes ont été modifiés afin d’établir une certaine concordance entre les disciplines pour éviter que les apprenants ne soient pris d’assaut par les réalités de telle ou telle matière et c’est à juste titre que la matière Education Scientifique et Technologique a subi cette modification au primaire afin que soient intégrer les PCT en classe de 6ième. « C’est pour la continuité de l’éducation scientifique reçue par les apprenants depuis le primaire que l’enseignement de la PCT a commencé en classe de 6ième. Ce n’est que la concrétisation des actes des états généraux de l’éducation en application aux recommandations de la Conférence Nationale des Forces Vives de la nation béninoise du 19 au 28 févier 1990 dont l’Approche Par les Compétences (APC) en est le corollaire », martèle l’inspecteur Avocè qui ajoute que « la mise en œuvre de l’APC a conduit à l’élaboration des programmes d’études de PCT de la classe de 6ième en Terminale. Ces programmes, après quelques années de mise en œuvre, ont été révisés puis relus ».
De la formation des enseignants pour l’efficacité de l’approche…
Pour une efficacité des programmes révisés avec la mise en œuvre de l’APC, il s’avère nécessaire que les enseignants soient pris en compte dans le processus de renforcement de capacités afin d’être en phase avec les nouveaux programmes. « À l’Ecole Normale des Instituteurs, des enseignants du primaire sont formés pour avoir un certain niveau afin d’enseigner les EST. Ils font un cours d’élévation de niveau en EST. Au primaire, l’EST regroupe la SVT et la PCT ; ce sont les deux qui sont combinées. Donc, ils ont un enseignant chargé d’élever leur niveau en PCT et un autre en SVT », renseigne le conseiller pédagogique qui a requis l’anonymat avant de poursuivre que « Le programme suivi par les enseignants du primaire formés, prend en compte tout ce qui se fait du CI jusqu’au CM2. Tout ce qu’on voit au collège se voit déjà, mais de façon un peu superficielle au primaire. C’est une continuité. Ils font également des cours d’élévation de niveau en Mathématiques, en Français et même en Anglais. Dans les Ecoles Normales d’Instituteurs, ils font ces cours en plus des cours de pédagogies et autres ».
De l’importance de l’apprentissage des PCT…
Les Sciences-physiques se révèlent comme des matières purement techniques à l’opposé de celles littéraires. Bien qu’elles soient une matière redoutée de la majorité des apprenants qui trouvent refuge dans les séries littéraires, elles ne restent pas sans avantages pour une bonne avancée sur le plan du développement. Ainsi va conclure Toussaint Avocè, inspecteur de l’Enseignement secondaire de la spécialité Physique Chimie et Technologie (PCT), chef du Groupe Permanent Spécialisé PCT, en poste à la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ). « Aucune nation au monde ne peut se développer si l’enseignement des sciences n’occupe une place fondamentale dans les programmes d’études. Nos autorités l’ont compris en introduisant l’enseignement des sciences au primaire, puis au secondaire à partir de la classe de 6ième. C’est le cas dans plusieurs pays du monde. Les recherches actuelles dans les sciences de l’éducation ont montré que pour avoir des scientifiques porteurs du développement, il faut initier les apprenants à la science depuis la maternelle pour éveiller leur curiosité et les prédisposer à une culture scientifique. Les apprenants que nous avons actuellement en 6ième sont très aptes à étudier les sciences physiques. Ils le font depuis l’enseignement primaire ». Pour sa part, Bernard Lahamy, directeur du CEG Godomey, va renchérir martelant qu’ « il serait bon qu’on travaille à ce que l’enseignement technique prenne le pas. Cela va beaucoup nous aider dans un avenir très proche et que nous cessons d’être trop littéraires, géographes pour que nous puissions être capables de commencer par fabriquer, produire. Cela pourrait aider le pays vu que les apprentissages tendent vers la production et si ça doit tendre vers la production de biens, c’est l’enseignement technique qui doit prédominer sur l’enseignement général ».
Gloria ADJIVESSODE (Stag)