« Hozana, sur le chemin de ma vie » : L’œuvre qui plaide l’autonomisation de la femme - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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« Hozana, sur le chemin de ma vie » : L’œuvre qui plaide l’autonomisation de la femme

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« Hozana, sur le chemin de ma vie ». C’est le dernier roman de l’écrivaine béninoise, Adélaïde Fassinou épouse Allagbada. Paru à Yaslo Editions, ce roman éponyme de 176 pages, est dans les rayons des librairies du Bénin. A travers cette œuvre, l’auteure fait du féminisme son plat de résistance.

«Ça y est, c’est décidé. Elle allait partir. Partir loin, très loin. Partir pour ne plus revenir. Ne plus revenir sur ses pas. Mettre de la distance entre cet homme et elle. Cet homme qui la plombait, l’empêchait de vivre une vie normale. La vie que vivent les femmes de son âge ». Ainsi se présente l’incipit présentant Hozanna, l’héroïne du roman éponyme de l’écrivaine Adélaïde Fassinou. Dans cet extrait, l’auteure met la lumière sur l’envie démesurée d’Hozana d’être libre. Cousu dans un style simple et digeste, cet ouvrage met le curseur sur la crainte et la colère qui animent l’homme lorsque son épouse veut surfer sur l’arène politique. Lisons cette partie de la page 11 : « Hozana ! Hozana ! Hozana ! Je viens de t’interpeller trois fois de suite. Pas de politique chez moi ! Après ta première réunion, tu rejoindras tes sacs et tes chaussures au portail. Et tes oripeaux de première dame qui te donnent la folie des grandeurs, ne te hasarde pas à introduire dans ma maison : si c’est là ta nouvelle trouvaille pour te prostituer à ciel ouvert, eh bien, ne compte pas sur moi pour te servir de faire-valoir. On connaît la réputation des femmes politiques sous nos latitudes ».
Malgré cette mise en garde de Sélim, le mari de Hozana, cette dernière a mis son projet à exécution. Elle a commencé à tutoyer la politique. Des difficultés ont jalonné son parcours politique à Lokossa. En effet, les hommes politiques et les candidats véreux de cette ville ont tenté d’entacher son image par une histoire montée de toutes pièces. Mais ses actions et son bilan étaient aux antipodes des plans orchestrés pour la voir emprisonner. « Hozana avait son bilan qui parlait pour elle. Féministe dans l’acte et non seulement dans le verbe, elle avait vraiment travaillé sur le terrain à se battre pour améliorer leur quotidien et assurer l’avenir de leur progéniture », à lire à la page 58. Ainsi, elle a pu échapper à la prison alors qu’elle était cheffe d’arrondissement. Dans ce livre, l’auteure fait l’apologie de l’autonomisation de la femme. Laquelle crée surtout des remous lorsque la femme veut travailler la politique et dans la politique, précisément arpenter les couloirs du parlement. Dans l’esprit de se trouver au palais des gouverneurs, elle a pu convaincre et gagner la confiance des mandants. Son frère Amen a été d’un grand concours. Cependant, l’auteure a montré comment l’intimidation est le domaine de prédilection en politique. Allons à la page 166 : « Un gros serpent déboucha soudain d’une touffe d’herbes et dressa sa tête en fixant bien Hozana dans les yeux. Apparemment, après le passage de ces petits, la mère de famille venait la défier afin que Hozana retourne chez elle, sans pouvoir accomplir son devoir civique : mettre son bulletin dans l’urne ». Mesurant ainsi le niveau d’évolution de sa femme, Sélim n’est plus bercé d’illusions. Ils ont fumé le calumet de la paix, ce qui a permis à Hozana de se relancer de plus belle dans la politique. Tout ceci avec également le soutien de sa mère, Alougba.
De tout ce qui précède, on retient que l’auteure Adélaïde Fassinou épouse Allagbada se veut précurseur d’une autonomisation de la femme béninoise en particulier et de l’Africaine en général. Féministe bon teint, elle se bat depuis bien des années pour l’émancipation de la femme à travers sa plume.
Cette œuvre recentre, à cet effet, le débat sur la possibilité pour la femme de s’émanciper malgré les vicissitudes de la vie.

Biographie de Adélaïde FASSINOU ALLAGBADA

Née avant les indépendances, Adélaïde FASSINOU ALLAGBADA est professeur certifié de Lettres et écrivaine. Elle a enseigné dans les lycées, les collèges du Bénin, avant de donner des cours de Technique d’expression orale et écrite à l’université. Elle trouve par la suite son chemin durant une dizaine d’années dans la formation des formateurs à l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo et d’autres centres de formations professionnelles.
Actuellement, elle a été rappelée pour diriger à nouveau la Commission nationale béninoise pour l’UNESCO où elle avait déjà officié de 2004 à 2006 pour redynamiser la structure, afin qu’elle puisse relever les défis des ODD recommandés par les Nations Unies. Elle est auteure de plusieurs œuvres littéraires que sont, entre autres, Le Journal d’Esclamonde, ed. Plurielles ( 2015); Ma vie entre parenthèses, L.C. Editions (2016) ; Le temple de la Nuit profané, ouvrage collectif Plumes Amazones, Star éd (2016); Pour un kilo de piments, CNPMS (2018).

Enock GUIDJIME

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