Heureux… les véritables riches ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Heureux… les véritables riches !

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Un de mes lecteurs très assidu me le reproche souvent : je ne donne aucune piste à mes amis fidèles pour s’enrichir vite. Mon auditoire s’élargirait de façon exponentielle si je déterrais la pierre philosophale moderne qui transformera tous mes lecteurs en Crésus. Hélas !
Pourtant, ils ont un peu essayé ! La plupart ont privilégié la méthode de PONZI à travers ICC services et compagnie. Ils ont essayé les églises et temples et leurs prophéties de lendemains opulents dont l’obésité du pasteur était un signal alléchant. Ils ont plébiscité les paris sportifs, lassés par les vaines réunions avec le politicien local et ses listes sans fin de « bientôt promus à des postes de responsabilités » par l’Autorité nationale du pays. Sans oublier le type qui, surprenant quelque ressemblance entre son fils et tel footballeur ou chanteur, décide de le pousser !
Mes chroniques parlent bien d’argent, sinon d’intérêt ou plutôt de bien-être. Les solutions que j’ai citées plus haut ne conviennent pas au grand nombre mais seulement à un quarteron de paresseux, profiteurs et opportunistes. Le plus étonnant dans l’affaire, c’est qu’ils sont encore plus à plaindre que nous les frileux et autres indécis car ils savent qu’ils vendent du faux.
S’enrichir de manière profitable, tel est mon propos. Cette richesse qui consiste à remplir le corps, le cœur et la conscience. Pour cela, il nous faut déblayer le terrain et retenir l’immense, la seule et l’unique vérité qui va guider notre existence à savoir que la Vérité unique et partagée par toutes et tous n’existe pas !
La vision caricaturale, transmise par la philosophie scolaire, ne nous a pas permis de comprendre quelque chose d’essentiel qu’on appelle vérité. Autour de nous, nous avions tellement de certitudes, nous évoquions tant de situations qui semblaient pétries de vérités incontestables ! L’Etat ou les autorités disent la vérité, le pasteur autant que le juge. Et puis cette unanimité : la science est l’expression même de la vérité. Elle est OB-JEC-TIVE, on vous dit ! Mieux, elle produit des effets vérifiables.
Grâce aux maths, par exemple, on compte sans se tromper : ainsi, personne ne peut nier le résultat de 1+1=2. Une logique indéboulonnable. Mais à bien y regarder, cette affirmation se base sur plusieurs présupposés : l’unicité, par exemple car si on parle de batônnets, c’est bon. Mais si on parle d’une vache et d’une bouteille de coca ? Cela correspond à deux quoi ? On se retrouve devant une vérité ou plutôt la vérité qui satisfait notre esprit et que nous donne la raison.
Surfant sur la raison, la société et le politique nous présentent autant d’affirmations assorties de chiffres ou d’indicateurs, de règles juridiques pour justifier de soi-disant vérités. Par exemple, nous avons besoin de démocratie et de développement. Le Gouvernement travaille pour nous, il suffit d’obéir ! On confond sans cesse la légalité (ce qui relève des lois) et la légitimité (ce qui correspond à l’aspiration du peuple et rencontre son assentiment).
Le pire, c’est cette société de média et de l’immédiat qui brouille les cartes et joue avec nos consciences : alors que les jihadistes nous envahissent (dans les pays aurifères et pétrolifères surtout), nous acceptons sans broncher que des chaînes internationales diffusent les combats de gladiateurs des temps modernes que sont ces footballeurs, ces athlètes qui nous font vivre par procuration et oublier notre misère physique et matérielle. Bientôt, on n’aura plus le droit de sortir des ghettos qu’on tente de nous imposer par les restrictions (villes et artères propres), les vaccinations fortement recommandées et in fine une pauvreté imposée. En définitive, notre conscience, forgée à l’aune de notre éducation, tangue, se fragilise et se dissout complètement dans ces inutiles certitudes qui nous entourent et nous détournent de l’essentiel.
Avec cette vérité qu’on veut forger pour nous, être déshumanisée et réifié, on travestit et nous inculque l’autre aspect de la vérité qui vient du cœur, de la foi, de la religion. Ainsi, si la vérité falsifiée, obtenue par la raison résiste et ne croit pas à toutes ces inepties et idioties ; si les différentes peurs ne nous assaillent pas assez, on fait intervenir le pasteur. L’homme saint au ventre bedonnant respirant l’aisance et la santé nous dit : «Heureux les pauvres… car le royaume des cieux les appartient». Le choix est évident et il faut suivre la parole (faussée) de la Bible, vérité des vérités par excellence !
En définitive, la vérité est toujours celle de quelqu’un et sert d’abord sa cause. Quiconque désire vous voir évoluer ne vous demandera jamais de rester les bras croisés en le regardant faire votre bonheur. Quelque chose d’indispensable nous manque pour avancer : le discernement, qui n’est et ne sera jamais une science infuse, ni une conscience confuse et imbue de soi. Le début de notre richesse passe par l’éducation à la connaissance de soi qui abolit la peur. Cette peur à mille visages mais une seule origine : la trouille de faire l’effort pour être libre !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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