Formation inutile : Série C - Journal Educ'Action

Formation inutile : Série C

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Quand nous parlions de guerre,une image nous venait à l’esprit : celui de deux ou plusieurs camps qui s’entretuent avec les fusils les mitraillettes à la main, puis les chars. Mieux les media et notamment la télévision et même le cinéma nous montrent les carnages les plus barbares faits avec des armes toujours plus sophistiquées. Alors, nous peuple, nations, individus nous félicitions nous d’être protégés par nos armées qui s’équipent chaque jour ; nos amis et partenaires qui n’hésitent pas à user de leurs devoir d’ingérence !
De nos jours, la guerre a totalement changé de dimension et de visage.Certes, même si elle passe par des armes, elle cache des aspects de très loin plus subtils et plus destructeurs. En effet, si d’un côté, vous pouvez prévenir et fuir la venue ou les balles de l’ennemi, celui-ci s’installe avec vous et autour de vous et vous détruit. C’est le cas de la guerre économique que je voudrais évoquer ici.
Imaginez que la plus grande partie des terres africaines ne sont pas cultivées. Et pourtant, nous avions les moyens de parvenir à la sécurité alimentaire. Très vite, nos savants agronomes formés à prix d’or et friands de bureaux climatisés vous diront que nous n’avions ni la main d’œuvre ni les outils nécessaires. En réalité, c’est notre orientation dans la série C qui fait notre grand problème. Comment nos peuples avec des traditions culinaires connues et appréciées se sont-ils complètement perdus dans la culture de Café, du Cacao et du Coton abandonnant les productions de denrées plus bénéfiques et surtout appauvrissant les terres qui deviennent sans cesse dépendants de produits chimiques dangereux !
Nous avons appris qu’une guerre a pour fin de nous détruire physiquement. En réalité, il faut aller plus loin. Les nouvelles guerres plus insidieuses s’attaquent aussi au moral et au psychologique en détruisant nos identités culturelles et culturales. Comment comprendre que de nos jours, nos peuples sans cesse nombreux malgré tout, avec une quantité importante de terre arables sont tributaires de l’extérieur et ont complétement changé d’alimentation. On nous a fait comprendre que les cultures doivent être industrielles ; alors nous avions adopté cette série C qui appauvrit les terres autant que nos populations ; on nous a fait comprendre que nous mangions mal, peu équilibré ; alors on a exporté le pain, le riz, les huiles diverses et les cubes. Mieux, on nous a affirmé que le blé, l’orge et autres tournesols ne peuvent jamais se cultiver sur nos terres : ce qui est faux !
La conséquence c’est que nous avons installé nos sociétés dans une logique perverse avec la maladie la plus terrible : non, ce n’est ni le paludisme ni le diabète mais la pauvreté ! Allez dans nos contrées, visitez nos villages et nos hameaux ; plus rien ne résiste à la pacotille que constituent les tomates, le riz et les sardines en boîtes aux noms illisibles que côtoient les médicaments miracles moins chers sans oublier les phones et milles choses étrangères devenues indispensables. Mais alors, ce qui est terrible, c’est que tous les villages se ressemblent avec des marchés uniformes sans aucune identité ! Les paysans ont depuis longtemps vendu leurs champs avant la récolte pour dilapider le résultat dans l’achat d’une moto et des libations aux ancêtres sans oublier les innombrables pasteurs qui pullulent et qui, comme des charognards, s’empiffrent de quasi cadavres.
Avez-vous entendu parler de Georges Washington CARVER ? La lecture de la biographie et des écrits de ce savant noir botaniste, agronome et inventeur noir américain vous édifiera sur ce que j’affirme. Imaginez que c’est cet homme qui a sauvé toute l’agriculture du sud des Etats Unis après la guerre civile, en prônant la diversification et l’alternance des cultures afin, non seulement de permettre aux terres de se régénérer mais surtout de permettre une sécurité alimentaire. Pourquoi nos curricula ne prennent pas ces exemples pour donner un peu de fierté à nos enfants et leur montrer que ce qu’ont appelle développement doit être endogène et autocentré ?
Notre éducation se devrait être là ! Les opportunités sont autour de nous et il s’agit de les identifier et les enseigner sans les aides étrangères envahissantes qui prônent des habitudes et attitudes uniformes dans toutes nos contrées africaines afin de nous maintenir dans la dépendance et la déshumanisation.
Nos gouvernants, comme au Bénin le savent surement ! qu’attendons-nous alors pour changer de série !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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