Créé en 1981, le CEG du Lac est situé dans le 6ème arrondissement de Cotonou au quartier Ahouansori. Aujourd’hui, cet établissement secondaire relevant du giron de l’Etat est fréquenté par près de 3.750 apprenants répartis dans 71 groupes pédagogiques. A l’instar de nombreux autres collèges, ce lieu du savoir est confronté à d’énormes difficultés dont le plus grand mal est la guerre de leadership entre l’administration et les habitants résidents dans l’école. Educ’Action a fait une descente dans ce collège pour prendre le pool de la situation. Reportage !
Un grand marécage touffu d’herbes situé à une vingtaine de mètres du portail du collège, protégé par une barrière de feuilles de tôles. L’accès à cet endroit reste impossible et très risqué pour tout usager qui voudrait s’y rendre. A côté de ce marécage, sont installées des vendeuses de nourritures prêtes à servir à manger aux élèves à la récréation. Plus loin, vers la fin de la clôture de l’établissement où se déroulent les activités sportives, se trouvent des dortoirs abritant des familles installées depuis bien des années. Ce sont les tout premiers constats faits par le journal Educ’Action, descendu au CEG du Lac dans l’après midi du lundi 20 janvier 2020, suite aux plaintes des usagers de cet établissement. Approché sur la question de l’installation de certaines familles dans l’enceinte du CEG, Justin Yaovi Sessou, directeur du CEG du Lac tente une réponse. « C’est la famille Hounga qui occupe un espace non moins important du collège. L’effectif de cette famille augmente considérablement et cela occasionne d’autres ménages de jour en jour. C’est un problème majeur dont nous souffrons depuis des années et auquel nous n’arrivons pas à trouver des solutions», a-t-il renseigné, impuissant. A en croire ce directeur préoccupé par la sécurité des élèves et des biens de l’établissement, ce phénomène trace le chemin aux bandits qui viennent souvent dérober les biens de l’établissement. Aussi empêche-t-il l’aménagement de l’espace réservé aux activités sportives. Des élèves pris sur les lieux se plaignent également des habitants de cette zone. C’est le cas de Merveil Tossè, élève en classe de 6ème, assis sur une table près de la clôture de la zone faite à base de vieilles feuilles de tôle. « Nous sommes menacés toutes les fois que nous prenons par là. Ils jettent de l’eau puante sur nous et tous nos ballons qui vont là-bas ne reviennent plus», déplore-t-il, le visage visiblement abattu. Outre cette situation qui préoccupe à plus d’un titre Justin Yaovi Sessou et tourne au ralenti les activités pédagogiques, cet établissement rencontre d’autres problèmes. « Nous avons notamment les problèmes de salles de classes, l’insuffisance de tables-bancs, le manque de laboratoires, d’infirmerie et une autre partie de l’établissement occupée par un grand marécage qui pourrait nécessiter beaucoup de moyens financiers avant d’être rendue exploitable», a expliqué le premier responsable du CEG. Face à ces nombreux problèmes, l’autorité donne de la voix pour espérer se faire entendre.
Des cris de cœur du directeur du CEG du Lac …
Pour se tirer d’affaire, Justin Yaovi Sessou, s’en remet aux autorités compétentes pouvant l’aider à trouver une solution aux multiples problèmes en l’occurrence déplacer la famille Hounga de l’école. « Notre grand souhait, c’est que les problèmes majeurs trouvent des solutions. Si l’Etat peut déjà nous aider à déguerpir la famille Hounga et résoudre le problème du marécage qui plombe la construction des infrastructures scolaires, ce serait un grand soulagement pour nous. Cela va nous permettre surtout d’avoir un terrain de sport qui respecte les normes », s’est-il exprimé au micro de Educ’Action. Il n’a pas également manqué de remercier l’autorité ministérielle pour avoir pourvu le CEG du Lac en nombre important d’enseignants.
La version des membres de la famille Hounga …
Approchée dans la matinée du vendredi 24 janvier 2020 pour avoir la version de la famille sur la situation actuelle de ce lieu de savoir, Elisabeth Hounga du haut de ses quatre vingt ans s’exprime en ces termes : «Nous n’avons pas encore de portail ni les limites de notre domaine. Quand les portails du collège sont fermés, les élèves en retard passent par ici pour regagner leurs classes. Les autorités nous demandent de quitter sans pour autant nous trouver où habiter. Ce sont nos pères qui ont donné les terres de l’établissement, de la maternité, du Centre de Promotion Sociale (CPS) et du Centre d’Eveil et de Stimulation de l’Enfance (CESE) qui nous entourent actuellement. Nos grands parents n’ont vendu aucune de ces parcelles en réalité, mais on ne cesse de nous déranger tous les jours». Pour Adjéwolé Hounga, la doyenne de la famille, ce sont des gestes que leurs parents ont fait pour participer à l’évolution du pays. Mais, se plaint-elle, ils veulent nous prendre tout et la situation s’est calmée après les démarches de Christophe Hounga, l’ancien chef d’arrondissement d’ex-Ahouansori. La mort de ce dernier, poursuit-elle, a empiré la situation. « J’ai tous les papiers de la maison avec moi. Toutes les démarches sont faites et nous n’avons pas peur », dira Alphonse Hounga, la soixantaine révolue pour témoigner de l’authenticité des papiers à sa disposition qui leur confèrent tous les droits de s’installer et de résider sur le domaine qui abrite également le CEG du Lac.