La composante Encadrement et Animation pédagogique du Projet d’Appui à l’Enseignement Secondaire au Bénin (PAESB), financé par l’Agence Française de Développement (AFD), a apporté des réponses aux problèmes d’encadrement pédagogique dans les collèges du Bénin. Une réforme dont la réussite fera date dans l’histoire du système éducatif béninois.
Améliorer et renforcer les conditions d’enseignement, d’encadrement pédagogique et de qualification de l’enseignant. Ce sont, entre autres, les tâches assignées au sous-secteur de l’enseignement secondaire par le Plan Décennal du Développement du Secteur de l’Education (PDDSE). Ces mêmes préoccupations occupent une place de choix dans les documents de réforme de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle depuis 2001. C’est donc tout naturellement que le PAESB les a inscrites au rang des priorités dans sa mise en œuvre, car le nombre insuffisant d’inspecteurs et l’absence de toutes les disciplines dans les pools ne facilitaient ni un suivi rapproché ni un suivi qualitatif producteur de bonnes performances. C’est dire que l’encadrement pédagogique avant l’arrivée du PAESB présentait bien des insuffisances qui impactaient négativement les résultats scolaires, selon les témoignages de Slassifi Dramane, directeur départemental des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle de la Donga. « Avant l’arrivée du REAP, l’inspection pédagogique n’était pas si bien structurée. C’est vrai qu’un Animateur d’Etablissement (AE) était désigné, mais il n’était pas accompagné, comparativement à ce qui se passe avec la redynamisation du Réseau d’Encadrement et d’Animation Pédagogique (REAP) », a-t-il avoué avant de reconnaître que : « l’enseignant en situation de classe, ne pensait pas que, prendre part aux animations pédagogiques était l’une des prérogatives qui lui étaient assignées. Ce qui est la cause du système d’évaluation au rabais avec comme pour conséquences, le passage des élèves d’année en année sans niveau et le faible taux de réussite que nous enregistrions aux examens nationaux. »
De 2016 à 2021, sous la supervision bienveillante de l’équipe dirigeante du PAESB, cette situation a été corrigée avec l’arrivée du REAP. Des enseignants ont été non seulement suivis et accompagnés, mais aussi et surtout inspectés au regard des apprentissages et des acquis des apprenants. « Avec l’arrivée du PAESB, il y a eu ce qu’on appelle la redynamisation du Réseau d’Encadrement et d’Animation Pédagogique (REAP). L’Animateur d’Etablissement (AE) est véritablement pris en charge par les conseillers pédagogiques et les inspecteurs de pool. », déclare, sourires aux lèvres, le DDESFTP-Donga, Slassifi Dramane en remerciant le PAESB pour ses prouesses. Pour Bertin Toliton, Inspecteur Général Pédagogique du Ministère des Enseignements Secondaire Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), « Le Réseau d’Encadrement et d’Animation Pédagogique qui est né sur les cendres de l’ancien RAP (Réseau d’Animation Pédagogique), est une restructuration du réseau avec des outils protocoles pour l’encadrement et l’accompagnement des enseignants sur le terrain. La structuration du réseau est présentée de manière à ce que la chaîne de recevabilité du niveau national, au niveau local soit perceptible clairement : chaque acteur, ses missions, ses outils et ses attitudes ». Vrai ! s’exclame Slassifi Dramane, le DDESTFP-Donga qui avoue qu’« aujourd’hui, la chaîne de veille depuis le niveau central jusqu’au niveau local en passant par le niveau départemental est tellement huilée que les directives qui sont données depuis le niveau central sont suivies. Cela permet une exécution rigoureuse, efficace et efficiente des programmes d’études dans nos classes. »
Dans l’élan de ce changement de paradigme et de modernisation du Réseau d’Encadrement et d’Animation Pédagogique (REAP), plusieurs activités inscrites comme priorités par le PAESB ont généré plusieurs actions sur le terrain avec d’élogieux résultats. Pour preuve, la réalisation systémique du triptyque inspection-animation-remédiation a permis d’améliorer les pratiques pédagogiques au niveau des enseignants et encadreurs, et de booster la qualité des apprentissages.
Contribution à l’amélioration des pratiques pédagogiques
Les principales actions menées dans le cadre du REAP ont amélioré l’état des lieux du RAP qui a mis en exergue les faiblesses dans le fonctionnement des bassins pédagogiques et fourni des orientations pour leur opérationnalisation, la conceptualisation d’un réseau pédagogique adapté et de proximité et la restructuration du réseau d’encadrement pédagogique. A cela s’ajoute, la dynamisation des Inspections Pédagogiques Déléguées (IPD), une action majeure accomplie en lien avec la mise en œuvre de la réforme intitulée « Déconcentration et décentralisation de l’Inspection pédagogique » avec des ressources mises à disposition pour assurer le suivi de proximité des enseignants et des équipes de direction des établissements d’une part et d’autre part, le renforcement de la collaboration entre la Direction départementale (DDESTFP) et l’IPD. Ceci, pour le travail synergique nécessaire à la mise en œuvre du REAP avec une plus grande responsabilisation de l’Inspection sur le contrôle de qualité de la Vie scolaire.
L’amélioration des performances des enseignants lors des activités pédagogiques n’est plus à démontrer au regard de la nouvelle structuration du réseau, à en croire les propos de Philipe Kakpo, inspecteur de l’enseignement secondaire à la retraite : « …le PAESB a pu financer la formation de 50 inspecteurs qu’on vient de mettre à la disposition de la DIPIQ. Du point de vue conception des activités, suivi des enseignants sur le terrain, collecte des données statistiques, je crois que ça fait beaucoup et c’est très important ce que le PAESB est en train de faire », a-t-il confié avant de poursuivre que : « c’est difficilement qu’on allait une ou deux fois dans un département, mais aujourd’hui, il y a même des formations de proximité au suivi parce qu’il y a des démembrements de la DIPIQ. Les IPD sur le terrain travaillent de façon permanente. Les enseignants sont mieux suivis ». Sarre Nahini, directeur départemental des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle de l’Atacora ne dira d’ailleurs pas le contraire : « le REAP a permis, d’abord, de créer au niveau de notre département, un pool des inspecteurs même si toutes les disciplines n’y sont pas représentées. A la tête de chaque pool, il y a un inspecteur pédagogique délégué qui coordonne les activités dans le département. Avec le REAP, nous avons bénéficié de la formation des conseillers pédagogiques et des AE pour un suivi du marquage à la culotte pédagogique. »
Du même avis que Philipe Kakpo, Slassifi Dramane et Sarre Nahini, Espérance Noudehou, directrice départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle du Littoral apprécie la qualité du contrôle de suivi permanent des enseignants. Pour elle, « Le REAP fonctionne réellement parce que, de plus en plus, ce réseau nous permet d’être à côté de nos enseignants si je peux m’exprimer de façon terre à terre. Nous avons des inspections de proximité, nous nous rapprochons davantage de nos enseignants et nous les suivons, compte tenu de leurs difficultés et ce, avec les animateurs d’établissements, les conseillers pédagogiques et les inspecteurs des zones classées suivant la position de nos établissements », a-t-elle expliqué dans les détails avant de donner l’exemple de son département : « Au Littoral par exemple, j’ai Cotonou 1, Cotonou 2 et j’ai une équipe d’inspecteurs au sein de l’inspection pédagogique déléguée. Avec cette équipe, nous sommes à pied d’œuvre matin, midi et soir pour accompagner et suivre tous les jours ce qu’ils sont en train de faire ». Ces élogieux témoignages recensés viennent confirmer les résultats des actions menées par le REAP de 2016 à 2021.
En effet, de 2 566 en 2016, le nombre d’inspection d’enseignants en situation de classe est passé à 5 189 en 2021. 23 793 enseignants ont bénéficié des remédiations pédagogiques individuelles en 2021 contre 19 484 en 2016, soit un accroissement de 22,11%. Le nombre d’établissements inspectés est passé de 41 en 2016 à 86 en 2021. Par ailleurs, la décomposition géographique de l’encadrement pédagogique en bi-départements en 2016 est passée à des départements individualisés donnant lieu à 12 IPD elles-mêmes décomposées en 81 bassins pédagogiques symptomatiques du renforcement de la proximité de l’inspection vers les établissements. L’analyse de ces résultats, en lien avec les performances aux derniers examens de BEPC (taux de réussite 60,5% en 2021 contre 15,8% en 2016) et de baccalauréat (taux de 64,42% en 2021 contre 41,8% en 2016), montre à suffisance l’impact positif de la conception et de l’opérationnalisation du REAP ; puis des accompagnements de proximité dans les 81 bassins pédagogiques, grâce à la composante 2 du PAESB. Laquelle composante vise la redynamisation de la chaîne d’encadrement pédagogique avec en ligne de mire, l’amélioration des performances des enseignants.
Impacts de la nouvelle dynamique de l’encadrement pédagogique sur le développement du sous-secteur ESG
La dynamisation du REAP a eu un impact remarquable sur le développement du sous-secteur de l’ESG. Elle a permis, entres autres, la systématisation et l’automatisation de la reddition tant pour les inspecteurs, les conseillers pédagogiques ainsi que pour les personnels de direction des établissements. Ceci, dans la perspective de la gestion axée sur les résultats en ce qui concerne à la fois, l’utilisation des ressources humaines, les performances des apprenants, l’élaboration et la vulgarisation des outils de travail et de reddition de compte. A titre illustratif, renseigne Philipe Kakpo, inspecteur de l’enseignement secondaire à la retraite : « En matière de suivi des enseignants, il y a la formation continue qui est quelque chose de très important pour tous les enseignants. On a beau avoir été formé à l’université, avoir été formé dans les écoles normales supérieures, la formation continue, c’est quelque chose d’important parce que les enseignants sont au contact des programmes et il faut qu’ils réagissent, il faut qu’ils s’approprient le contenu de ces programmes, qu’ils s’approprient les documents et guides qui sont élaborés pour accompagner ces programmes ». Il poursuit par ailleurs dans ses envolées explicatives en mettant un point d’honneur sur l’impact positif du REAP dans le cadre du suivi des enseignants. « Dans le cadre du suivi, les inspecteurs sont là pour observer comment les enseignants se battent et réagissent pour les remettre, en cas de besoin, sur la bonne voie. Les prestations des enseignants surtout pour ceux qui sont prêts à travailler, vont nécessairement s’améliorer. Progressivement, on va voir les résultats », a souligné l’inspecteur à la retraite. Entre autres impacts positifs du REAP sur l’Enseignement Secondaire Général, l’amélioration du rendement des acteurs du REAP en particulier les enseignants, les AE, les CP et les inspecteurs relativement à leurs cahiers de charges du fait des actions de renforcement des capacités, n’est pas à négliger. A cet effet, renchérit Bertin Toliton, Inspecteur Général Pédagogique du Ministère des Enseignements Secondaire Technique et de la Formation Professionnelle « l’enseignement technique et la formation professionnelle sont un paquet important. Surtout au niveau de la stratégie de relance de l’enseignement technique et professionnel, l’accent est mis sur l’accompagnement. Les inspecteurs, les conseillers pédagogiques, les animateurs d’établissement sont à pied d’œuvre tous les jours du fait de l’imputabilité par les lettres de mission, les cahiers de charge, les contrats de performance, les contrats d’objectif ». Très enthousiaste et émerveillée, Espérance Noudehou, Inspecteur des Enseignements Technique et de la Formation professionnelle et actuelle Directrice Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle du Littoral pense, pour sa part, qu’« il y a une nette amélioration avec le REAP. Au niveau du corps de contrôle, il faut mettre le doigt justement au niveau de l’inspection. Il y a les conseillers pédagogiques, les Animateurs d’Etablissement et l’inspection. Maintenant, il faut dire que nous avons beaucoup d’inspecteurs et nous souhaitons en avoir plus parce que ce corps de contrôle est important pour que le REAP fonctionne comme il se doit ». Outre, l’amélioration de la réussite des apprenants, les performances au BEPC et au baccalauréat renseignent davantage sur les impacts positifs du REAP. Satisfait, Philipe Kakpo, inspecteur de l’enseignement secondaire à la retraite apprécie : « C’est déjà bon les résultats qu’on voit parce que pour le BEPC, les résultats sont améliorés et le BAC aussi. Mais on ne peut pas dire que tous ces résultats sont étrangers à l’intervention ou bien au fond que le PAESB est déjà en train d’investir, de concentrer au niveau du ministère pour suivre le système éducatif. » Pour Bertin Toliton, « ce qui est apparent, ce sont les résultats d’abord au niveau de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Au niveau de la somme en général, ce qui est beaucoup plus visible, c’est le BEPC et le Baccalauréat. Mais il y a beaucoup d’autres examens techniques de la formation professionnelle qui sont très visibles et le REAP embrasse tous ces domaines qui participent à l’accompagnement de proximité dans l’accompagnement efficace. »
Les actions induites par la mise en œuvre du REAP n’ont été possibles que grâce à la contribution active de plusieurs acteurs qui interagissent avec une complémentarité technique et une coordination efficiente de l’Inspecteur général pédagogique avec la complicité active des cadres du Ministre des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ), l’Institut National d’Ingénierie de Formation et de Renforcement des Capacités des Formateurs (INIFRCF). L’Ecole de Formation des Personnels d’Encadrement de l’Education Nationale (EFPEEN), l’AFD, France Education International (ex CIEP), les inspecteurs, les conseillers pédagogiques, les personnels de direction des établissements (notamment les directeurs / proviseurs repositionnés comme acteurs centraux du REAP), les animateurs d’établissement et les enseignants mobilisés ne sont pas du reste.
Avec le suivi pédagogique rapproché, l’encadrement pédagogique de proximité et l’animation pédagogique qualitative, les lignes de l’encadrement et de l’animation pédagogique bougent désormais, les résultats scolaires s’améliorent d’année en année et le visage du sous-secteur du secondaire change.
La Rédaction