A un mois du premier spectacle de la tournée nationale de cirque initiée par l’Association Ecole de Cirque Nu Dagbé, avec l’appui financier de Culture at Work Africa et la Fondation Camaro d’Allemagne, les séances de répétitions se multiplient. Les jeunes garçons doués performent, de jour en jour, pour offrir aux publics des villes à traverser, du 27 février au 30 mars 2020, des spectacles de qualité. Reportage !
A l’autre bout de la ville de Cotonou, ‘’Godomey-gare’’, ce vendredi 24 janvier 2020, des garçons dévoués et passionnés de l’association Nu Dagbé, déploient leurs technicités et talents pour affiner leurs performances artistiques dans l’art du cirque. Cet effort de surpassement des jeunes gens a bien un mobile : la préparation de la tournée nationale de cirque dont l’entame est prévue pour le 27 février. En décor et costume pour le spectacle avec de larges sourires, la sueur dégoulinant sur leurs fronts et tous leurs corps athlétiques, ils développent plusieurs disciplines de cirque sous la direction d’un de leurs encadreurs, Nidal Amoussouvi, lui-même circassien. Vêtu d’un Tee-shirt blanc sur une culotte noire, un garçon porte avec ses bras musclés trois (03) de ses coéquipiers. Ce tableau artistique, il le reprend, cette fois-ci, avec cinq (05) autres devant un public admiratif et médusé. « Fantastique petit ! », exclame dans le public un quinquagénaire, habitant du quartier populeux. La passion gagne davantage les garçons de Nu Dagbé qui démultiplient leurs forces et énergie de jeunes artistes totalement enthousiastes. Un, deux, trois et plusieurs autres tableaux artistiques s’en sont suivis. Aux instructions de l’encadreur, les petites erreurs sont aussitôt revisitées et corrigées dans la perspective de concocter un spectacle, à la limite, irréprochable et palpitant. Des roulades s’enchaînent de part et d’autre. Des jeux de pyramide et de maniement astucieux de chapeaux focalisent, par ailleurs, les attentions. La jonglerie séduisante des anneaux et des balles, ainsi que les jeux de cerceaux merveilleusement réussis sont autant de disciplines de cirque présentées au public. « Nous sommes contents d’avoir donné du plaisir à ceux qui sont venus nous voir », déclarent ces ‘’artistes en herbe’’ du cirque. « Au début, les séances se déroulaient deux (02) fois par mois, de 9 heures à 17 heures. Cette année, les garçons sont en résidence tous les jours. En dehors des garçons qui travaillent au quotidien sauf les samedis et dimanches, d’autres garçons sont présents deux (02) fois par mois », a confié au Groupe de presse Educ’Action, l’encadreur Nidal Amoussouvi. A l’en croire, le travail n’est pas toujours aisé vu que les garçons « sont venus de la rue avec des éducations différentes. Certains développent des caprices que nous arrivons, avec le temps, à corriger tout doucement ». De l’avis de Karola Kipp-Manirafasha, secrétaire de l’association Nu Dagbé et coordonnatrice de la tournée nationale du cirque, « les garçons ont fait des progrès énormes et mieux, leur situation de vie a beaucoup changé. Ici, ils ont le petit-déjeuner le matin et à midi, ils préparent la nourriture eux-mêmes. Ils sont en sécurité dans la maison et s’entendent bien. Ils dorment comme des bébés et c’est vraiment impressionnant ; leur forme physique a aussi augmenté, ils ont pris quelques kilos, ils ont pris des muscles. Et donc, c’est le grand changement comparativement à ce qu’ils vivaient.»
Impliquée à l’origine dans la création de l’Association Nu Dagbé et la mise en place du projet en 2011, Paula Anke de la Fondation Camaro vient de boucler trois (03) semaines de mission aux côtés des garçons de l’école. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner en Allemagne, Paula se confie : « Il y a eu énormément de progrès d’après tout ce que j’ai vu durant mon séjour. Les garçons n’ont pas le souci de leur survie au quotidien. Leur motivation est également au top et, de jour en jour, ils se sont améliorés et la résidence est une très bonne chose pour la suite ».
Dirigée par Rama-Yao Koudoro, acteur de la protection sociale, l’Association Ecole de cirque Nu Dagbé entend redonner une seconde chance de réinsertion sociale et la joie de vivre à ces jeunes sortis des rues et antérieurement en situation difficile. Avec Nu Dagbé, ils pourront s’exercer à travers l’art du cirque. La tournée nationale de cirque de ces garçons via une dizaine de dates dans plusieurs villes du Bénin, sera décisive pour l’avenir de ces garçons courageux.