Éduquer le caractère : l’arme ultime ! - Journal Educ'Action

Éduquer le caractère : l’arme ultime !

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Cette nouvelle chronique revient sur l’éducation du caractère et propose quelques pistes pour étoffer son contenu. Héraclite, le philosophe antique, l’avait souligné : « le caractère, c’est la destinée ». Le caractère nous définit, nous marque, nous donne une empreinte ! Une question essentielle va nous interpeller : comment forger et fonder le caractère de la nouvelle génération afin qu’elle puisse d’abord cesser d’être la spectatrice passive de l’histoire, puis promouvoir l’action sur son milieu ?
Notre système éducatif doit faire une pause et se poser cette question clé, qui va en appeler d’autres et définir nos programmes. C’est peut-être cela qu’on appelle identifier « le socle commun de compétences ». En même temps, il ne s’agit pas d’aller recopier des documents et manuels existants, mais de chercher à produire une réflexion féconde en s’inspirant notamment de l’expérience de plusieurs pays anglophones d’Afrique comme le Ghana, le Botswana, etc. et en les améliorant. Nous n’avons pas besoin d’assistance, ni de subsides extérieurs pour cela car « la main qui donne ordonne ». Nos cadres sont compétents et il s’agit de les fédérer pour construire ces réflexions.
Nos enfants dans nos écoles ont besoin d’une nouvelle éducation qui ose et qui leur parle ! En parallèle, il faut réinventer l’implication active de la famille dans l’éducation car elle seule sait intégrer les repères culturels. Il y a donc ici deux axes qui nous interpellent pour forger l’identité de l’enfant ou l’adolescent qui doit avoir des réponses claires à ses interrogations existentielles. L’axe de l’école et celui de la famille qui doivent alors se partager le rôle de donner un sens à son questionnement : qui suis-je ?
La réponse à cette question passe par une alchimie entre l’école et la famille pour arriver à intégrer dans cet être pluridimensionnel en formation, la discipline personnelle, l’estime de soi à travers une habitude de l’effort grâce à l’apprentissage de la réflexion pour forger le libre-arbitre.
Il s’agit de créer une conscience et une fierté. Il faut écarter la mauvaise conscience inculquée à leurs parents à qui on a fait comprendre que leurs peuples sans histoire ont fondé des cultures de la paresse, des danses barbares, des charlatans et sorciers, qui n’ont jamais rien inventé ! Ces enfants de type nouveau doivent cesser de s’attarder sur les falsifications de l’histoire africaine, les victimisations et toutes les sortes d’idéologies qui diminuent leur être et leur environnement. Il s’agira d’en finir avec des programmes mal conçus voire pathogènes comme en Géographie où des pédagogues osent écrire « étude d’un pays à économie dominée ». Passe qu’on dise à « économie pillée ». Mais dominée ! Quelle estime de soi voulez-vous inculquer à l’enfant ? Cette discipline n’est pas la seule. Toutes les disciplines enseignent ce qui concerne l’enfant et son environnement comme des éléments subsidiaires alors que l’Approche par Compétences dont il s’agit, devrait permettre à l’apprenant de comprendre son milieu pour le transformer.
Un autre élément essentiel doit être central dans la formation de l’enfant : son rapport à la sexualité. Les différentes religions nous ont donné des repères qu’il faut améliorer et dépasser si nous voulons former des générations conscientes et décomplexées. Il s’agira de leur donner des armes et l’arme principale, c’est le savoir. En cela, je rejoins MANDELA qui soulignait que « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. » Ce savoir devrait se concevoir comme un savoir-être, un savoir-aimer (ou savoir-vivre) et un savoir-faire.
Comment combiner ces éléments qui vont forger l’enfant ? Lorsqu’on veut s’attacher à donner un contenu au savoir-être, il sera important que l’enfant acquière l’estime de soi et une discipline qu’on lui apprendra à travers la véritable connaissance de son être. C’est ici qu’intervient l’éducation sexuelle comprise d’abord comme la découverte de son intégrité physique et de son autonomie. L’enfant doit être convaincu que son corps lui appartient et à lui seul par-delà les soins des parents ; il doit apprendre à l’entretenir en termes d’hygiène par exemple (confer les menstrues chez les filles) ; de comprendre l’utilité des parties intimes. Personne ne peut et ne doit le forcer à des actes que sa conscience n’accepte pas ! Les parents, ensemble, doivent lentement et au fil du temps lui apprendre les règles du permis et du défendu. A cela, devrait s’ajouter l’éducation de l’école ou, à défaut du conseiller d’orientation nécessaire, on travaillera sur des jeux de rôle qui leur permettront de s’exprimer et d’expulser les frustrations diverses, notamment de la maison où le dialogue parents-enfants est difficile sinon inexistant.
Le savoir-vivre ou savoir-aimer s’exprimera en termes d’assimilation des principes essentiels du vivre ensemble et une réelle dévotion à son pays qui est sa patrie. Chaque enfant doit être fier d’être Béninois et le revendiquer et s’identifier fortement. Car la foi en la patrie et pour d’autres en Dieu est un puissant ferment de réussite. Le savoir-faire, c’est la compétence à acquérir grâce à la capacité d’apprendre à penser son environnement et s’ouvrir au fur et à mesure au monde et à la mondialisation.
Le chemin semble long mais il faudrait se décider à l’emprunter. Donnons à nos enfants la possibilité de faire face, sans complexe et sans crainte, à ce nouveau monde qui nous échappe mais qu’ils ont encore le temps de maîtriser !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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