Le Discours sur l’éducation de notre Président inspire énormément. Il pourrait permettre d’écrire un livre tout entier sur les différents aspects du diagnostic avant de focaliser les esprits sur la solution centrale de l’EFTP et son raccordement à la promotion de l’éducation globale.
Je me dis qu’au lieu de décortiquer les différents aspects du diagnostic et clarifier les solutions qui y sont liées ; ce qui nous amènerait à plusieurs chroniques reprenant certaines choses qui sont dans nos documents de planification élaborés par des personnes compétentes, il serait plus utile d’identifier la logique qui nous mènera à avoir une appréciation générale de comment faire pour que notre éducation devienne une éducation de développement, alliant compétence et qualité pour former des enfants prêts à produire de la richesse.
Ce que nous souhaitons entreprendre s’apparente à cette approche du bon clinicien qui cherche à guérir le mal et non les symptômes. Ainsi, face au patient qui a la fièvre, des maux de ventre et qui vomit, l’entourage s’empresse de lui donner des médicaments pour chacun des symptômes au lieu d’aller à la racine du mal en dépassant les palliatifs et retrouver ce qui fait véritablement problème.
Ainsi, ce dont il s’agit pour nous, c’est de regarder nos différentes préoccupations identifiées dans le discours : ce sont notamment la gouvernance, le besoin d’infrastructures, d’enseignants et de qualité. Lorsque je prends l’un des exemples les plus préoccupants à savoir les enseignants, tout le monde est d’accord qu’il s’agira nécessairement d’arriver à une meilleure gestion en termes d’allocation de ces ressources humaines pour avoir des enseignants de qualité en classe. On comprend d’ailleurs pourquoi, il y a eu ce projet louable d’évaluation qui n’a pas comblé toutes les attentes.
En réalité, il s’agit d’examiner comment parvenir à obtenir un besoin d’enseignants réduit et de qualité. Pour cela, la véritable solution se retrouve dans une révision systématique de nos curricula axés sur la mémorisation pour des curricula allégés basés sur la compétence et le savoir-faire. L’élevage que nous faisons de nos enfants, les gavant de savoirs inutiles et surannés sur les guerres mondiales au détriment de notre histoire ; sur les littératures et pensées loin de nos valeurs et de l’action, doit être remplacé par la promotion d’un savoir-faire qui valorise nos coutumes et nourrit leur intelligence.
Autour de nous et ailleurs notamment dans les pays anglophones, les programmes sont allégés et donnent la chance à l’élève de réfléchir. Ici, dans la plupart des écoles et collèges, c’est la course contre la montre, à l’administration de l’ensemble du sacro-saint programme ! Et le reste du temps, les répétiteurs, les travaux dirigés n’ont d’autre but que de retenir des formules. Sinon comment comprendre que les enfants béninois ont, pour la plupart, cours de 7h du matin à 19h et reviennent à la maison à 20h alors qu’attend déjà un répétiteur. Les cours sont d’ailleurs orientés de telle façon que ce soit les répétiteurs qui fassent les exercices et les clarifications.
Il s’agira de révolutionner nos curricula en retenant le nécessaire et faisant une coupe sombre dans le superflu ; en ajoutant les éléments qui développent la pensée et l’orientent vers le savoir-faire, c’est-à-dire les éléments entrant dans le cadre de l’EFTP. Vous verrez qu’avec des programmes digestes, nous aurions besoin de moins de temps superflus d’enseignement et moins d’enseignants ! Donnez l’opportunité à des spécialistes de faire des visites d’échanges d’expériences surtout dans les pays anglophones ; de comparer les curricula de plusieurs pays, d’innover et surtout d’apprécier les types et techniques d’évaluation qui sont plus variés et ne réduisent pas l’enfant à une machine à mémoriser. La mise en place de ces nouvelles approches doit briser les barrières : personne n’aura le monopole de la Maternelle au Supérieur parce que les compétences doivent être transversales. L’école d’élaboration du savoir et de la formation doit être unique : le conseiller pédagogique de la Maternelle participera aux côtés des professeurs d’universités. Chacun jouera sa partition au sein d’un système unique et unifié.
Cette approche globale ou intégrée aura pour objectif de dépoussiérer le système et d’enrichir l’éducation avec de nouveaux pôles du savoir afin d’allier les connaissances et les compétences dès le Primaire. Lorsqu’on évoque ces choses, beaucoup de cadres, pourtant compétents, englués dans le quotidien, attendent. Chacun préfère défendre son pré carré et sa zone de confort. En même temps, il faut l’avouer : toute révolution qui induit trop de changements inquiète ! Mais je suis convaincu : nous avions les compétences. Avec une gouvernance apaisée et constructive qui motive surtout les cadres béninois, nous y arriverons !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe