Les organisations membres de la Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education pour Tous (CBO-EPT) ont tenu, du mardi 12 avril au jeudi 14 avril 2022, à l’Hôtel Fifatin à Bohicon un atelier d’échanges. Il s’agit d’un renforcement de leurs capacités pour la défense d’une éducation de qualité avec une volonté émancipatrice qui génère une transformation sociale en Afrique et au Pays Basque. Cette activité est organisée sous cofinancement du Programme EOL/OC1-2 au Bénin, sous la dénomination ‘’Projet d’Appui au Renforcement de l’influence de la Société Civile (PARISC-phase2) pour une éducation de Base inclusive et de qualité pour Tous et la Fondation Educo. Autre soutien financier de cet atelier, l’Agence Basque de Coopération au Développement (AVCD), en partenariat avec ANCEFA sur le projet : contribuer à l’éducation pour la transformation sociale au niveau local et global (EpTS) de la Campagne Mondiale pour l’Education.
L’atelier a duré trois (03) jours à la salle de réunion de l’Hôtel Fifatin à Bohicon. Ce sont les Organisations de la Société Civile, actives dans le secteur de l’éducation qui ont pris part à cette rencontre d’échanges. Objectif, s’approprier le concept d’éducation émancipatrice d’une part, et d’autre part, promouvoir l’activisme local et le plaidoyer pour une éducation émancipatrice. En effet, le projet « Campagne Mondiale pour l’Education » est le fruit de « l’éducation émancipatrice, le propre de trois (03) coalitions nationales africaines que sont le Bénin, le Burkina-Faso et le Sénégal. « L’une des clés de la refondation de l’école en Afrique pourrait être de lui faire jouer un rôle plus important dans l’émancipation des femmes et des hommes, à travers notamment la promotion d’une éducation émancipatrice, capable d’ouvrir vers un paradigme qui transforme la vie des enfants et des jeunes, de réfléchir aux dysfonctionnements », a dit Carine Agossou épouse Alihonou, coordonnatrice des programmes à Educo Bénin. Quant à Thomas Kossi Cakpo, président du conseil d’administration de la CBO-EPT : « Tout en permettant à l’individu de s’ouvrir sur le monde, l’éducation en Afrique doit également prendre en compte nos valeurs traditionnelles les plus bénéfiques. Les héritages de l’histoire africaine continuent à peser sur le genre d’éducation que nous recevons, sur les concepts utilisés qui ne nous permettent pas de nous libérer. »
Rappelant, à son tour, l’importance d’une éducation émancipatrice, l’inspecteur Rock Ahokpossi, directeur de l’Inspection et de l’Innovation Pédagogique du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP) lâche : « L’éducation émancipatrice, un concept que nous allons mettre en partage ou côtoyer durant cet atelier, est une éducation qui développe les savoirs et les capacités des personnes leur permettant de se libérer d’une autorité, d’une domination ou d’un pouvoir ». Pour ce faire, il a déclaré ouvert l’atelier de formation.
Aperçu sur les communications…
Au cours des échanges, Roméo Ayéna a été le facilitateur. Il est chargé de mission, secteurs sociaux à l’Agence Française de Développement (AFD). Dans son intervention, il a présenté, avec le concours des participants, des communications comme : « Définition et enjeux de l’éducation émancipatrice en Afrique et au Bénin » ; « Les six dimensions de l’éducation émancipatrice » ; « Quelques cas pratiques d’éducation émancipatrice en Afrique et au Bénin ». Il déclare en effet :« L’éducation émancipatrice regorge plusieurs enjeux. Ce qu’il est nécessaire de retenir, c’est que cette éducation promeuve essentiellement la libération du potentiel de l’apprenant qui est déjà au cœur de l’apprentissage selon notre programme». Saluant l’interactivité des participants durant l’atelier, Roméo Ayéna précise que : « L’éducation émancipatrice va permettre la valorisation des savoirs endogènes, rattacher à ces savoirs toutes les richesses des connaissances d’ailleurs dans le contexte de mondialisation et de globalisation. Mais l’on se rend compte que dans les systèmes éducatifs au Bénin, en Afrique globalement, le système éducatif oublie de construire les savoirs sur ce qui est le propre de l’identité des communautés et des pays ».
Communication interactive, travaux de groupe, brainstormings sont les moment forts qui ont meublé cette séance de réflexion sur le concept en débat. Après les différentes activités citées plus haut, les participants ont présenté le plan d’actions et formulé des recommandations au niveau national et local. Educo Bénin ; FAWE, RéNOPAL ; SYNAEM-Bénin ; FENAPEEB ; RACINES ; RADEB pour ne citer que celles-là, sont les organisations représentatives à cet atelier d’échanges. Lequel atelier est le fruit d’un partenariat entre Africa Network Campaign on Education For All (ANCEFA) et la Fondation Educo et sur financement de l’Agence Basque de Coopération au Développement (AVCD).
Impressions de quelques participants
Bernice Laurette Soualy, coordonnatrice du Réseau des Acteurs de Développement de l’Education au Bénin (RADEB)
«Je trouve que c’est un concept innovant en ce sens qu’il y a tellement de valeurs à développer. Il est important de développer les valeurs comme l’autonomie. Il faut que les élèves développement l’autonomie, l’esprit de l’entreprenariat. Il faut que les valeurs citoyennes soient de plus en plus prises au sérieux. »
Pierre Mouyoré N’tcha, président du comité départemental de la CBO-EPT de l’Atacora-Donga
«L’éducation émancipatrice, c’est celle-là qui nous libère de tout problème autour de la colonisation. Il faut reconnaître que la colonisation nous a fait assez de mal. Certes, il y a des bienfaits liés à la manière de raisonner mais cela nous a détournés. L’éducation émancipatrice veut nous réorienter sur le bon chemin en tenant compte de son environnement direct et de son niveau de développement.
Marie Reine Amoussou, secrétaire général du Forum for African Women (FAWE)
«L’éducation émancipatrice » n’est pas un concept aussi nouveau que ça. Elle se passe déjà au Bénin mais ce que j’ai compris, il faut le formaliser. Avec « l’éducation émancipatrice », la nouveauté, c’est que les enfants pourront avoir l’occasion d’extérioriser leurs potentielles. Ainsi, ils pourront les mettre au développement du pays. »
Louis Enini Tinhungougoui, président de la fédération départementale des Associations des Parents d’élèves du Couffo
«Nous nous sommes réunis pour réfléchir sur « l’éducation émancipatrice ». Il n’est pas rare de constater aujourd’hui que dans le système éducatif, il y a des choses à changer. En cela, avec les analyses, nous avons vu que « l’éducation émancipatrice » est d’une importance capitale. Elle va libérer les apprenants et même tous les acteurs de l’école pour un développement en arrimage avec nos réalités. »