Comme chaque année, les filles et femmes scientifiques ont été une fois encore célébrées dans le monde entier, le 11 février 2023. Pour l’édition 2023 de cette journée décrétée par l’Assemblée générale des Nations Unies, les filles des séries scientifiques des collèges se sont exprimées au micro de Educ’Action. Ceci, dans le but de partager leur secret pour mieux évoluer dans ces séries scientifiques d’une part et de susciter, d’autre part, des vocations dans le rang de leurs sœurs encore au premier cycle.
Ornella Dossou-Agbotin, élève en classe de Terminale C
« J’ai fait en sorte de démystifier l’idée selon laquelle les séries scientifiques sont compliquées »
«Au départ, j’ai d’abord choisi la série littéraire. Mais après avoir repris la classe de 3e, j’ai découvert une passion pour les mathématiques et les sciences physique-chimie. J’ai donc choisi de faire la série C, car c’est devenu mon objectif depuis la 3e. J’ai connu des échecs, mais avec l’aide de mes parents, je suis parvenue à franchir les étapes jusqu’en classe de Terminale C. Désormais, c’est la physique qui m’intéresse parce que j’envisage m’investir dans tout ce qui touche à la mécanique. Pour réussir en C, j’ai fait en sorte de démystifier l’idée selon laquelle les séries scientifiques sont compliquées, j’ai enlevé de ma tête que les matières scientifiques sont réservées à une certaine catégorie de personne et que c’est difficile. Je dirai à mes sœurs qu’il faut se mettre dans la tête que c’est une série comme les autres. Il faut juste suivre le professeur en classe, connaître les techniques, les astuces pour aborder les sujets, s’entraîner à travers les exercices qui permettent de mieux comprendre les notions clés. Il faut faire des recherches, aller à la bibliothèque très souvent et échanger entre camarades ; s’organiser de façon à ce qu’on ne puisse pas seulement travailler dans les matières scientifiques, mais travailler aussi dans toutes les matières. Généralement, les élèves pensent qu’il faut seulement travailler dans les matières fondamentales, principales. Non, il faut travailler dans les matières fondamentales et dans les matières secondaires. Tout ça contribue à notre évolution. En tant que devancière en la matière, je leur conseille d’oublier d’abord ce que les gens disent des séries scientifiques. Il faut se mettre à la tâche soi-même, affronter ses peurs, détruire les barrières. Il faut essayer d’aborder tout, d’avoir un niveau moyen dans toutes les matières, de s’exercer, de faire des recherches, de lire les cours et suivre le professeur. L’avantage que j’ai tiré et dont je suis fière, c’est que la série scientifique m’a procuré comme caractère: affronter l’adversité. Parce qu’on est habitué à affronter des situations, on est plus apte à lutter dans la vie. Au fur et à mesure qu’on aborde les situations difficiles en classes, on finit par comprendre que rien n’est difficile. Il y a donc le courage en nous. L’intelligence et les autres choses sont secondaires, tout le monde en a, jusqu’il faut savoir développer soi-même son intelligence. »
Rose Sodjihoun, élève en classe de 1re C
« Il y a plus d’opportunités dans les séries scientifiques que dans celles littéraires qui sont à mon avis limitées »
«Quand j’étais au premier cycle, mes frères disaient que la série C n’est pas faite pour n’importe qui. Je me suis donc lancée le défi de faire comprendre à mes frères que je pourrai faire la série scientifique et m’en sortir. J’ai choisi la série scientifique parce que je suis arrivée à me convaincre qu’elle n’est pas difficile comme on nous le fait croire. J’ai compris qu’il fallait juste être courageuse et se donner les moyens pour y arriver. On dit souvent que « vouloir, c’est pouvoir ». Ainsi, si on le veut vraiment, on y arrive. Pour y arriver, il faut faire beaucoup de sacrifices, bien s’organiser, se réveiller tôt, faire chaque chose en son temps, ne pas mélanger le travail et les distractions. Il ne faut pas non plus négliger les matières littéraires parce qu’elles sauvent. Aussi faut-il reprendre tous les exercices qui sont faits en classe, mettre les matières scientifiques en priorité sans pour autant négliger les autres matières. L’autre défi que je me suis donnée, c’est d’être la première du Bénin au Bac. Je dirai à mes sœurs qu’il y a plus d’opportunités dans les séries scientifiques que dans celles littéraires qui sont à mon avis limitées. Mieux, les filles sont de plus en plus valorisées quand elles font les séries scientifiques. Donc qu’elles n’aient pas peur d’aller vers les séries scientifiques, de viser loin et de se donner des objectifs. »
Lydie Lowanou, élève en classe de 1re C
« La série scientifique, nous permet d’avoir de l’endurance, la persévérance, on développe beaucoup plus notre intelligence »
«La journée consacrée aux filles scientifiques est la preuve que nous sommes importantes, j’en suis très contente. Déjà avec ma vocation, je désirais faire la série scientifique, et après le BEPC, on m’a classée en 2nde C. Mes parents disaient que j’allais faire le transfert pour la D, mais je leur ai dit que c’est ce que je voulais. Je n’ai pas choisi la C à cause d’une quelconque carrière future, mais parce que je me vois plus à l’aise en travaillant les mathématiques et physique-chimie. Chaque fois, il faut s’exercer après que le professeur donne son cours, il faut reprendre les exercices faits en classe, aller dans les bibliothèques, anticiper sur les recherches pour mieux comprendre quand le professeur explique. Souvent, on dit que les maths sont difficiles, les PCT compliquées, le tout ensemble est un vrai défi. Mais je dirai à celles qui hésitent encore, de ne pas avoir peur de la série C, de détruire dans leur tête les préjugés qui les bloquent. Réussir dans ces séries revient à faire beaucoup d’exercices, des recherches, apprendre les théorèmes qui aident beaucoup ; s’accrocher aux matières littéraires. La série scientifique, nous permet d’avoir de l’endurance, la persévérance, on développe beaucoup plus notre intelligence. »
Abigaëlle Hinvi, élève en classe de Terminale C
« Elles font à priori peur et donnent parfois envie d’abandonner, mais ce n’est pas une série qui devrait effrayer »
«Quand j’étais en classe de 3e, je me débrouillais bien en mathématiques au point où tous les amis venaient pour que je les aide à comprendre. C’est ainsi que j’ai pris goût aux maths. C’est comme ça qu’après mon BEPC, j’ai été inscrite en série C. Puisque les matières littéraires sont déjà mes points forts, je m’exerce beaucoup dans les matières scientifiques. Cela ne veut pas dire que je les néglige, je m’y exerce aussi, mais surtout dans les matières scientifiques. Pour faire la série C, il ne s’agit pas d’être seulement bon dans les matières scientifiques, il faut l’être aussi dans les autres matières, parce qu’elles nous aident à nous rattraper quand il le faut. Même si parfois tout n’est pas facile, je ne me décourage pas. Je fais l’effort de suivre le cours en classes et d’être toujours au pas. À mes sœurs, je leur dirai de ne pas se fier à ce que les gens disent des matières scientifiques. C’est vrai qu’elles font à priori peur et donnent parfois envie d’abandonner, mais ce n’est pas une série qui devrait effrayer. Normalement, toutes les filles devraient faire cette série pour faire comprendre aux gens qu’elles peuvent y exceller. Les séries scientifiques nous donnent la chance de nous défendre, de bien raisonner. »
Makafui Dossou-Agbotin, élève en classe de 2nde C
« En série scientifique, il faut chercher à anticiper sur les cours pour pouvoir poser des questions une fois en classe »
«C’est ma passion qui m’a poussée à choisir les maths. Que ce soit la géométrie ou l’arithmétique, il faut avoir l’envie pour évoluer. En physique-chimie, c’est pareil. La chimie est beaucoup plus mathématique et il faut aimer la géométrie dans l’espace comme dans le plan pour faire la physique. Je ne sais pas encore ce que je ferai comme carrière, mais je sais au moins que j’aurai un doctorat en mathématiques. Je me donne comme défis de beaucoup m’exercer dans les matières scientifiques que ce soit les mathématiques, la physique-chimie et même les SVT. Il faut que mes sœurs comprennent que les matières scientifiques ne sont pas difficiles. Il faut d’abord qu’elles commencent à se dire que c’est facile et ensuite, essayer de faire tout pour écouter le professeur afin de comprendre le cours, poser des questions pour comprendre et aussi faire des exercices. Pas seulement les exercices donnés par le professeur, mais chercher soi-même des exercices pour mieux comprendre et évoluer. En série scientifique, il faut chercher à anticiper sur les cours pour pouvoir poser des questions une fois en classe. »
Océane Gbogbohoundada, élève en 2nde C
« Je ne savais pas qu’il y avait une journée pour les filles scientifiques, maintenant que je le sais, je vais faire davantage d’effort pour être bonne »
«Mon ambition est de faire la médecine et mon frère m’a fait comprendre qu’il faut forcément prendre par les sciences pour y arriver. Raison pour laquelle j’ai choisi la série C. Avec l’aide de mon frère et les livres qu’il m’achète, je me débrouille bien. Chaque jour, je m’exerce dans toutes les matières sans exception, j’essaie de toucher à tout. Pour le moment je n’ai pas trop de difficultés, sinon en anglais, et mon frère m’explique bien aussi quand il le faut. Je ne savais pas qu’il y avait une journée pour les filles scientifiques, maintenant que je le sais, je vais faire davantage d’effort pour être bonne. Je dis aux apprenants surtout aux filles, d’enlever de la tête, que les séries scientifiques sont difficiles ou que ce sont les gens ‘’callés’’ qui font les sciences, d’ignorer ce que les gens racontent sur les sciences, de bien suivre les cours, de bien s’appliquer. »
Chimène Gbaguidi, élève en classe de Terminale C
« Mais aujourd’hui, à y voir de près, ce sont les filières scientifiques qui paient le plus »
«Je pense que la Journée Internationale des Filles et Femmes Scientifiques a été décrétée pour valoriser celles qui ont décidé de faire les sciences et de promouvoir les séries scientifiques. J’en suis ravie. J’envisage la mathématique informatique comme carrière future. C’est ce qui m’a poussée à choisir la série C. Mon secret pour exceller dans les séries scientifiques, c’est de reprendre les exercices que les enseignants donnent et d’apprendre le cours au jour le jour. Je pense que c’est un peu faux quand on dit que les matières scientifiques sont difficiles. Le truc, c’est de rester juste attentif et de suivre ce que le professeur dit. La série scientifique nous permet de savoir faire des démonstrations. Depuis la 2nde C, on apprend déjà à faire des démonstrations mathématiques et en Terminale C, tous nos devoirs se basent sur les démonstrations. Donc, on sait démontrer. Si l’on sait démontrer en maths, ce n’est pas la philosophie qui va rendre malade. Je conseillerai à mes sœurs de réfléchir à leur carrière future et de choisir leur série en conséquence. Mais aujourd’hui, à y voir de près, ce sont les filières scientifiques qui paient le plus. Donc, elles devraient plus s’intéresser à ces séries parce qu’elles offrent plus d’opportunités. »
Pamela Gouhouédé, élève en classe de 2nde C
« Les maths sont complexes quand soi-même, on est convaincu qu’elles le sont »
«C’est ma première année en série C et j’ai remarqué que les choses sont un peu plus denses qu’en 3e. Je ne dirai pas que c’est compliqué, il faudra juste faire un peu plus d’effort. Déjà quand le professeur fait le cours en salle, il faut forcément le suivre pour mieux comprendre. Quand il y a des parties qui ne sont pas claires pour moi, je pose des questions à l’enseignant afin qu’il revienne sur certaines notions, ou arrivée à la maison, je reprends le cahier pour m’exercer. J’ai eu le temps de comprendre que lorsqu’on ne fait pas les exercices au fur et à mesure, on n’arrive pas à comprendre. Les exercices et les recherches permettent de bien comprendre ce que les enseignants donnent en classes et d’acquérir des notions qui n’ont pas forcément été faites en classe. Je suis venue en série C d’abord parce que les filles scientifiques sont de plus en plus valorisées au Bénin. Mise à part ça, il y a que j’ai un penchant pour les mathématiques. Pour moi, les maths sont comme un jeu. Dans un jeu, on dit, suivez les instructions et c’est ce que nous faisons aussi dans les maths. On apprend les formules et on les applique. Pour le moment, je n’ai pas encore une carrière envisagée pour le futur, mais je tiens quand même à avoir une mention très bien qui me donnera l’opportunité d’aller hors du pays pour mieux vivre de la science parce que j’entends aller loin dans ce domaine. Comme première chose à dire à mes sœurs, les maths sont complexes quand soi-même, on est convaincu qu’elles le sont. Alors, qu’elles n’écoutent pas ce que les gens disent, mais il faudrait qu’elles aient la bonne volonté, parce que sans la volonté, elles ne pourront pas y arriver. J’entends certaines filles dire qu’elles ne sont pas faites pour les maths. Personne n’est fait pour les maths, c’est en essayant qu’on se rend compte qu’on peut y arriver. C’est en tombant qu’on se relève mieux. Il faut qu’elles s’essaient sans écouter les rumeurs parce que rien n’est difficile pour qui le veut. »
Habigaële Sodjènou, élève en classe de Terminale C
« L’une des qualités que j’ai pu avoir en faisant la série C, c’est l’esprit d’analyse que j’ai développé »
«La série scientifique offre beaucoup d’opportunités pour les filières d’avenir. c’est la raison pour laquelle j’ai choisi la série C. En classe, la première chose que je fais, c’est de suivre les cours. Il est important de comprendre le cours. Ensuite, je reprends les exercices faits en classe. Je fais une programmation de mon temps en fonction de mes occupations, des exercices que j’ai à faire. Je m’intéresse à toutes les matières parce que ce n’est pas que les maths physiques qui font la série scientifique. Il faut donc aussi travailler dans les autres matières. La série C n’est pas une série si difficile comme tout le monde a l’habitude de le dire. Il faut juste faire ce qui doit être fait, à savoir, apprendre les cours, s’exercer, poser des questions de compréhension. L’une des qualités que j’ai pu avoir en faisant la série C, c’est l’esprit d’analyse que j’ai développé. Je ne dirai pas que ce sont les têtes ‘‘callées’’ qui font les séries scientifiques, mais plutôt les personnes conscientes qui savent ce qu’elles veulent devenir et qui sont dévouées, motivées pour réussir. »
Ignancia Lodonou, élève en classe de Terminale C
« Les femmes scientifiques sont importantes pour le développement du pays »
«Mon choix s’est porté sur la série C à cause de mon engouement pour les mathématiques et la physique. J’ai découvert mon amour pour les maths depuis les cours primaires. J’avoue qu’au primaire, je ne travaillais pas du tout en mathématiques et avec l’aide des parents et des répétiteurs qu’ils m’ont pris, j’ai commencé par voir les mathématiques autrement. C’est là que j’ai développé de l’amour pour ça. Les mathématiques, c’est connaître juste les propriétés et s’exercer au fur et à mesure. Je pense que ceux qui disent que les séries scientifiques sont difficiles ont d’une part raison parce que pour faire les maths et physiques, il faut les aimer, il faut avoir de la passion pour ça et ne pas se décourager même si on a de faibles notes ; continuer à travailler, à s’exercer, à demander, à chercher, à bien assimiler le cours. Et c’est justement ce que moi je fais. Pour convaincre une sœur à faire le choix d’une série scientifique, je lui dirai que les filles qui font ces séries sont de plus en plus valorisées de nos jours. En plus, il est important de ne pas se dire déjà au début qu’on n’aime pas les sciences, cela n’encourage pas. Les femmes scientifiques sont importantes pour le développement du pays. »
Réalisation : Estelle DJIGRI