Selon les prévisions des acteurs impliqués dans le processus de révision des manuels scolaires et cahiers d’activités du CI, les apprenants vont entrer en possession des matériels pédagogiques en janvier 2022. Sur cette base, votre journal Educ’Action a sillonné quelques écoles publiques et privées. Voici le constat !

« Aucun enfant du CI n’utilise les manuels avant le mois de janvier. Nous avons douze (12) semaines de communication orale que nous appelons la période d’immersion, et ces douze (12) semaines courent de maintenant jusqu’à décembre. Nous avons tablé sur cette période en lançant la commande à l’imprimerie. Les inspecteurs et les conseillers pédagogiques vont démultiplier les formations dans toutes les régions pédagogiques. Tous les enseignants doivent être formés et démarrer avec la période d’immersion avant d’entrer en possession des manuels ». Ce sont les propos de l’inspecteur Rock Ahokpossi, directeur de l’Inspection et de l’Innovation Pédagogique (IIP) du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP), joint au téléphone le lundi 20 septembre 2021. Cette affirmation renseigne, à suffisance, sur la période à laquelle les élèves vont entrer en possession des manuels scolaires révisés. Mieux, déjà en janvier, les écoles publiques et privées devront bénéficier des cahiers d’activités de français et de mathématiques, du décodable et du guide de l’enseignant pour le déroulement des séquences pédagogiques. Mais le constat fait dans les écoles, le vendredi 04 février 2022 est mitigé. « Nous avons reçu les manuels scolaires révisés mais ce n’est pas en nombre suffisant. Nous avons reçu les cahiers d’activité de mathématiques et de français. En mathématique, il nous manque au moins six (06) cahiers et en français au moins cinq (05) », fait savoir Michel Dossou-Agboti, instituteur de la classe de CI en service à l’EPP Cadjèhoun groupe/C. Brandissant les documents révisés mis à sa disposition, il revient sur le bien-fondé des manuels scolaires et cahiers d’activités révisés. « Ce n’est pas mal ce que nous faisons aujourd’hui. Nous allons directement à l’essentiel. Cela permet à l’enfant de vite comprendre parce qu’à travers la formation reçue, nos enfants tirent beaucoup de bénéfices. La lecture va beaucoup mieux parce que la répétition collective et individuelle permet aux enfants de mieux s’en sortir », a laissé entendre l’enseignant du CI.
L’équipe de reportage de Educ’Action a rallié l’Ecole Primaire Publique de Vodjè-sud pour le même exercice. C’est le calme dans cette école sise dans la région pédagogique numéro 28, cet après-midi du vendredi 04 février 2022. Les classes sont vides d’apprenants. Seulement, dans la salle de CE2, il y a quelques enseignants qui échangent sur différents sujets. L’objectif de leur présence est d’approfondir leurs acquis dans le cadre de l’Unité Pédagogique de ce jour. Ne voulant pas décliner son identité, l’un des enseignants informe que les manuels scolaires du CI leur sont parvenus. Seulement, les décodables sont des photocopies.
Le privé dans le besoin…

Nous sommes au Complexe Scolaire Ste Jaudelle, sis dans le quartier Atrokpocodji, commune d’Abomey-Calavi, il est 16 heures. Si dans quelques écoles primaires publiques sillonnées les enseignants sont occupés par l’Unité pédagogique, au CS Ste Jaudelle, les activités pédagogiques vont bon train. Au CI, c’est Kossiba Gliglo, la titulaire de cette classe qui compte quarante-cinq (45) élèves. « Nous avons reçu une part des cahiers d’activités. C’est en nombre insuffisant. Ce sont quarante et un (41) élèves qui ont eu les manuels de français. Les décodables ne sont pas là », a-t-elle affirmé. Néanmoins, elle ajoute : « La révision du programme est bien parce que les activités sont bien détaillées. En mathématiques, quand je lance les activités après la séquence pédagogique, les enfants s’en sortent plus qu’avant ».
Après cette école, cap est mis sur le Complexe Scolaire Ste Bernadette à Hêvié-Adovié. « La situation est un peu critique en ce sens que nous manquons cruellement de documents surtout les décodables. C’est difficile, sans le reste des documents, de former correctement les apprenants en tenant compte de la pédagogie explicite », lâche sans ambages Nestor Agbétie, instituteur du CI au CS Ste Bernadette. Il souligne par ailleurs avoir reçu seulement cinquante (50) cahiers d’activités de mathématiques pour cinquante quatre (54) élèves. Prenant la mesure des choses, les enseignants ont opté pour la photocopie des documents manquants aux fins de travailler avec leurs écoliers.
De la photocopie pour pallier le défaut de manuels …
« Avec ma directrice, nous avons décidé de faire la photocopie des cahiers aux enfants. C’est ce que les enfants utilisent et sont surveillés de près », a déclaré l’instituteur Michel Dossou-Agboti, montrant ainsi la complicité dans leur travail pour accompagner les apprenants. L’instituteur Nestor Agbétie du CS Ste Bernadette ne dira pas le contraire. « Par rapport aux cahiers d’activités, j’arrive à gérer en faisant la photocopie des pages concernées selon les leçons prévues. Mais il y a quand même de grandes difficultés financières liées à cette situation », affirme-t-il.
Pour Kossiba Gliglo, maîtresse de la classe du CI au Complexe Scolaire Ste Jaudelle, l’école a pu imprimer la version numérique du décodable. « C’est ce que nous utilisons pour travailler avec les écoliers. Par table, il y a un décodable, ce qui nous facilite un peu la tâche. Sans le décodable, l’enfant ne va rien comprendre. C’est dans le décodable que tout se passe. Même si c’est au tableau et que l’enfant ne voit pas ce qui se fait dans le livre, c’est plus difficile pour lui », va-t-elle conclure pour reconnaître la plus-value du décodable lors des activités pédagogiques. Du constat fait, nous avons pris langue avec l’inspecteur Rock Ahokpossi, directeur de l’Inspection et de l’Innovation Pédagogique du MEMP.
Des clarifications du DIIP du MEMP
Tout est parti du point fait par les directeurs des écoles concernées. « Si je prends par exemple la Circonscription scolaire Calavi A, entre les chiffres qui nous ont été communiqués et la réalité, le gap est de 800. Les établissements privés n’ont pas l’habitude de communiquer leurs effectifs. Ils ont compris que cette fois-ci, ils ne peuvent pas avoir de manuels sur le marché. Entre les chiffres communiqués avant la formation des enseignants et les chiffres réels, il y a un gap. Donc, nous avons tablé sur les chiffres qui avaient été communiqués pour lancer nos commandes. Il serait difficile pour nous de réajuster nos chiffres après la commande des documents », a expliqué l’inspecteur Rock Ahokpossi, joint au téléphone le samedi 05 février 2022. Il précise cependant que « sur les 12 départements, 10 sont déjà servis dont l’Atlantique et l’Ouémé de façon parcellaire. Les autres sont en train d’être servis. Cela ne doit plus tarder. Nous avons commencé la distribution dans le septentrion ».
Selon les informations reçues, les documents diffusés sur les réseaux sociaux sont émaillés d’incorrections.
Enock GUIDJIME