Dieu, pour nous seuls... - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Dieu, pour nous seuls…

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Celles ou ceux comme vous et moi, qui avions eu le redoutable honneur d’explorer les pays outre Atlantique ou encore d’autres contrées lointaines, se sont retrouvés dans des situations qui auraient été cocasses si elles ne heurtaient quelque chose de plus profond en eux : la désolation de voir d’immenses temples voués à Dieu fermés car désertés par un peuple complètement étranger à la chose spirituelle et se targuant de pouvoir s’en passer au nom des nouvelles divinités comme Internet, ce veau d’or par excellence.
Je me souviens comme si c’était hier de mon premier dimanche dans la première université du Québec. Homme de grande foi, je me levais le matin, me lavais et ma Bible dans la main, je pris le chemin de l’immense temple catholique que je voyais au loin depuis ma résidence. J’avançais d’un pas vigoureux, enivré par les cantiques à la gloire du Seigneur que je chantais et qui rythmaient mes pas. Au loin, l’endroit semblait désert mais qu’importe, me dis-je, une église finit toujours par s’ouvrir sinon les gens devraient être à l’intérieur. Dans ma grande joie, je me retrouvais devant la bâtisse et constatai qu’elle était fermée sans aucune vie autour: aucun véhicule notamment. Mais que se passe-t-il ? La messe est-elle pour le soir ? C’est alors que survint un vieil homme promenant son chien qui, répondant heureusement à mon bonjour, me lança : «La bibliothèque n’est pas ouverte les dimanches».
Pouvez-vous imaginer mes sentiments: je ne pense pas car le premier fut mon total désarroi et le second un grand alléluia pour notre Seigneur qui m’avait envoyé un émissaire sinon s’était déplacé lui-même pour venir me dire : mon fils, on ne me célèbre plus dans cette maison, mais partout où tu m’appelleras, où tu viendras me visiter, je te répondrai. Je m’agenouillai quelques minutes devant le temple aux alentours déserts et je priai.
La seconde expérience curieuse que j’eus est celle de ma première messe à Paris. Je décidai évidement d’aller à Notre Dame. Là, je vécus la pire expérience spirituelle de ma vie car, pendant que je suivais la messe, tout un peuple étranger grouillant déambulait mitraillette au cou (d’autres vont parler d’appareils photos à long objectifs pour mieux fouiller l’âme humaine) et; pendant toute la messe, je ne cessais de me répéter : sortez les marchands du temple ! On sait ce qui est arrivé plus tard.
La question que je continue de me poser et qui n’aura pas facilement de réponse est de savoir si la foi en un Dieu unique que nous a inculqué, cet Occident maintenant défaillant et inconséquent est juste une belle arnaque dont ils se sont débarrassés en nous le refilant.
Au regard des actes posés à travers l’histoire, la réponse est difficile car nous avions vu tant de faits et de méfaits que les églises ont contribués à mettre en place avec les colonisateurs avides de pouvoir et de biens de nos contrées. On a travesti ; on a perverti nos religions, nos traditions culturelles et cultuelles en créant partout des démons et des nègres paresseux aux phallus kilométriques qui ne connaissent que la danse et le stupre. Et cette idéologie est largement le fait de l’église lors de sa mise en place dans nos contrées. C’est vrai, les baïonnettes de soudards et autres dégénérés ont tué nos aïeux mais encore plus, le venin insidieux des hommes d’église a été plus mortel car il continue de faire son œuvre destructrice dans nos sociétés africaines riches par leurs diversités culturelles et leurs terres.
Les églises africaines renferment de loin les plus grands contingents de fidèles mais, c’est aussi celles qui sont aux ordres avec des prélats souvent de peu de qualités, vautrés dans les cuisses cochonnes dont ils sont friands (la viande s’entend !) et le vin.
Et pourtant je crois ; je crois au principe d’un Dieu unique qui nous porte et nous fortifie mais je me désole de ce qu’on en fait, surtout dans nos contrées. Et parmi ce monde de Dieu, par delà des pasteurs et autres dirigeants d’églises veules et compromis, existent des prêtres qui ont la lumière et qui deviendront un jour, une nouvelle génération consciente, soucieuse de compassion véritable et d’élévation de nos peuples.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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