Comment peut-on croire en Dieu sans croire en l’Homme ? C’est un apparent dilemme qui m’a toujours étonné ! Certes tout le monde religieux voire plus, reconnait que nous avions un créateur et c’est Dieu. En même temps, toutes les théologies semblent soutenir que la raison d’être de l’Homme, c’est de révérer et d’adorer le Seigneur, longtemps, partout et toujours. Il faut, dit le pasteur, se perdre complètement en Dieu pour atteindre le salut.
Il y a des moments où je ne comprends plus rien : comment celui qui sollicite la quête, la dîme, le denier du culte à tout moment sans pour la plupart rien donner en retour, peut encore vous demander d’arriver à l’église, au temple, chaque moment, chaque jour ? Il faut quand même aller travailler !
Mais non ! Il semble que l’individu pieux, ne devrait pas se laisser distraire par le monde fait d’hommes et de tout ce qui l’entoure. C’est très souvent contre cette vision que se sont développées les grandes théories de négation de Dieu ou plutôt de ces types de religions qui oublient ce qui fait Dieu ou plus clairement que l’essence divine participe de la conscience humaine.
Les sages traditions africaines ont, pour la plupart, théorisé et vénéré un Dieu immanent qui se partageait à travers les grandes créations (eau, terre, feu, ciel, etc.) et nous accompagne chaque jour vers nos élans de solidarité, d’amour et de partage. L’Homme alors regarde autrui et a conscience de son existence en tant que nécessité pour vivre.
L’opposition radicale que postulent les religions chrétiennes actuelles entre un Dieu transcendant et des individus qui doivent s’occuper juste du salut en vénérant à tout moment, justifie en définitive, les grandes théories de l’aliénation, notamment des philosophes dits du soupçon comme Nietzsche, Marx et Freud.
Pour parler plus simplement, il faut absolument éviter d’opposer les hommes entre eux au nom des religions. La foi en Dieu doit nous conduire à la foi en l’Homme, en notre voisin, en tout ceux qui partagent notre quotidien. On croit généralement que nos intérêts sont divergents, voire opposés mais il n’en est rien. Ils sont juste différents dans le sens où chacun prend la voie qui lui semble la plus adaptée pour obtenir le pain et la paix.
Nous sommes à l’évidence en tant qu’Hommes imparfaits. Ce que notre Créateur nous propose n’est pas une vie de dévotion et d’expiation permanente qui, in fine, nous empêche de vivre et développe en nous des complexes inutiles et nuisibles. On peut estimer que le cycle de la croyance s’exprime en trois éléments : prier, louer et faire la charité.
La prière est un rapport intime à Dieu qui n’a pas vraiment besoin d’intermédiaire ; mais on peut recourir à un prêtre ou un pasteur qui accompagne et non impose et qui n’est pas là pour vendre les bénédictions et autres eaux miraculeuses. Tout temple où l’officiant passe le temps à étager les démons que lui seul peut apaiser à coup d’argent et autres moyens, est inutile et nuisible.
La louange est formidable ; Dieu aime qu’on le chante et surtout avec plaisir et joie. Certains hommes de Dieu, inutilement savants et nostalgiques, sont allés jusqu’à écrire dans ce pays, qu’il ne faut pas louer le Seigneur avec joie… Heureusement que nous avions quitté le moyen âge où le caractère soit disant impur du rire, a amené les monastères à supprimer, notamment les écrits d’Aristote consacrés à ce thème enchanteur.
Or à défaut de rire, il faut sourire et donner de la joie à son prochain. Nous arrivons à l’élément central de la Bible appelé charité ou amour. Le sourire, élément gratuit par excellence, est le premier geste de charité. Evidemment, je perçois déjà la panoplie des rictus, singerie, simagrée et autre contorsion. Soyez simple et naturel. De plus, lorsque vous allez dans un nouveau groupe, pensez à de petits riens matériels ou autres, qui feront plaisir. Le Merci qu’on reçoit alors est celui du Seigneur, quel que soit ce qu’on peut penser de vous après.
Le plaisir et la bénédiction qu’on retrouve dans la charité ou encore les gestes d’amour qui vont surtout vers ceux qui en ont besoin, sont immense. Même si vous n’aviez pas le temps de prier, ni de louer le Seigneur, donnez à ceux qui en ont besoin, donnez à ceux qui se sont prédestinés sincèrement à le louer ou, qui sont tout simplement avec vous et autour de vous. Je vous vois venir. Vous me demanderez quel est le bon choix de charité entre un prélat pansu et pleins de bénédictions ou d’huile sainte et votre voisin, sa femme et ses sept (07) enfants qui ne font pas nécessairement un repas par jour. Moi, j’ai choisi et je suis sûr que c’est le même chez vous !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe