Deux (02) semaines déjà que responsables d’écoles et d’établissements, enseignants titulaires et apprenants ont renoué avec les activités pédagogiques au Bénin au titre de l’année scolaire 2020-2021. Si dans le privé, on dénombre moins de soucis ; dans le public, ça traine encore les pas dans plusieurs entités et cadres éducatifs dans les parties méridionale et septentrionale. Des matériels didactiques insuffisants ou inexistants, des enseignants en nombre limité, les pré-insérés toujours loin des salles de classes pour raison des 30 heures de cours, des apprenants errants, livrés à eux-mêmes, les premières subventions de l’Etat pour le fonctionnement des écoles et établissements timidement positionnées, etc. Le tableau, pour l’heure, semble bien préoccupant. Pendant ce temps, dans les Facultés à l’UAC, les énergies sont mobilisées pour l’organisation des examens de rattrapage. Educ’Action, le spécialiste de l’éducation, est allé faire le constat de terrain. Reportage !
L’école s’est, hélas, péniblement éveillée dans le public au Bénin. Officiellement démarrée le 28 septembre 2020 après une pré-rentrée d’une semaine, la rentrée des classes piétine encore par endroits dans les écoles et établissements de l’Etat. Les activités pédagogiques s’observent timidement avec des enseignants titulaires APE et ACE très limités du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Les enseignants pré-insérés ayant fait défection, pour le moment, en raison de cette polémique nourrie autour des 30 heures de cours. Aux premiers jours de la rentrée, il a été procédé à des évaluations diagnostiques dans le public, en l’occurrence dans les écoles primaires publiques, en vue de jauger le niveau réel des apprenants. Et les résultats sont sans appel. « Les résultats issus de l’évaluation diagnostique ne sont pas du tout encourageants. Ces résultats démontrent clairement que nos apprenants trainent encore des lacunes dans certains champs de compétences, notamment en Français et en Mathématiques », a déclaré à Educ’Action Damien Saïzonou, instituteur à l’Ecole Primaire Publique Gbédji/C à Porto-Novo, dans la région pédagogique n°33. Même discours du côté d’autres enseignants et responsables d’établissements à la différence de Gisèle Noutchogbé, directrice d’Ecole Primaire Publique à Akpakpa, région pédagogique n°29, qui appréhende autrement la situation. « Le constat est encourageant. Moyennement, les apprenants ont atteint le seuil de compétences. Ils ont su répondre partiellement aux consignes des épreuves auxquelles ils ont été soumis », a-t-elle relativisé. Dans plusieurs écoles et établissements sillonnés, seuls quelques rares enseignants Agents Permanents de l’Etat (APE) et Agents Contractuels de l’Etat (ACE), en nombre donc limité, prennent en charge l’encadrement des apprenants. Au CEG 2 Nikki dans le département du Borgou, ce jeudi 8 octobre 2020, quelques élèves du premier et du second cycle du Secondaire sont en pleins cours de SVT et d’Anglais. La majorité des apprenants sont loin des salles de classes pour défaut d’enseignants. Idem au CEG Komiguéa, à Parakou, où des apprenants, errant, doivent retourner chez eux faute d’enseignants ; les aspirants n’ayant pas officiellement repris les cours. Même constat dans plusieurs autres écoles et établissements parcourus dans diverses localités du pays. A tout ceci, les directeurs d’écoles et d’établissements doivent faire face à l’inexistence ou à l’insuffisance par endroits des matériels didactiques et au non-positionnement ou timidement de la première tranche des subventions de l’Etat.
De l’insuffisance de mobiliers à la massification dans des classes…
Les questions de mobiliers (tables-bancs), de matériels didactiques et d’effectifs pléthoriques se posent encore avec acuité dans les écoles et établissements publics. « Pour le moment, plusieurs enseignants déroulent les séquences de classe sans un minimum de matériels didactiques. Ce qui rend difficile l’apprentissage et l’acquisition des connaissances chez les apprenants. Autre chose, nous gérons la dure réalité des effectifs pléthoriques dans les classes. Ainsi, il devient difficile à l’enseignant d’assumer convenablement les différentes tâches à lui assignées. A tout cela, s’ajoute le cas de certains apprenants qui n’ont pas le minimum des fournitures scolaires. L’observance des gestes barrières est aussi une préoccupation de tous les jours pour nous », a indiqué Damien Saïzonou. Gisèle Noutchogbé, directrice d’Ecole Primaire Publique à Akpakpa, précise, pour sa part : « l’établissement scolaire que je dirige éprouve des difficultés en matière de mobiliers. Ce problème est récurrent et effectif dans bien des écoles primaires publiques. Je garde bon espoir qu’avec le chef d’arrondissement de Cotonou, des solutions idoines seront trouvées ci et là. »
Des établissements publics du Secondaire à la traine…
Ici, au CEG du Lac, situé au quartier Sainte-Cécile en plein cœur de Cotonou, les cours n’ont pas encore atteint leur vitesse de croisière dans toutes les classes, deux semaines après la rentrée. Des salles de classes sans enseignants en dépit de la présence des élèves, des apprenants errant dans la cour du collège… le tableau n’est pas reluisant. « Je suis en classe de 6ème M8. C’est cette année que je suis venu au collège. Mais je n’ai pas encore trouvé de professeurs. Tous les jours de classe, je suis ici espérant commencer les cours, mais en vain. Tous les soirs, je rentre à la maison sans avoir écrit une phrase dans mes cahiers…», a témoigné à Educ’Action, un jeune collégien fraîchement admis pour le CEP. Son compère réagit, en ces termes : « nous, nous avons eu seulement trois professeurs et on attend toujours le reste des professeurs ». Pas loin de là, se dresse une classe de 1ère. A l’intérieur, se côtoient des apprenants sans masques, attendant désespérément l’arrivée d’un de leurs professeurs de la journée. « Nous sommes au nombre de 81 élèves dans cette classe de 1ère. Aujourd’hui, on n’a pas encore fait cours ; nous avons obtenu, pour le moment, cinq professeurs et nous attendons le reste », témoignent certains élèves interrogés. Pour le directeur Justin Sessou, tout ira bien d’ici-là. « La reprise des cours est effective ; les cours ont commencé et cela se passe bien quand même. C’est vrai qu’il y a quelques enseignants qui manquent, mais on essaie de gérer. A ce niveau, le gouvernement est à pieds d’œuvre et je crois que ça ne va pas tarder. Incessamment, ces problèmes seront réglés et tous les enseignements vont commencer », a-t-il expliqué à votre journal. A des distances du CEG du Lac, se trouve le CEG Godomey 1. Ici aussi, la situation semble bien identique à celle du CEG du Lac. « Nous avons eu pour le moment quatre professeurs qui sont venus se présenter à nous. Mais ils n’ont pas encore commencé les cours », a confié à Educ’Action, une jeune élève du collège. De l’avis du directeur rencontré, tout va se normaliser. « Nous avions mis les collègues et les enfants au travail. C’est vrai qu’il nous reste quelques enseignants mais je crois que très bientôt, nous les aurons et comme cela, le travail serait à plein temps, conformément aux emplois du temps », a renseigné Bernard Lahamy, directeur du CEG Godomey 1.
Les établissements dans l’attente de la première tranche des subventions de l’Etat
Les premières tranches des subventions de l’Etat pour la gestion des établissements publics demeurent l’autre casse-tête des directeurs et responsables d’établissements. Si quelques rares directeurs pourraient se réjouir du positionnement des 25% des subventions sur les comptes de leurs établissements, le grand nombre reste dans l’expectative. Pour le directeur du CEG 2 Nikki, les dépenses urgentes se font en bonne intelligence avec les partenaires de l’école. « La promesse est faite, je crois que cela ne tardera pas à venir », a informé, pour sa part, Bernard Lahamy, directeur du CEG Godomey 1, opinant sur le non-positionnement des subventions pour le compte de son établissement.
Les Facultés toujours en évaluation…
Cantine presque déserte, amphithéâtres clairsemés, rues quasiment vides. C’est le visage que présente l’Université d’Abomey-Calavi, ce mardi 06 octobre 2020. Deux jours après, le constat demeure le même. Les quelques étudiants rencontrés dans le jardin universitaire ou dans les rares espaces disposant de places assises, tiennent tous un cahier en mains ou bouquinent. Vous l’aurez compris, c’est maintenant que se déroulent les examens de rattrapage dans de nombreuses Facultés de l’UAC. Deux semaines après la reprise officielle des cours, les Facultés, détentrices des plus grands effectifs, sont occupées à organiser les évaluations finales. Cette semaine, ce sont les étudiants de la Faculté de Droit et Sciences Politiques (FADESP) qui occupent les amphithéâtres de l’université pour composer. « Nous avons fini les compositions et les résultats viennent même de sortir. Les cours reprendront certainement en début novembre. Apparemment, ils se feront toujours en ligne. On se prépare à reprendre », renseigne Pascal Siligboklounon, étudiant en 3ième année de Mathématiques à la Faculté des Sciences et Techniques (FAST). Rencontré devant le Campus Numérique Francophone de Cotonou, le jeune étudiant profite de la connexion internet pour faire des recherches.
Les Ecoles de l’UAC renouent avec les cours…
Si au niveau des Facultés, l’heure est aux évaluations, des écoles et instituts ont, quant à eux, repris. C’est notamment le cas de l’EPAC, de l’ENAM et de l’IFRI. Rencontré à la sortie des cours, Evariste Ahounou, étudiant en 3ième année d’Administration des Impôts à l’ENAM, soutient que les cours ont repris dans son établissement depuis le lundi 05 octobre 2020. Ses camarades et lui sont motivés cette année et les enseignants n’ont pas encore manqué à l’appel. Du côté des nouveaux bacheliers, rien n’est à signaler. Les espaces dédiés à leur accueil pour leurs inscriptions, notamment la coupole de l’Institut des Langues Arabes et de Culture Islamique (ILACI) est aussi déserte, du moins pour l’heure.
Réalisation : La Rédaction