Démocratie : que nous reste-t-il de nos amours ? - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Démocratie : que nous reste-t-il de nos amours ?

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Je l’avais déjà plusieurs fois répété : ‘‘le destin est une fatalité qui rencontre l’histoire’’ et quels que soient les débats, les passions et les émotions, un homme qui devient un Chef d’Etat élu, le mérite. Blaise Pascal l’a aussi souligné dans son texte ‘‘Les deux grandeurs’’ : nous devons respect et obéissance à l’homme que nous élevons.
Ce principe acquis, il est important de réfléchir en ce moment de crise sur les possibilités de sortir de notre sommeil, de cette torpeur insidieuse qui nous envahit depuis des siècles et qui nous enfonce inexorablement dans le néant, afin de créer un ordre nouveau. Mais alors que de chemins tortueux, de rivières et de torrents impétueux à traverser ; comment combattre à la fois, nos peurs du colonisateur sacro-saint et la haine que nous inspirent nos propres frères, parents et amis trop noirs de corps et de cœurs.
Répondons clairement à notre titre : notre démocratie existe-t-elle encore ? Bien sûr ! D’abord dans ses principes, il n’y a pas de doute. A aucun moment, il n’a été dit que les principes démocratiques sont mis de côté. Maintenant, que se passe-t-il dans l’action quotidienne qui concerne l’acquisition et l’exercice du pouvoir. Stricto sensu, l’acquisition du pouvoir suit dans nos contrées un processus démocratique ; c’est l’exercice qui connait des difficultés. Ainsi, au fur et à mesure du temps, les différentes élections prévues se sont déroulées ; ce qui nous amène à affirmer avec Adam Przeworski et al. que : ‘‘si ce qui caractérise la démocratie, c’est le mode d’acquisition du pouvoir et non son exercice, alors le caractère démocratique de nos sociétés n’est pas en cause.’’
En même temps, l’exercice du pouvoir est quotidien et marque le développement de l’être tout entier et pour parler simplement, presque tout le monde mange à sa faim, participe à la production de la richesse et s’exprime. Cet exercice est toujours difficile et lorsque les paramètres cités ne semblent pas toujours évidents, les voix sont discordantes et les avis exacerbés. Mais que faire dans ce petit pays qui a l’habitude de toujours faire sa différence comme quartier latin ou encore comme inventeur de la Conférence nationale ?
Lorsque je développe ce sujet, il y a des gens qui sont complètement à l’aise dans cette sorte de satisfécit donné au pouvoir et d’autres qui ont envie d’écrire, entre les lignes, avec du vitriol car, se demandant si les différentes actualités ne travestissent pas ces affirmations.
En réalité, c’est un truisme de dire que notre plus grand problème, qui dépasse les principes démocratiques, c’est notre vivre-ensemble car, même lorsque nous avions osé brillamment mettre en place notre démocratie, les divisions et les querelles intestines n’ont pas promu le développement. Le nombre de génies (du bien et du mal) au centimètre carré, crée autant de rancunes, de rancœurs et d’envies de détruire de telle façon qu’on ne peut que croire Paul Hazoumè lorsqu’il soulignait dans son œuvre magistrale doguicimi que, lorsque vous évoluez dans notre pays, le souci des autres n’est pas de chercher comment parvenir à votre réussite, mais comment vous tirer vers le bas et vous ramener à moins qu’eux.
On peut alors supposer, pourquoi un certain personnage qui a pendant plus d’une décennie nourri, lavé, blanchi des centaines de personnes, ne supporte pas de les voir se retourner contre lui, avec des alliances diverses et a préféré vider les turbulents et leurs acolytes. Mais deux situations nous interpellent aujourd’hui : nous sommes d’abord face à la Covid-19 et à l’occasion de rebattre les cartes. Ensuite, les atermoiements et rajouts de la dernière élection montrent à souhait que confier la maison à des enfants dociles et besogneux conduit à un manque évident de génie : on triture, on rature, on reprend les mêmes exercices avec des erreurs, faute de véritables objecteurs de conscience.
Alors s’impose à nous cette parabole du fils prodigue que l’on retrouve dans l’évangile de Luc 15 V11-32 ; ce fils plein de désir d’évasion qui retourne en fin de compte humblement au père qui le reçoit et le couvre de présents et d’amour tandis que le frère besogneux et apparemment fidèle et en réalité plein de désir de sa propre reconnaissance pour être resté à la maison, s’étonne et se vexe. Dans notre cas, il s’agit de faire revenir tous les enfants dans ce moment crucial afin qu’ils puissent servir notre cause commune. Ce sera plus que la Conférence nationale ; ce sera la communion nationale et le pays aura encore inventé et tracé le premier, la voie du succès de nos pays en développement.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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