Les résultats du Brevet d’Etudes du Primaire Cycle (BEPC) de l’année 2022 sont connus avec diverses fortunes. 66,46% de taux d’admissibilité cette année au plan national contre 60,50% en 2021, soit une augmentation de 5,90%. Dans la fièvre des résultats, les acteurs au niveau central et décentralisé se prononcent sur les origines de ce bond de près de 6%.
La proclamation est faite, le dimanche 10 juillet 2022, à la salle de conférence du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP). A la manœuvre, Dr Roger Koudoadinou, directeur des Examens et concours du MESTFP, entouré de quelques cadres du ministère, notamment Ayouba Garba, président de la commission de délibération et de proclamation du BEPC pour la circonstance. Des résultats, il ressort que des départements ont progressé en rang pendant que d’autres ont perdu leur place.
Etude comparée des résultats et rangs de 2021 et 2022
Le Borgou 5e en 2021 avec un taux de réussite de 64,03% a poussé la barre haut en sortant 1er en 2022 avec un taux d’admissibilité de 74,46%. 2e en 2021 grâce à un score de 67,73%, le Plateau ferme la marche en 2022 en obtenant 50,48% de taux de réussite. Autrefois 1er en 2021 avec 68,53%, le Couffo finit 2e avec 72,24%. Sorti 3e avec 65,17% de taux de succès en 2021, le Mono vient à la 5e position cette année avec 69,66%. Occupant la 4e place en 2021 avec 64,15%, le Zou sort 7e en 2022 avec 67,45%. En 6e position en 2021 avec 63,06%, l’Atlantique occupe la 4e place en 2022 avec 69,90%. L’Atacora sorti 7e en 2021 grâce à un score de 60,96% a finit 6e en 2022 avec 67,53% de taux d’admissibilité. 8e en 2021 avec un taux de succès de 60,49%, le Littoral arrache la 3e place avec un score de 71,84%. Avec 57,56% de taux de réussite en 2021, l’Alibori a occupé la 9e place en 2021 mais a fini 11ecette année avec 53,61%. La Donga a occupé la 10e place en 2021 avec 54,31% mais termine sa course en 2022 à la 9e place avec un score de 61,98%. 11e au plan national en 2021 avec un taux de réussite de 53,99%, les Collines se sont illustrées au 10e rang en 2022 avec un score de 57%. Dernier en 2021 avec un taux d’admissibilité de 53,67%, l’Ouémé a amélioré son rang et son taux de réussite. Il arrache la 8e place avec un score de 63,08%.
Les secrets de l’amélioration des résultats
66,46% de taux d’admissibilité au plan national contre 60,50% en 2021. C’est un taux apprécié par les acteurs de ce sous-secteur. Au niveau départemental, chaque directeur et ses collaborateurs a rivalisé de méthodes pour révéler leur département respectif. « Dans le département du Couffo, nous avons une stratégie qui devrait appeler chaque enseignant à faire ce qu’il doit pour qu’on atteigne 65,70 %. Notre stratégie est basée sur l’émulation », confie Jean Houngbelagnon, directeur départemental des Enseignements, secondaire, technique et de la formation professionnelle du Couffo. Les enseignants ayant donné de meilleurs résultats sont pris au sérieux. « Nous devons identifier tous les meilleurs enseignants et nous partons des résultats des enseignants pour les emmener à s’améliorer. C’est un travail de fourmi que nous faisons dans le département », précise le directeur Jean Houngbelagnon. Il ajoute : « Nous faisons le point, la présentation et l’analyse des résultats. Il est demandé de faire la même chose dans chaque établissement. Nous allons voir le directeur pour nous renseigner sur le taux de réussite après les devoirs départementaux. Nous sommes les seuls à continuer à faire les devoirs départementaux et c’est notre stratégie qui nous amène à le faire ».
Dans le département de l’Atlantique, les revues de performance mensuelle sont transformées en revue bi-hebdomadaire les deux derniers mois de l’année scolaire, avril et mai, fait savoir Edmond Houinton, le directeur départemental. Ainsi chaque deux semaines, précise-t-il, « il n’y a pas ce Comité de direction (Codir) au cours duquel nous ne parlons pas des résultats, où le ministre doit savoir ce que chaque directeur fait dans son département, ce que les chefs d’établissement, les enseignants font ». Ayant rencontré les parents d’élèves au cours de l’année scolaire, il reconnaît qu’ils ont contribué aussi à ce score en suivant leurs enfants.
Son collègue de la Donga accorde une place importante aux difficultés qui sapent ses efforts, évitant ainsi toute comparaison. « La Donga a ses réalités et elle est en compétition avec elle-même. L’essentiel, c’est de faire en sorte que d’année en année on aille d’amélioration en amélioration. L’effort de tout le monde a payé quand on connaît vraiment les difficultés rencontrées depuis la situation de classe jusqu’à la vie en famille de nos apprenants », a laissé entendre Slassifi Dramane, directeur départemental de la Donga. Cependant, il soutient que « quand on procède à une petite comparaison, on se rend compte que cette année, on vient de faire un bond de 7,67 points parce que l’année dernière, on était à 54,31%. Et sur un certain nombre d’années jusqu’à cette année, lorsqu’on prend du recul, on constate que le pourcentage de réussite augmente. La preuve, les 61,98% n’ont jamais été enregistrés dans le département de la Donga. » Par ailleurs, les acteurs ont salué la rigueur imprimée par le ministre depuis sa prise de fonction.
La touche personnelle de Kouaro Yves Chabi qui a fait la différence
Le déploiement à temps, pour la première fois, des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) le 17 septembre 2021 bien avant la rentrée scolaire suivant les principes de sélection sur poste, l’expression des besoins par les établissements et la couverture satisfaisante desdits besoins, le renforcement des capacités professionnelles des aspirants détenteurs de diplômes professionnels, le déploiement des cinquante inspecteurs de la promotion 2019-2022. Ce sont, entre autres, les leviers sur lesquels s’est appuyé le ministre Kouaro Yves Chabi. Cette information est rapportée par Ayouba Garba, directeur de cabinet du MESTFP lors de la proclamation du BEPC. Le suivi et le contrôle journalier de la présence au poste des agents, qu’ils soient fonctionnaires, contractuels ou AME, depuis la période du 20 décembre 2021 à la fin du mois de mai avec compte-rendu hebdomadaire obligatoire au ministre, au conseil de cabinet ou au Codir. Le suivi et le contrôle de la présence au cours de tous les apprenants des établissements publics tant de l’enseignement secondaire général que de l’enseignement et la formation techniques et professionnels à partir de mars 2022 avec compte-rendu hebdomadaire obligatoire au ministre, au conseil de cabinet ou au Codir, sont autant d’actions posées par le ministre, a souligné le directeur de cabinet. Au-delà de cet aspect propre au ministre, sa rigueur et son management ont eu un impact sur le résultat. « Avec le nouveau ministre, il y a la pression, des comptes-rendus réguliers qu’il faut faire et nous nous sommes habitués à tout ça dans le département du Couffo. Le dispositif qui est mis en place doit sortir le résultat parce qu’on a pris un bon départ. Il y a la pression quand vous venez au niveau des établissements, les directeurs disent qu’il y a trop de pression », fait savoir le directeur Jean Houngbelagnon. Il poursuit en ajoutant que « tous les jours le DC nous appelle, il y a un cahier de charge à notre niveau, au niveau des enseignants, au niveau des administratifs. Nous, nous avons des cahiers de charge que nous avons donnée aux enseignants ».
Cette rigueur est aussi reconnue relativement par le directeur Slassifi Dramane. « Tout au long de cette année scolaire, le ministre a marqué à la culotte, tous les directeurs départementaux pour la lutte contre le retard et l’absentéisme aussi bien des enseignants que des apprenants. Il est arrivé à instaurer un suivi rigoureux. Il faut dire que son management a payé », a-t-il dit. Il soutient également que Educmaster a aussi assaini la liste d’inscription au niveau des divers examens.
La Rédaction