Les cours de vacances sont l’occasion pour les apprenants d’avoir un avant-goût des activités pédagogiques qu’ils auront à mener durant l’année scolaire. Sur l’étendue du territoire national, ces cours ont commencé dans de nombreuses écoles privées pour les apprenants du collège. Une équipe de Educ’Action a sillonné quelques écoles de la ville de Cotonou, le vendredi 14 août 2020 pour faire le constat de la reprise des cours de vacances dans ce contexte particulier de la pandémie de la Covid-19. Reportage !
Aux complexes scolaires Naguézé et la Référence de Gbèdjromèdé, le Coronavirus semble ne pas avoir eu raison des cours de vacances. Déjà à midi, le nombre d’élèves qui sortent des classes est quasiment identique à celui des jours de classes ordinaires en cours d’année scolaire. Interrogé par les reporters du journal Educ’Action sur son état d’âme en cette reprise des cours de vacances, quelques semaines à peine après de très courtes vacances, Manuella, élève en 1ère D, exprime sa joie de revenir en classe. « On était vraiment pressé de commencer les cours de vacances parce que, sans les cours de vacances, à la reprise, c’est un peu compliqué »,
explique la jeune fille de 16 ans vêtue de son pull-over rose avec une bavette rose. Comme elle, Mohamed, élève en 1ère G2, estime ne pas être fatigué et déborde même d’énergie. « Je pense que j’ai assez d’énergie parce que c’est pour mon bien. On est obligé de reprendre les cours de vacances parce qu’on a déjà perdu beaucoup de temps lors du confinement et on doit avoir au moins une idée de ce qui nous attend pendant l’année scolaire ». De ces deux établissements, rendons-nous au complexe scolaire Salanon, toujours dans le quartier de Gbèdjromèdé, où les cours de vacances ont commencé le 10 août et prendront fin le 11 septembre. Rencontré dans son bureau, Arsène Salanon, directeur de l’établissement fait savoir que c’est uniquement les classes du premier cycle (de la 6eme en 3eme) qui sont ouvertes. De taille élancée, vêtu d’un bazin de couleur marron, cache-nez au visage, le directeur est aussi un artisan du respect des mesures édictées par le Gouvernement dans le cadre de la prévention contre le Coronavirus, même si cela reste difficile à appliquer à la lettre.
Le respect des mesures barrières, une équation difficile …
Dans les établissements visités, chaque usager est accueilli par un dispositif de lavage des mains soigneusement gardé par un agent de sécurité qui veille à ce que chaque arrivant sacrifie à la tradition. Il sonne 8heures 45 minutes quand les reporters de Educ’Action posent leurs pieds au complexe scolaire Berger Fidèle. Situé à quelques encablures du marché Dantokpa, à Cotonou, un calme plat y règne ce matin du vendredi 14 août 2020. Au rez-de-chaussée, les apprenants du Primaire sont attentifs aux explications de leurs enseignants. Les élèves sont assis à deux par table avec leurs bavettes recouvrant leurs bouches et leurs nez. Si pour les élèves du Primaire, l’année scolaire se poursuit, leurs ainés du Secondaire, logés sur les deux étages de la bâtisse peinte de jaune sont en cours de vacances. Ici, les cours ont démarré le 05 août et prendront fin le 4 septembre 2020. Au sujet des efforts fournis pour faire respecter les mesures barrières de lutte contre le Coronavirus, le directeur des études de l’établissement, Tamegnon Houton, rassure : « nous faisons tous les efforts pour les respecter. Vous avez remarqué des dispositifs de lavage des mains, les cache-nez obligatoires pour les apprenants et l’enseignant a l’obligation d’y veiller ». Dans certains établissements, le port de bavette est le passeport d’accès à l’établissement, comme le fait savoir le censeur d’un établissement qui a requis l’anonymat. Toujours pour faire respecter les mesures barrières et limiter les contaminations dans cet établissement, le censeur a procédé à une répartition des élèves en zigzag dans les salles de classes. Malgré les contraintes, enseignants et personnels administratifs s’organisent tant bien que mal pour dérouler les activités pédagogiques et préparer la rentrée scolaire.
Des dispositions pédagogiques en mode Covid-19…
Au Collège d’Enseignement Technique et Général Béthesda, la vie n’est pas rose. Même si les mesures barrières sont respectées, la seule difficulté est qu’il n’y a pas d’effectifs, fait savoir Pacôme Tamadaho, enseignant des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) en pointant la Covid-19 d’un doigt accusateur. Il estime que les enfants ont peur de sortir de chez eux. En ce qui concerne les stratégies qu’il utilise pour dispenser son cours, l’enseignant explique ne pas faire la ronde dans les rangées comme de coutume. « Je ne me promène pas trop. D’ordinaire, on se promène pour voir si les enfants recopient bien. Maintenant, je n’ai plus le droit de circuler », affirme-t-il d’un ton froid, vêtu d’un pantalon rouge sous une chemise blanche avec des rayures bleues. Son collègue de Français exerçant au Complexe Scolaire Berger Fidèle a, lui aussi, développé des stratégies pour s’adapter à la situation imposée par la Covid-19, afin de dérouler les séquences pédagogiques dans un environnement contrôlé. Un mètre soixante-dix de taille, avec un teint d’ébène et un style vestimentaire occidental, Josey Bahouncolé s’est ouvert au micro de Educ’Action pour dire ce qu’il fait face à ses élèves dans cette situation exceptionnelle. « Le port de masque est obligatoire. En voulant répondre aux questions, on peut baisser le cache-nez mais à la fin, on le remet immédiatement. Le mètre de distance est respecté. Je ne permets pas aux enfants d’aller aux tableaux, j’y vais moi-même et j’essuie moi-même ». Mais déjà, la veillée d’âme commence dans les administrations pour préparer la rentrée scolaire prévue pour le 28 septembre prochain en surfant sur un recrutement massif d’apprenants pour maximiser les effectifs.
Rolande do-REGO, Exaucée HOUNGBEDJI &
Alégria HOUNGBEDJI (Stags)