Articuler l’usage des langues officielles à celui des langues nationales pour concevoir et animer un système éducatif résolument préposé à relever les défis de développement des peuples. C’est un sujet de préoccupation majeure dans plusieurs pays africains. Dans une dynamique de partage de connaissances et de réflexion sur la thématique, une trentaine de chercheurs venus du Bénin, de la France, de la République Démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Cameroun, du Burkina-Faso, de la République du Congo, du Niger et du Tchad se sont retrouvés en terre béninoise pour décortiquer le sujet. C’est à travers un colloque international organisé du 7 au 9 juillet 2022, à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), sur le thème : « Enseignement en français en contexte plurilingue en Afrique francophone subsaharienne. » A cette rencontre scientifique internationale, plusieurs spécialistes en éducation, en didactique, en linguistique, en sociolinguistique et en histoire ont partagé leurs travaux de recherche en vue d’apporter éclairage et compréhension sur la problématique. Ce colloque est organisé sous l’égide du projet Plurilinguisme et Enseignement au Bénin, Sensibilisation des acteurs de l’éducation (PEBS), avec le soutien de l’Ambassade de France au Bénin et l’implication de l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo. Durant les trois jours de travaux, trois conférences inaugurales, deux tables rondes et dix-neuf communications ont été déroulées pour vider le sujet de l’enseignement du français en contexte plurilinguisme à travers cinq axes thématiques. Il s’agit du français comme langue medium et objet à tous les niveaux d’enseignement ; le plurilinguisme et enseignement en Afrique subsaharienne ; les dynamiques sociolinguistiques et enseignement en Afrique subsaharienne ; l’Education aux médias et à la digitalisation ; l’enseignement en français en contexte plurilingue en Afrique francophone subsaharienne : état des lieux comparatif.
« L’Université d’Abomey-Calavi s’honore de vous offrir un cadre physique de réflexion sur la problématique de l’usage des langues au quotidien dans nos sociétés. Etant donné que la langue est la marque inaliénable de toute identité individuelle ou collective, la langue étant la vision du monde, d’un peuple ; elle s’impose comme le sous-bassement même de toutes perspectives de développement auxquelles aspirent légitimement, tout individu ou toute communauté locale, nationale ou régionale ou continentale », a affirmé le professeur Yélindo Patrick Houessou, vice-recteur chargé des affaires académiques, lors de la cérémonie de lancement officielle du colloque. L’éducation étant le socle du développement, renchérit Dr Bernard Fangnon, membre du comité d’organisation du colloque, il est nécessaire qu’on y accorde une priorité si nous voulons être parmi les pays émergents et les pays développés.
« Deux composantes sur les neuf du PEBS s’inscrivent dans la sphère universitaire. Plusieurs enseignants de l’université de Rouen ont assuré des cours à l’ENS de Porto-Novo, en 2021 puis en 2022. Un séminaire doctoral à l’ENS s’est tenu en octobre 2021 à Porto-Novo. Deux cadres de l’ENS ont réalisé un séjour à Rouen en avril 2022 », a renseigné Estelle Dagaut, chargée de coopération en français à l’Ambassade de France près le Bénin avant d’ajouter que le projet PEBS interroge la gestion des langues dans l’enseignement, notamment l’enseignement du et en français dans le contexte plurilingue du Bénin.
Edouard KATCHIKPE