Le Conseil National de l’Education est appelé à collaborer avec les ministères en charge de l’éducation au Bénin. Dans cette troisième parution de la thématisation consacrée au Conseil National de l’Education, les acteurs du secteur éducatif opinent sur la collaboration de l’institution avec les ministères sectoriels.
«Le CNE n’est pas dans un rôle opérationnel, ni dans celui de travailler en lieu et place des autres. Le CNE est là pour donner des orientations. Le CNE est là pour coordonner tout le système éducatif. Nous sommes en train de parler d’un pan de l’éducation, le volet recrutement des enseignants qui ne seront ni fonctionnaires de l’Etat, ni Agents Contractuels de l’Etat. Donc, c’est un peu comme ce que les communautaires faisaient en son temps, mais qui n’était pas du tout régulé, ni maîtrisé. C’est ce que l’Etat veut faire ». Ces propos de Salimane Karimou ministre des enseignements maternel et primaire viennent taire les éventuelles polémiques sur la relation entre son ministère et l’instance décisionnelle supérieure qu’est le Conseil National de l’Education installé. Revenant sur le bilan de son sous-secteur, le ministre Salimane Karimou remet le couteau dans la plaie en levant un coin de voile sur l’état dans lequel végétait ce sous-secteur. « Nous étions dans une situation que les gens appellent ‘‘No man’s land’’. Il n’y a rien, il n’y a personne. Chacun peut faire ce qu’il veut. C’est ce qui a fait que le privé a toujours occupé les meilleures places. Quand vous prenez les 10 premiers, vous verrez d’abord plusieurs établissements privés et le public qui viendra petit à petit », a rappelé l’autorité ministérielle avant de souligner que ce changement a commencé depuis 2017. A la question de savoir s’il n’y aura pas de conflits d’intérêt entre son ministère et le CNE nouvelle formule avec à la clé une surcharge du budget de l’Etat, le ministre Salimane Karimou se veut franc et direct. « Il n’y aura pas de conflits, il n’y aura pas de surcharge vis-à-vis du budget de l’Etat. Pas du tout, ce n’est que les résultats qui comptent. Même si l’Etat doit pouvoir encore faire l’effort un peu plus, cela est nécessaire parce que l’éducation n’a pas de prix, même s’il y a un coût que quelqu’un doit payer », a clarifié le numéro 1 du MEMP.
CNE : Sa collaboration avec le MESRS
Depuis son installation le 21 Janvier 2020, le Conseil National de l’Education suscite de vives interrogations concernant son fonctionnement. Les attributions de l’institution laissent planer encore beaucoup de doutes sur ses relations avec les ministères. Reçue sur le plateau de l’ORTB dans le cadre du bilan de quatre années du régime de la Rupture, Eléonore Ladékan Yayi a martelé qu’il n’y aura pas de conflits d’attributions. Selon la Ministre, « les questions de gouvernance, de nominations, d’élection des recteurs, seront régulées par le CNE ». Ainsi, l’Agence Béninoise d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur (ABAQES), sera sous tutelle du CNE. De même, les activités des divers conseils, tels que le Conseil Consultatif, seront l’affaire du CNE, soutient Eléonore Yayi Ladékan. Alors, que reste-il au ministère, pourriez-vous demander ? Face aux journalistes, Eléonore Yayi répond : « Nous serons dans les actions basiques qui pourront être présentées pour avis du CNE. Nous avons nos quatre programmes : la gouvernance, l’enseignement supérieur, la recherche-innovation et la vie de l’étudiant qui vont se poursuivre normalement. Nous aurons aussi nos PTA qui vont s’exécuter. A chaque fois qu’il y aura des revues, nous allons les tenir en lien avec le CNE ».
Relations Ministères-CNE vues par les syndicalistes
«L’éducation dans un pays est capitale, très importante pour la confier seulement aux politiciens et l’idée de réformer, de formaliser et de donner au Conseil National de l’Education tout son pouvoir est une très bonne idée que le président Patrice Talon a eue et moi je félicite cela, puisque, ce qui se passe dans le secteur de l’éducation depuis 1960, sort de l’entendement et non seulement, il n’y a pas de cohérence verticale ni horizontale au niveau des différentes structures en charge de l’enseignement ». C’est par ces propos que Thierry Dovonou, Secrétaire Général du Syndicat National des Professeurs Permanents et Contractuels du Bénin explique que cette institution dont les membres ont été installés le 21 janvier 2020, a le devoir d’avoir un regard pointu sur la gestion qui est faite du secteur de l’éducation par les différents ministères. Ainsi, selon le syndicaliste, le CNE doit collaborer de plus prêt pour une régulation optimum du système éducatif sans conflits d’intérêt. « Le Conseil National de l’Education est l’institution suprême qui s’occupe du système éducatif béninois », a tenu à faire savoir Alexandre Adjinan, syndicaliste et président de la Commission nationale des jeunes de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-Bénin). Le syndicaliste révèle les missions qui selon lui, sont celles des 29 membres de cette institution. « Le CNE définit la politique éducative, élabore les curricula de formation, donne les orientations stratégiques, définit les ressources financières à allouer aux différents sous-secteurs et s’occupe du suivi-évaluation », a indiqué Alexandre Adjinan. Autrement, le Conseil National de l’Education s’occupe de la gestion du système éducatif. Pour une meilleure gestion de ce système éducatif dont le bon fonctionnement préoccupe tout le pays en général, l’homme de la COSI-Bénin pense que le CNE doit vraiment collaborer avec les ministères sous-sectoriels. « Pour accomplir sa mission, le CNE doit collaborer étroitement avec les ministères sectoriels qui sont à l’opérationnel et qui doivent mettre en œuvre la politique éducative. Pour que la collaboration soit fructueuse, il va falloir que le CNE évite de s’ériger en patron des ministères et s’inscrive dans une logique de complémentarité », a fortement souhaité Alexandre Adjinan. Joint au téléphone sur la question de la collaboration qui doit exister entre les ministères de l’éducation et le CNE, Marcellin Hounwanou, Directeur Adjoint de Cabinet du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, tout en nous renvoyant vers le document qui fixe l’existence du CNE, précise néanmoins que « les limites et les niveaux de collaboration entre le CNE et les ministères sont bien définis dans l’AOF. Le CNE est un organe d’orientation et de suivi-évaluation des activités des ministères ».
Réalisé par la Rédaction de Educ’Action