Classement international de Shanghai : Les bémols d’une évaluation réputée des universités - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Classement international de Shanghai : Les bémols d’une évaluation réputée des universités

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L'école d'ingénieurs française CentraleSupélec - qui fait partie de l'université Paris-Saclay - à Gif-Sur-Yvette, en banlieue parisienne, le 8 octobre 2021. © Anne-Christine Poujoulat, AFP

Le classement des universités de Shanghai “compare l’incomparable”. C’est, en substance, la quintessence des nombreuses observations de certains universitaires français après la publication le lundi 15 août 2022 du énième classement de Shanghai des 1000 premières universités dans le monde. En effet, selon les universitaires, le classement de Shanghai s’attarde sur les sciences exactes comme les mathématiques, la physique, la chimie ou les géosciences, sans prendre en compte les sciences sociales et les humanités. Ainsi, commente Jean-Francis Ory, doyen de la faculté des sciences économiques, sociales et de gestion à l’université de Reims Champagne-Ardenne, « il n’y a pas de surprise. On sait d’emblée quels établissements vont être mis en avant ».

Comme à l’accoutumée, informe France 24, le classement évalue les universités selon six critères : les chercheurs hautement cités dans leur discipline, les articles publiés dans les revues scientifiques Nature et Science, le nombre d’ex-étudiants ou de personnels lauréats de prix Nobel ou de médailles Fields, les articles indexés dans les principaux indices de citation et les performances académiques par habitant d’une institution.

Pour Laura Lehmann, première vice-présidente en charge de la stratégie d’influence de la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), le classement est destiné à « valoriser le rayonnement scientifique au détriment de la qualité de la formation ». Tout en soulignant que c’est une bonne chose que quelques universités françaises figurent dans ce classement parce qu’il les rend visibles, Jean-Francis Ory se demande si, par exemple, les 60 000 étudiants de Paris-Saclay bénéficient tous de l’excellence de quelques enseignants-chercheurs.

Poursuivant dans ces explications, l’universitaire fait savoir d’abord que ce classement ne dit rien de la bonne santé des universités. Ensuite, ajoute-t-il, l’immense majorité des étudiants que l’on forme ne font pas de la recherche. « Ce classement ne dit rien sur la qualité de vie au travail, sur l’employabilité ou sur ce qu’on apprend aux étudiants, sur ce qu’on leur apprend en termes de transition écologique et sociale par exemple », fait observer, par ailleurs, l’universitaire. Auteur d’un chapitre dans l’ouvrage “Classement des universités” (CNRS éditions, juin 2022), Jean-Francis Ory martèle que ce sont des classements dont on parle beaucoup trop. On se regarde, on se compare, on se demande où on en est, si on est bons ou pas bons, s’offusque-t-il, avant de faire savoir que ce ne sont pas du tout ces classements-là qui vont dire si l’université française est en bonne santé ou si dans telle ou telle université on forme bien les étudiants.

Un avis partagé par Christine Censier, chasseuse de tête depuis 20 ans et directrice du cabinet de recrutement Censier Conseils. «  Passer par l’une de ses prestigieuses universités signifie que l’on est passé par des processus très rigoureux et sélectifs mais ce n’est pas un acquis figé. Il faut prendre du recul. Parce que vous avez des candidats qui ont fait les meilleures écoles et qui vont poser problème en termes de savoir-être, d’ouverture intellectuelle, culturelle ou encore de capacité d’écoute », soutient la consultante.

Adjéi KPONON

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