Classé 2ième au CEP 2020 au plan national : Exaucé Zinzindohoué, 10 ans, tranche sans un répétiteur de maison - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Classé 2ième au CEP 2020 au plan national : Exaucé Zinzindohoué, 10 ans, tranche sans un répétiteur de maison

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A quelques distances de Triomphe Eliel Godogoé classé premier au Certificat d’Etudes Primaires à l’échelle nationale avec 17,83 de moyenne sur 20, Exaucé Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué, 10ans, s’offre le deuxième rang du Bénin au CEP 2020, se tapant, par ailleurs, la première place pour le département de l’Atlantique. Méthodes et organisations de travail à l’école comme à la maison ont permis le sacre du jeune apprenant désormais modèle de toute une génération. Educ’Action, toujours à la pointe et au service du système éducatif, fait la part belle dans ce numéro à ce petit érudit qui, humblement, s’ouvre aux familles qui rêvent également d’enfants génies dans leurs cours. Grand portrait !

18,63 sur 20. C’est la moyenne générale obtenue par Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué, précédemment élève en classe de CM2 au Complexe Scolaire Jean Piaget 2 d’Abomey-Calavi, et qui lui confère le deuxième rang du Bénin au CEP 2020. Seulement 10ans, le merveilleux écolier est également deuxième d’une fratrie de quatre enfants. D’un père informaticien qui a dû traverser d’énormes difficultés pour, in fine, réussir à inscrire le jeune garçon pour la classe du CM2 au titre de la rentrée scolaire 2019-2020, Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué doit, malheureusement, se séparer comme d’ailleurs ses deux autres frères et sa sœur unique, de sa maman longtemps alitée et déplacée du foyer conjugal pour des soins. Armé de courage, le deuxième du Bénin au CEP 2020 a rapidement transformé ce choc émotionnel en une vague de détermination couplée d’une volonté exceptionnelle pour remonter, par son travail, le moral d’une famille partiellement et surtout psychologiquement affectée. Désormais seul avec papa, ses deux frères et sa sœur et en l’absence de maman, le jeune garçon doit alors participer activement aux travaux domestiques malgré son statut de candidat. Partagé entre les études et les tâches ménagères presque tous les matins avant l’école, Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué loupait, de temps à autres, l’exercice de la dictée matinale des 6 heures 45 minutes qu’organise son maître de classe depuis novembre 2019. C’est dans ce contexte difficile que le jeune écolier, prenant son courage à deux mains, décida de s’ouvrir à son maître. Nous étions au début de l’année scolaire 2019-2020. Désiré Dah-Hinkpon, maître de la classe de CM2 au Complexe Jean Piaget 2, rencontré par les reporters de Educ’Action, s’en souvient : « Il faut avouer que Exaucé n’est pas un enfant qui se fait voir. Je l’ai découvert tardivement. Lorsque vous posez une question, Exaucé n’est pas dans cette huée d’enfants qui disent ici maître, ici maître. Quand bien même il connait la réponse, il ne dit rien. Pour moi, je me dis j’ai quand même fait ce que je dois faire et pourquoi il ne réagit pas ? Exaucé ne s’agite pas. Un jour à l’école, j’étais là quand il s’est approché de moi et m’a dit maître. J’ai répondu oui Exaucé, tu as quoi ? Il me répond : un jour, je vais vous faire connaitre au monde. Cela m’a surpris et je lui ai demandé mais comment tu veux me faire connaitre au monde ? Tu veux m’acheter un avion ? Tu veux me construire une maison ? Je lui ai posé tellement de questions et c’est de là qu’il me dit qu’il sera parmi les trois premiers au CEP 2020. A partir de ce moment, ceux qui ne me connaissaient même pas, vont m’appeler de n’importe où à cause de son résultat à l’examen. C’était bizarre pour moi mais rapidement, je me suis repris comptant désormais sur la capacité de Exaucé ». Ce témoignage du maître a tout l’air d’une confidence entre lui et son apprenant, puisque le père de Exaucé l’a entendu pour la première fois au même moment que les reporters de Educ’Action. Une grande surprise donc empreinte d’émotions pour le géniteur de Exaucé, qui, aussitôt, se reprend, affirmant que son garçon Exaucé est sur les traces de son frère aîné, qui, lui aussi, a été classé 3ième du Bénin au CEP 2018. De cette forte déclaration à son maître d’école, Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué a fini par donner corps à cette prophétie, à ce rêve d’enfant mature qui tient par ses performances à redonner confiance et courage à son papa et surtout à sa maman alitée. Deuxième au plan national, il ravit la première place à ses concurrents dans le département de l’Atlantique.

Une brillante réussite sans surprise pour les proches du jeune garçon

Tout comme le maître d’école, Cécile Kossouho, directrice du Groupe B du Complexe Scolaire Jean Piaget 2 d’Abomey-Calavi, avoue le caractère effacé de Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué. A l’en croire, le nom du jeune garçon ne figure presque jamais sur la liste des écoliers bavards. « Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué est un enfant discipliné. C’est vrai que l’année a été difficile pour lui à cause de la santé de sa maman. Les seules fois où vous l’entendez, c’est lorsque ses camarades corrigent quelque chose au tableau et qu’il n’est pas d’accord. Il va débattre avec ses amis jusqu’à ce que vous apportiez la bonne réponse. Il ne négocie pas les meilleurs rangs de sa classe, voire de l’école. C’est un garçon qui travaille au jour le jour. Je pense qu’il doit avoir une certaine discipline à la maison. La coordonnatrice des écoles primaires de Jean-Piaget a fait le même constat que moi lors du deuxième examen blanc de Jean Piaget. Il a suivi les pas de son grand frère qui a aussi été 3ième au CEP en 2018 », a confié la directrice à Educ’Action, martelant que ce résultat atypique de Exaucé n’est pas le fruit du hasard. Le garçon, par son travail, précise-t-elle, figure sur la liste des cinq (05) écoliers méritants sur lesquels misait le complexe. Romaric Zinzindohoué, le père du garçon, ne dira pas le contraire. Pour lui, « rien n’est spontané, tout se construit. »

Des secrets de réussite de Exaucé…

Parlant des secrets de la réussite de son enfant, le géniteur met en avant la prière et la foi en Dieu. A l’en croire, la prière a été le sous-bassement de la performance de Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué. Des propos confirmés par Exaucé, le lauréat, qui martèle que sa réussite n’est pas le fruit du hasard parce qu’il a fallu qu’il se donne une certaine autodiscipline et organisation pour arriver à ce niveau. « Pendant les heures de repos entre 12 heures et 14 heures, moi j’apprends ou je révise mes leçons ou je prépare mes cours du soir. Donc à l’heure de la pause, quand mes camarades sont en train de se reposer, moi je mets cela à profit pour travailler. Je me couche généralement à 22 heures et parfois, je me réveille à 4 heures pour travailler avec mon papa et déjà à 6 heures du matin, on se prépare pour aller à l’école. Les matins, je suis presque toutes les fois en retard, mais j’essaye toujours de me rattraper pendant la journée. Si je dois conseiller quelque chose à mes camarades, c’est d’apprendre au jour le jour les leçons, de laisser la distraction de côté au cours de l’année scolaire et de demander des explications si on ne comprend pas un cours. Ma distraction, c’est mon cahier de leçons. Si je dois nécessairement me distraire, je me lance dans les jeux de culture générale comme ‘‘Qui veux gagner des millions?’’»

L’accompagnement familial et scolaire, l’autre secret de Exaucé…

Logeant dans une maison modeste avec ses parents au quartier Ouèdo, dans la commune d’Abomey-Calavi, Exaucé ne dispose pas de répétiteur de maison. En cas de difficultés pour traiter ses exercices, le jeune garçon a souvent fait recours à son père ou à son frère aîné qui passe en classe de quatrième cette année scolaire. « On a constaté au début de l’année scolaire qu’il n’avait pas un bon niveau en dictée. Donc à longueur de journée, je lui faisais beaucoup de dictées et il assimilait de nouveaux mots qui enrichissaient son vocabulaire. Cela a été d’une grande aide pour lui », a fait savoir Godwin Zinzindohoué, le frère aîné de Exaucé qui a ouvert la brèche de l’excellence dans la famille en occupant le troisième rang au plan national pour le CEP 2018. Pour lui, c’est un honneur et une fierté de voir son jeune frère briller mieux que lui cette année. Une satisfaction qu’il éprouve fièrement d’ailleurs devant les reporters de Educ’Action à travers les échanges de poignées de mains avec Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué. Cette brillante réussite à l’examen du CEP 2020, Exaucé la doit également à son maître d’école avec qui il partage beaucoup ses secrets et son organisation de travail. « Ma particularité, c’est que lorsque vous rentez dans ma classe, vous n’allez pas savoir qu’il y a un maître. Cela pourrait étonner certains ; souvent, je suis confondu avec mes apprenants, je fais les jeux de bras de fer avec eux et dans le sourire, nous travaillons. Pour que l’enfant ou l’apprenant puisse mieux vous comprendre, il faut que vous vous mettiez à son niveau. Donc, c’est cette approche que j’ai utilisée. En dehors de cela, tous les matins à 6 heures 45 minutes, je leur fais la dictée matinale. Celui qui vient après 6 heures 45 minutes reste à la porte. Je ferme la porte et à la fin de la dictée, j’appelle la directrice pour le commentaire. Quand il sonne 8 heures, on commence la leçon du jour jusqu’à 17 heures. On corrige les cahiers et ensuite, ce sont les exercices de maison, puis on sort à 17 heures 30 minutes », a déclaré le maître de Exaucé à Educ’Action, parlant de sa méthode de travail.

Exaucé au service de ses camarades pour le partage des connaissances

« Exaucé est sympathique, il échange beaucoup ses connaissances avec ses amis. Parfois, c’est lui qui va corriger les exercices au tableau. C’est en couture que je viens souvent vers lui parce qu’il est bon en couture. Il m’explique ce que je n’ai pas compris et je suis souvent satisfait », a dit Joseph Alihonou, camarade de classe de Exaucé. Pour lui, son ami, deuxième du Bénin au CEP 2020, n’est pas égoïste en matière de partage de connaissances. La première responsable de la classe de Exaucé, Khayrath Atchadé, va renchérir en ces termes : « Lorsque j’ai appris que Exaucé est le deuxième du Bénin au CEP 2020 et le premier du département de l’Atlantique, j’étais émerveillée et heureuse pour lui. J’aime sa manière de travailler. Quand il travaille, il n’aime pas qu’on le dérange, il doit être concentré. Parfois, quand on le sollicite pendant ces moments, il dit d’attendre un peu ou soit, il s’occupe de la personne d’abord et après, il continue son travail ». Cette culture d’entraide et de partage de connaissances développée par Exaucé est l’œuvre de son maître de la classe de CM2 du Complexe scolaire Jean Piaget 2 qui a réussi à instaurer dans sa classe les « Etudes en pool » avec huit (08) groupes de cinq (05) apprenants chacun. Ces groupes d’études sont dirigés par les élèves travailleurs de la classe dont Exaucé. L’idée, selon les explications de l’enseignant Désiré Dah-Hinkpon, est d’amener les premiers à entrainer les faibles à s’améliorer dans le travail. « Exaucé a été terrible, disons-nous la vérité. Il a raté la première place une seule fois, sinon il a été toujours premier pendant les évaluations. Nous avons trois (03) sites et il y a deux (02) classes de CM2 sur chaque site. Donc pour les six (06) classes de CM2 de Jean Piaget, on avait fait l’examen blanc et les gens avaient refusé que nous, les enseignants, proposions les épreuves. Ils sont allés ramener une épreuve de mathématiques. Mais rassurez-vous, la copie de Exaucé a fait le tour de tous les enseignants parce que c’était extraordinaire. Le devoir rendu par Exaucé était encore plus riche et structuré que le corrigé-type proposé. C’est moi qui le dis, je pèse bien mes mots. Même la coordonnatrice des écoles Jean Piaget était surprise. Elle a demandé c’est qui ce garçon ? J’étais fier de dire que c’est mon élève », a lâché fièrement à Educ’Action, sourire dans le creux du visage, Désiré Dah-Hinkpon, maître d’école du deuxième du Bénin au CEP 2020.
Exaucé Marie-Perlos Mahugnon Zinzindohoué qui pense récidiver les années à venir, adore le pain de sucre et la pâte rouge accompagnée d’ailerons. Il rêve de devenir un pilote d’avion ou un avocat.

Edouard KATCHIKPE & Adjeï KPONON

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