Jules César, le grand homme d’Etat romain écrivit après une guerre qu’il mena en 47 avant JC, avec rapidité et précision : ‘‘veni vidi vici’’ (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu). L’histoire se répète et bien plus tard, en cette période où tout le ministère en charge de l’Enseignement primaire semble être sur pied de guerre pour réaliser avec succès le CEP, moi, homme de lettres et éducateur d’Etat, je suis venu, j’ai vu et j’ai été convaincu !
La première étape du processus qui est l’administration des épreuves de cet examen crucial aux élèves ou si vous voulez la composition, relevait de grandes manœuvres et de stratégies à la fois pour d’abord bien exécuter la composition et ensuite éviter la fraude.
De triste mémoire, le bruit avait couru avant et continuait de courir avec la rupture que cet examen connaissait trop de fraudes et d’accommodations. Ainsi, la fraude s’organisait avec des parents qui s’entendaient, dans de lointaines contrées et peut-être et sûrement même tout près, avec les enseignants commis qui étaient reçus en grande pompe où pendant tout le processus avaient le gite et le couvert et même d’autres commissions et permissions inavouées. Je me souviens d’un premier dirigeant des examens et concours qui le déplorait à haute voix.
Ensuite, venait l’accommodation qui était plutôt politique où les gouvernants estimaient que le bien des parents ayant consenti des sacrifices, était dans la réussite en masse des enfants et, alors la moyenne de passage descendait jusqu’à tomber dans un trou noir afin que puisse émerger ce diable de pourcentage dodu et plein de la crasse de cette ignorance qui allait poursuivre ces enfants jusqu’à la fin de leurs jours.
Et, c’est alors que pour cet examen de 2020, EDUC’ACTION avec sa rigueur et son objectivité habituelles, avait osé poser à l’autorité principale en charge du CEP, à savoir le Ministre, la question de savoir si ces situations désastreuses continuaient d’entacher notre système.
La réponse fut claire et précise : il est temps de dépasser les supputations et les suppositions car, s’il est vrai que chaque œuvre humaine a besoin de perfection, d’amélioration, il y a une rigueur et un ensemble de principes mis en place par le Gouvernement actuel qui n’autorisent plus ces choses en partant de l’idée qu’il ne s’agit plus de donner du poisson à l’enfant et faire de lui un eternel assisté, mais surtout de lui apprendre à pêcher la compétence. ‘‘Allez donc voir, car nous n’avions rien à cacher’’.
Nous allâmes donc sur le terrain en ce moment de la composition avec pour mission de vérifier si le travail était exécuté avec rigueur et s’il n’y avait pas de fraudes. Comme souligné plus haut, tout cela relevait de grandes manœuvres de stratégie : il y a avait au premier niveau le chef centre et les enseignants, ensuite une équipe de supervision piquet qui restait dans un centre au moins une demie journée et une autre équipe de supervision itinérante qui venait superviser le premier niveau et la supervision piquet. A tout cela, était venu s’ajouter cette année l’œil du CNE, le Conseil National de l’Education.
Deux choses m’ont étonné : la première, c’est que chaque acteur jouait sa partition avec sérieux et précision avec quelques habituelles situations difficiles d’élèves malades, en retard, voire souhaitant abandonner en cours de route. Alors, les équipes en place se complétaient, s’accompagnaient pour trouver la solution. La seconde, c’est cet enthousiasme qui animait les enfants qui, pour ceux que j’ai vus, supervisés et même épiés, n’avaient aucune malice et aucun souci de tricherie ou de fraude de telle façon que je me sentais convaincu que la fraude venait plutôt d’en haut, lorsque des éducateurs corrompus croyant aider, amenaient ces êtres innocents à recommencer, comme dans le jardin d’Eden, l’épreuve du diable tentateur qui offrait un fruit empoisonné à travers des épreuves corrigées.
La dernière image que je garde précieusement et qui m’a réconforté et m’a fait espérer en cette relève de demain, c’est celle d’un enfant que j’ai commis manu militari à la remise en fonction des dispositifs de lavage des mains en ce moment de la Covid-19. Il s’y appliqua avec une dextérité qui m’impressionna et en quelques mouvements précis, il réajusta les éléments du dispositif, mît de l’eau dans les bidons et ô surprise ; là où j’attendais la faute, se relava les mains !
Ma surprise fut donc grande et je me demandais si j’étais tombé sur le seul bon numéro comme à la loterie mais, je me souvins du Commandant en chef, je veux nommer le Ministre qui, confiant en ses troupes et en lui même, m’avait envoyé sur le terrain comme pour dire : nous faisons de notre mieux avec rigueur et précision et, lentement et sûrement, la relève de demain est en route !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe