La période des examens à grands tirages est désormais lancée avec le Certificat d’Etudes Primaires (CEP). Les 226 676 candidats ont ainsi planché du 7 au 10 juin 2022 sur l’ensemble du territoire national. Si pour la grande majorité des candidats tout s’est passé comme sur des roulettes, pour quelques-un, cela a été un moment difficile. Voici quelques moments forts de cet examen du nord au sud du Bénin
Jeudi 09 juin 2022, centre de composition de Sikè Nord. Il est environ 16 heures. Tout est calme à l’entrée. Un peu loin deux agents de Police assis sur un banc non loin du secrétariat veillent à la sécurité des lieux. Occupé à remplir des fiches, c’est avec un sourire que Florent Adanyossi, le chef du centre d’examen de 489 candidats confie : « Nous sommes actuellement à l’étape des Epreuves Physiques et Sportives (EPS) qui ont démarré ce jour. » Pour mieux comprendre ce qu’il en est de ces épreuves et du programme de ces activités, c’est Claire Tossou, un des surveillants, qui laisse quelques mots. « Les activités ont démarré à 8 heures », a fait savoir le surveillant habillé en tenue de sport. Il a aussi rappelé que tout était déjà en place depuis leur arrivée dans le centre autour de 6h30mn. Pour l’enseignant, la principale source de stress réside dans le remplissage des fiches. Il faut y mettre toute son attention pour ne pas faire des ratures car la saisie est manuscrite, a mentionné Claire Tossou. Pour Roseline Jeannine Guezodjè, une surveillante habituelle à l’EPS, « tout est parfait ». Cependant, elle partage, une situation qui l’a un peu chagrinée. « Je n’ai eu aucune difficulté mais il y a un enfant qui n’a pas pu composer ce jour parce qu’il s’est fait qu’il était absent hier [mercredi 08 juin 2022, ndlr] à la composition. Une absence que le candidat justifie par le fait que son oncle ne l’a pas réveillé et lorsqu’il s’est réveillé de lui-même il était déjà 8h55mn et qu’il ne pouvait plus se présenter au centre de composition », a narré d’un ton triste la surveillante habillée en pantalon et tee-shirt rouge. Selon elle, c’est une situation assez pénible, car ce n’est pas facile de perdre une année scolaire.
Approché dans son bureau situé juste à côté du centre, Augustin Yenou le Chef de la Région Pédagogique (CRP) 60 fait savoir que seuls les cas d’abandon pour faute de maladie et justifiés par des certificats médicaux pourront être rachetés à la session des malades. « Pour les candidats dont ce n’est pas des cas de maladies, il sera difficile de les autoriser à passer la session des malades », souligne le CRP. Il a aussi profité de l’occasion pour exprimer toute sa joie par rapport au déroulement de l’examen. Il a ainsi remercié le Créateur pour la clémence du temps durant ces trois jours de composition. Ce temps des beaux jours a été aussi observé dans de nombreux centres au moment du lancement de l’examen.
Un lancement national sous le sceau de la qualité à Tchaourou
« Nous travaillons depuis des années sur la qualité de l’enseignement. Notre souhait est que nous puissions aller au-delà de 85%. Que cette année, nous ayons au moins 90%, pas 90% ‘‘kpayô”, mais 90% bien. De sorte que, quand les enfants parlent, il faut qu’on sache qu’ils ont appris quelque chose à l’école. » Ce sont les mots de Salimane Karimou, ministre des Enseignements maternel et primaire, lors du lancement officiel des épreuves du Certificat d’Etudes Primaires (CEP), le mardi 07 juin 2022 au CEG Tchatchou, dans la commune de Tchaourou.
Tout en prenant le pouls du centre de composition qui accueille 372 candidats repartis dans onze salles, le ministre s’est assuré du respect des consignes par les surveillants, et a prodigué des conseils aux candidats. « Dès que vous allez recevoir l’épreuve, prenez le temps de bien lire. Lisez-la posément. Ne soyez pas pressé ! Commencez par la question la plus facile. Tout le monde a peur de la mathématique, mais c’est la plus facile des épreuves », a conseillé l’autorité ministérielle en invitant les jeunes candidats à faire preuve de confiance en soi et de courage.
En présence des autorités locales, municipales, pédagogiques et du préfet du département du Borgou, le ministre n’a pas manqué d’attirer l’attention sur les défis de l’Ecole dans la localité. Lesquels défis ont milité en faveur du choix du CEG Tchatchou pour le lancement de l’examen. « Il faut travailler par rapport à la scolarisation. L’école la plus proche, le village d’où viennent les enfants est à 8 km d’ici. Malgré la volonté de créer un centre dans le village, l’équipe du CRP a vu que ce serait une perte pour l’État, car il y aura très peu de candidats, au vu de tout ce qu’il faut mobiliser et envoyer comme ressources. Cela nous interpelle tous, notamment les autorités locales, le maire, le préfet », a souligné Salimane Karimou, premier responsable du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP).
Première journée sans anicroche à Cotonou et Abomey-Calavi
A l’Ecole Primaire Publique (EPP) Houalacomey, dans la commune d’Abomey-Calavi, 292 candidats sont à l’assaut de ce premier diplôme scolaire. Il est 11 heures passées de quelques minutes quand démarre la troisième épreuve de la matinée. Comlan Ahodékon, le chef centre, accompagné de quelques surveillants s’est rendu dans la salle 7 pour procéder au lancement de l’épreuve d’Education Scientifique et Technologique (EST). Mais avant, une vérification de l’enveloppe contenant les épreuves a été faite par les apprenants. « Vous avez bien regardé ? Avez-vous vu une anomalie au niveau de l’enveloppe ? L’enveloppe est-elle bien fermée ? », a-t-il demandé aux candidats après avoir fait circuler cette dernière dans toutes les rangées de la classe. Suivra l’ouverture de l’enveloppe au vu et au su de tous. « Tout a bien commencé suivant le calendrier. Depuis 7 heures, on a installé les enfants. Nous avons 292 candidats inscrits et dans tout le centre il n’y a eu que deux absents. Tous les enfants sont venus avec leurs pièces à jour. Nous n’avons eu aucun incident. Et je pense qu’avec la bénédiction du ciel tout va bien se passer », a témoigné le chef centre.
A l’EPP Vèdoko 1, il n’y a aucun incident à en croire le chef centre Jean Djohoun. « Les épreuves ont effectivement démarré à 8 heures, avec la présence des candidats. Il n’y a pas eu d’absents parmi les candidats au nombre de 438, 212 garçons et 226 filles. C’est plutôt parmi les surveillants de salle qu’il y a eu trois absents qui ont été très vite remplacés », a-t-il dit au micro de Educ’Action avant de se réjouir des nombreuses visites reçues. « Cette année, il y a eu pas mal de superviseurs qui sont passés. Cela prouve que les choses sont mieux suivies en haut lieu », salue-t-il.
A quelques minutes de ce centre de composition, les reporteurs posent leurs valises à l’EPP Mènontin nord, à Cotonou, qui reçoit une délégation. Ayant à sa tête Augustin Yènou, le Chef de la Région Pédagogique (CRP) 60 Cotonou-Sikè, cette délégation composée de conseillers pédagogiques et de syndicalistes est venue aux nouvelles du déroulement de l’examen dans ce centre. La cheffe centre, Pamela Hessou Aloukou, ne tardera pas à les informer de la situation. « Nous avons au total 251 candidats inscrits, 249 sont présents et deux sont absents. Il n’y a pas d’incident majeur. Tout se déroule bien, les enfants composent dans de bonnes conditions », a-t-elle confié à la délégation.
Le CRP Augustin Yènou n’a pas manqué de se prononcer après les nombreuses écoles visitées. « J’avoue que tout se passe très bien. C’est heureux que le premier jour soit ainsi. Les enfants sont très sereins, on les a vus en salle, bien disposés à affronter les épreuves qui leur seront présentées. Il y a eu moins de candidats absents cette année et c’est à l’actif des directeurs et parents d’élèves. Nous souhaitons que les enfants puissent se défendre face aux épreuves pour que nous ayons un meilleur score cette année », appelle le CRP de tous ses vœux.
Des erreurs signalées sur les cartes scolaires et l’épreuve de lecture
Bien qu’il n’y ait pas d’incident majeur dans le déroulement des examens, on peut constater quelques petites erreurs à en croire les chefs centres rencontrés. « Nous avons constaté des erreurs au niveau des cartes d’identité des candidats. Certaines de ces cartes d’identité sont mal faites. Les noms des candidats sont écrits de façon différente que ce qu’on peut lire sur la liste envoyée par le ministère. Nous avons donc été obligés d’appeler les parents afin qu’ils nous envoient les actes de naissance des enfants pour vérification. C’est ce qui nous a permis de décanter la situation », a exposé Pamela Hessou Aloukou, la cheffe du centre EPP Mènontin nord.
L’autre éventuelle erreur soulevée se trouve au niveau de l’épreuve de lecture. Mais à ce propos, les chefs centres n’affirment rien. « Je ne peux juger qu’il y a erreur sur les épreuves. Nous avons fait un constat et ce n’est pas à notre niveau que nous allons corriger ça, c’est juste un constat », a expliqué Pamela Hessou Aloukou. « Nous avons eu une erreur au niveau de la lecture. C’est une erreur de saisie en fait, et seule la Direction des Examens et Concours (DEC) pourra nous situer sur ce qu’il fallait à la place où on a constaté », a renseigné à son tour, le CRP 60, Augustin Yènou, avant de poursuivre sa tournée.
A Avrankou, les écoles équipées en table-bancs pour accueillir les apprenants
Pour cette première journée de l’examen du CEP, le conseil communal d’Avrankou, réparti en plusieurs équipes, a effectué une descente de terrain pour apprécier le bon démarrage de l’examen. Les centres de composition de Kouti-centre, Lotin Gbèdjèwin et Gbakpo Yenouaklé ont reçu la visite du premier adjoint au maire, Mathieu Hounkanrin. C’est à Kouti-centre qu’il a officiellement lancé les épreuves de l’examen à 8h30mn, après avoir rencontré les responsables du centre de composition et avoir prodigué des conseils et dit des mots d’encouragement aux candidats.
Le responsable communal n’a pas manqué au passage de rappeler les efforts du Conseil pour un déroulement de l’examen selon les règles de l’art. « Le conseil communal a fait réaliser des tables-bancs pour des écoles, notamment les centres de composition, afin que le confort soit dans les salles, permettant ainsi aux candidats de bien composer », a informé le premier adjoint au maire. « Si l’année dernière, en temps de crise sanitaire de Covid-19, les candidats par manque de salles équipées en mobiliers ont composé au collège de la localité, cette fois-ci, ils ont le mobilier nécessaire au complexe scolaire où ils composent désormais », a laissé entendre Jérémie Toviakou, le chef d’arrondissement de Kouti.
Boniface Sognigbé, chef du centre d’examen, a, quant à lui, rassuré que toutes les dispositions ont été prises pour le bon déroulement de l’examen du CEP dans son centre qui accueille au total 500 candidats, 268 garçons et 232 filles, répartis dans quinze salles de composition.
12 417 candidats planchent dans le Mono
C’est à l’Ecole Primaire Publique (EPP) centre de Grand-Popo que l’examen du CEP a été lancé dans le département du Mono. A la tête d’une forte délégation, c’est Bienvenu Milohin, qui a sacrifié à la tradition. Encouragements, invitation à la concentration et à la sérénité, ont été la trame des mots que l’autorité préfectorale a adressé aux jeunes apprenants. Avec la complicité des candidats et en présence des maires de Grand-Popo et de Comè, ainsi que du directeur départemental des Enseignements maternel et primaire, le préfet a honoré le cérémonial de lancement des épreuves en procédant à la vérification de l’intégrité des enveloppes contenant les épreuves. Comme partout ailleurs, la première épreuve de composition est celle de Compréhension écrite prévue pour durée 60 minutes qui a été distribuée aux candidats.
Après cet exercice, cap a été mis sur l’arrondissement de Oumako, dans la commune de Comé, qui accueille pour la toute première fois un centre de composition. Pour Bienvenu Milohin, c’est une doléance qui s’est enfin concrétisée. « Nous avons tenu particulièrement à faire cette escale parce qu’il y a longtemps que nous avons sollicité l’ouverture de ce centre et aujourd’hui c’est chose faite. Nous tenions quand-même à venir ici rendre témoignage à nos autorités au niveau supérieur », a estimé le préfet du Mono pour remercier les autorités du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). Pour le maire de Comè, Koffi Bernard Adanhopè, l’ouverture de ce centre d’examen à Oumako réduit les peines des apprenants qui parcouraient des kilomètres pour se rendre à Comè avant de composer le CEP.
La délégation préfectorale a achevé son périple au centre de composition des candidats à besoin spécifique de Djanglanmè. Pour cette session de juin 2022, ce sont au total 6 577 garçons et 5 840 filles qui ont planché dans 51 centres de composition dans le Mono.
Dès le lundi 13 juin, démarre l’anonymat et ainsi de suite jusqu’à la délibération finale a renseigné Augustin Yenou. Les résultats quant à eux sont attendus le 1er juillet 2022
3 questions à Mamadou Kochoni, CRP 48 Tchaourou,à propos du choix d’un collège comme centre d’examen
Educ’Action : Présentez-nous votre région pédagogique, en termes de statistiques ?
Mamadou Kochoni : C’est une région pédagogique résumée à une seule circonscription scolaire. Nous avons 28 écoles maternelles publiques, 6 écoles maternelles privées, 189 écoles primaires publiques, 19 écoles primaires privées et 9 écoles d’éducation alternatives appelées centres Barka. Nous avons 6 zones pédagogiques avec 5 conseillers pédagogiques, donc il nous en manque un. Nous avons 4 unités pédagogiques au niveau des écoles maternelles, 47 au niveau des écoles primaires. Les écoles maternelles publiques ont 1 157 apprenants, au niveau du privé nous avons 191, soit un total de 2 048 apprenants à la maternelle. Au niveau du primaire, nous avons 44 270 apprenants dans le public et dans le privé 2 847, soit un total de 47 117 élèves au primaire.
En ce qui concerne le personnel enseignant, notamment dans le secteur public, au niveau de la Maternelle nous avons 2 Agents Permanents de l’État (APE), 28 Agents Contractuels de Droit Public (ACDP) et 26 Aspirants au Métier d’Enseignants (AME), soit un total de 56 enseignants. En ce qui concerne le Primaire, nous avons 223 APE, 338 ACDP, 188 AME, soit un total de 749 enseignants. Au total, nous avons 805 enseignants à Tchaourou.
Pourquoi avoir choisi le CEG Tchatchou comme centre d’examen ?
Pour créer un centre d’examen, il faut que l’effectif du centre qui accueillait les enfants soit pléthorique, déborde, au-delà de 400 candidats. Il faut aussi considérer l’éloignement des écoles qui doivent composer dans le nouveau centre. Il faut aussi voir la disponibilité des infrastructures du complexe qui doit abriter le centre et aussi tenir compte des installations sportives de ce complexe. Ensuite, une demande est adressée à la DEC du MEMP.
Dans certains de nos centres, nous n’avions pas ces infrastructures, ce qui fait que dans Tchaourou, nous avons nos élèves qui composent au CEG de Tchacthou et de Bétérou. Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour que l’an prochain les enfants ne composent plus dans les CEG. On peut créer deux centres à Tchatchou et un à Bétérou. Cela nous évite certaines difficultés. Le plus souvent, lorsque nous devons travailler, les élèves du collège sont encore au cours et il est difficile de nous libérer les salles. Par exemple, nous sommes en train de passer le CEP, et ce matin du 9 juin déjà, les collégiens ont déjà commencé à ranger les tables. Heureusement que nous sommes à l’étape de l’EPS, donc on n’en a pas besoin.
Quelles sont les difficultés de la région pédagogique ?
La première difficulté, c’est l’immensité de la commune de Tchaourou qui s’étale sur plusieurs ailes. Par exemple, pour aller à Kika et Bétérou, il faut nécessairement passer par Parakou. Il y a ensuite la difficulté d’accès de certaines écoles. Le personnel administratif et enseignant est insuffisant. Il y a aussi le faible niveau de culture des enseignants, le faible taux de fréquentation dans certaines localités, il y a le peu d’importance accordée à l’école par les parents, la mauvaise interprétation de la gratuité de l’école.
Je voudrais aussi remercier le Gouvernement pour les efforts fournis avec notamment l’instauration des AME pour combler le gap des enseignants, et la dotation des cantines scolaires pour la rétention des enfants. Tchaourou compte déjà 138 écoles à cantine. Cela permet véritablement de gagner des enfants et d’améliorer le taux de fréquentation.
Réalisation : La Rédaction