Centre d’Accueil et de Protection d’Enfants : Dans les couloirs du REBB à Houègbo gare - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Centre d’Accueil et de Protection d’Enfants : Dans les couloirs du REBB à Houègbo gare

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Les enfants orphelins ou en situation difficile de Houègbo gare bénéficient, depuis 2008 de l’attention du Refuge de l’Enfant Benedetta Bartolozzi (REBB). L’essentiel y est pour l’accueil et la protection des enfants dans le besoin.

Nous sommes le vendredi 21 octobre 2022. Il est 9 heures, un vent doux circule dans l’arrondissement de Houègbo, précisément à Houègbo gare. Ici, dans le quartier Houénoussou se trouve le Refuge de l’Enfant Benedetta Bartolozzi (REBB), un Centre d’Accueil et de Protection d’Enfants (CAPE). Initiative du père Antoine Metin, le REBB accueille les enfants de 3 ans à 12 ans. « Il faut dire que tout a commencé par une fraternité. C’est la fraternité des couples unis par le mariage. C’est le révérend père Antoine Metin de l’église catholique qui a eu cette idée géniale de mettre ensemble des couples dont il a béni le mariage pour partager des expériences. C’est fort satisfait des expériences de partages entre ces couples que le groupe a décidé de s’organiser en une association afin de s’étendre au-delà du cadre religieux catholique. Ainsi est née l’Association Famille en Mission (AFM) », conte Franck Houessou, directeur exécutif de l’Association Famille en Mission. En effet, le REBB est une unité de cette Association. Créé depuis 2008, le REBB qui s’investit dans l’épanouissement des enfants a eu son agrément en 2020avec comme ligne directrice la protection des enfants en situations difficiles. Au-delà de l’existence de ce CAPE, les enfants ont droit à un lieu d’apprentissage en vue de passer un cursus scolaire de base comme les autres enfants inscrits à l’école. Le Complexe Notre Dame de la Famille est né aussi pour venir en appui aux préoccupations de l’AFM. Ces deux entités partagent une superficie de 35 ares et 26 centiares. « Ce sont les enfants qui donnent la notion de foyer aux familles parce que quand on parle de famille, ce n’est pas la même chose que le foyer. Notre préoccupation est de tout faire pour que les enfants soient bien traités, que leurs droits soient protégés », a précisé le directeur exécutif de l’AFM. Cyrille Boglo est le directeur du Refuge. Il se fait accompagner par Clémence Zannou, assistante sociale. « Ce bâtiment est le fruit d’une volonté d’immortaliser la mémoire de Benedetta Bartolozzi, une médecin italienne. Ceci passera normalement par la construction d’un hôpital en Afrique. Donc, les organisateurs ont lancé un appel à souscriptions. Cet appel n’a pas prospéré parce que les fonds ne suffisaient pas pour construire un hôpital », témoigne le directeur Cyrille Boglo. Il ajoute : « Le père Antoine Metin qui était en Italie a eu l’occasion de croiser le chemin de ces personnes. Comme il avait cette idée d’installer un CAPE, les personnes ont souhaité l’accompagner. C’est ainsi que le père a pris ses sous pour construire ce bâtiment. C’est là que le nom de la dame a été donné au bâtiment. »

 

    Les critères d’admission au REBB

Le REBB dispose pour le bonheur des usagers, des lieux peu ou prou en phase avec les normes et standards applicables au CAPE. Il y a la direction, le bureau de l’assistant social, deux dortoirs dont un pour les filles et un pour les garçons, un magasin pour le stock des vivres, une cuisine, un espace de jeux avec équipements pour les enfants de la maternelle, un hall d’animation, une salle polyvalente, un réfectoire. Avec des bâtiments majoritairement gris, ce CAPE, au-delà des standards définis par les autorités compétentes, a ses critères d’admission propre à lui. Il y a le principe de nécessité et celui de l’adéquation. Cyrille Boglo, également consultant en droits de l’enfant explique : « Le principe de la nécessité parce que conformément aux normes, à la situation de l’enfant et aux caractéristiques de notre CAPE, nous pensons qu’il est nécessaire pour l’enfant de dormir ici. C’est l’enquête sociale qui nous oriente. Nous faisons régulièrement des enquêtes pour actualiser les données concernant les enfants. » Après l’enquête sociale faite sous la coupole de l’assistante sociale du REBB ou du Centre de Promotion Sociale (CPS) de Toffo, il est ajouté l’ordre de mise à disposition. Ceci, quand l’enfant vient du CPS. Si ce sont d’autres instances, précise Cyrille Boglo, nous allons demander l’ordre de mise à disposition.
Quant au principe d’adéquation, tous les enfants ne sont pas admis et pour cause, le respect de la cible choisie par le REBB est son centre de gravité. « Ici, nous prenons les enfants de 3 ans à 12 ans », a laissé entendre Franck Houessou, directeur exécutif de l’AFM avant de rappeler que « nous sommes directement saisis par une personne de la communauté et nous suivons le processus ou le CPS peut nous référer un cas. Il faut aussi un engagement d’un parent biologique de l’enfant pour prendre l’enfant pendant les congés et les vacances. »

Les difficultés persistent malgré les progrès réalisés

« De 2008 à 2022, nous avons enregistré 41 enfants. Nous avons un enfant aujourd’hui qui est en année de master en immunologie à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Il y a aussi certains qui sont dans d’autres domaines. Actuellement, nous avons 17 enfants dans notre CAPE qui sont totalement pris en charge », fait savoir le directeur exécutif de l’AFM en termes de bilan à mettre à l’actif du REBB. Cette évolution constatée dans l’admission d’enfants dans ce CAPE est parsemée d’embûches. « Nous avons un beau bâtiment certes, mais pour être franc, nous avons des difficultés financières. L’AFM joue des pieds et des mains pour que nous puissions satisfaire aux besoins des enfants », a déclaré Cyrille Boglo, au prix de l’effort. Abondant dans le même sens, le directeur exécutif ajoute la main sur le cœur : « Il faut d’abord aimer la chose et il faut remercier Dieu pour avoir donné l’idéal génial à ce révérend père. Les moyens manquent toujours. » Poursuivant dans ses envolées explicatives, il témoigne que le REBB fonctionne grâce aux recettes du Complexe Scolaire Notre Dame de la Famille. C’est pourquoi, souligne-t-il, quand nous trouvons l’opportunité, nous demandons de l’aide aux personnes de bonne volonté.
Connaissant ainsi les défis, la direction du REBB fait une réinsertion familiale. A ce propos, un dispositif approprié est mis en place pour gérer l’enfant. « Nous discutons avec les parents parce qu’il faut un dispositif approprié pour gérer l’enfant. Pour ces enfants qui doivent sortir deux ans à l’avance, nous sommes dans ces échanges avec les parents puisqu’ils viennent chaque fois chercher les enfants pendant les congés et vacances », a indiqué Cyrille Boglo.

La vie des apprenants au sein du CSNDF

Christophe Agani est âgé de 12 ans. Il est aujourd’hui aux soins du REBB. En classe de CE2 au Complexe Scolaire Notre Dame de la Famille (CSNDF), ce garçon dont la mère n’a pas les moyens, aspire au soir de ses études à la coiffure. « Mon père est loin d’ici, maman m’a amené dans l’orphelinat. J’ai déjà fait 2 ans. Ici, je suis heureux. Nous avons les fournitures à notre disposition et nous mangeons 4 fois par jour », affirme-t-il avant de dire d’un air triste qu’au cours des congés et des vacances, le manger devient un luxe » témoigne le jeune adolescent. Pendant les congés et les vacances, selon les critères d’admission au REBB, les enfants sont placés sous la tutelle de leurs parents. Elvire Kinkpé, âgée de 13 ans, est fille d’une fratrie de cinq enfants. Orpheline de père et de mère, elle est, depuis 2022, au REBB et fait la classe de CM2 au Complexe Scolaire Notre Dame de la Famille. « Depuis le décès de papa, maman a des difficultés pour nous nourrir. C’est ainsi que je suis venue ici. Tout va bien. Nous nous amusons et mangeons bien 4 fois par jour. J’aimerais être docteure. Je souhaite qu’on m’aide dans mes études », affirme-t-elle. « En général, les difficultés de concentration et d’apprentissage sont inhérentes à leur âge de petite enfance entre 3 et 12 ans. Néanmoins, on observe chez quelques-uns un manque de stabilité, une moindre présence effective d’esprit à suivre le cours ainsi que la timidité excessive qui ne favorisent pas la participation active en classe », fait remarquer Michel Kpadonou, enseignant de la classe de CE2 dans le CSNDF. La perte d’une personne proche, qu’elle soit jeune ou vieille, reste insupportable. « Pour les plus grands et qui ont conscience de la perte de leur proche, il y en a qui peuvent afficher subitement une tristesse lorsque les échanges en classe leur rappellent cette brusque séparation et ses conséquences », a dit l’enseignant.
« Quand mes enfants ont commencé à fréquenter ici, ils travaillent bien. Ils ne font pas la pagaille. Quand ils rentrent pendant les congés, ils sont assidus et sont calmes », dira Valérie Zokou, coiffeuse ayant deux enfants au REBB. Lesquels enfants sont orphelins de père et de mère.

Enock GUIDJIME

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