Les examens nationaux de fin d’année avec leur cortège de joie, de liesse, mais également de peine voire de pleures. Alors que des candidats déclarés admis savourent leur réussite, sans modération, d’autres, moins chanceux, doivent subir les représailles morales couplées parfois de la torture physique des parents. Le jeune Modeste, candidat recalé sur la liste des admis au BEPC, en a fait les frais, agitant ainsi la question de l’accompagnement et de la responsabilité des parents dans la réussite scolaire de leurs progénitures.
La problématique devenue une pratique récurrente et préoccupante, peine à retrouver une amorce de solutions dans nos sociétés. Des parents, pères et mères souvent survoltés, opposent tout simplement à la contre-performance scolaire de leurs enfants ou non, le mépris parfois adoubé de la violence corporelle. Ces candidats déclarés non-admissibles au soir des délibérations et proclamations des résultats des examens, sont parfois malmenés psychologiquement, rudoyés physiquement voire chassés de la maison avec leur désormais statut d’enfant non-grata. Répudiés, ils le sont ; isolés, ils le deviennent avec pour motif principal : l’échec à l’examen. Le jeune Modeste découvert par Educ’Action et dont l’histoire pathétique nous saisit encore la trempe et nous fend sans cesse le cœur, n’a pas échappé aux représailles de son géniteur, lui qui n’a pu supporter son échec à l’examen du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC 2019). De la restitution des faits produits dans la matinée du samedi 15 juin 2019, Modeste, âgé de 17ans et fils aîné d’une fratrie de onze (11) enfants, a été houspillés de coups de poings pour son résultat, pas fameux. Le papa totalement inconsolable, se résout à faire porter à son enfant le chapeau du cuisant échec, ceci de la façon la plus atypique et violente. Même l’intervention des voisins n’ont pu arracher au géniteur déchaîné, le jeune Modeste soigneusement bastonné. « Je ne sais vraiment pas quoi dire. C’est mon père, que puis-je lui dire ? J’avoue que la première fois que j’ai échoué, j’ai dû fuir de la maison pendant trois (03) jours pour ne pas tomber sur mon père. Cette année, j’étais persuadé que le résultat sera bon, sinon j’aurais pris mes dispositions. J’ai fait ce que je pouvais à l’examen. L’échec n’a jamais été le souhait de quelqu’un. Cette année, j’ai mis le bouché double pour tenter d’obtenir le BEPC. Mais… », a confié en larmes le jeune Modeste au reporter de Educ’Action. Des jours passés, on est bien tenté de retrouver ce géniteur pour une et une seule question : « Avez-vous trouvé solutions aux récurrents échecs de Modeste au BEPC ? » Et c’est-là la question fondamentale. On peut bien trouver, au premier niveau de l’analyse, un brin de raison au papa de Modeste qui ne s’explique pas l’échec de son enfant à cet examen, lui qui l’a été déjà une première fois sans succès. A l’instar de bien d’autres parents, la rhétorique est connue : « j’ai investi dans l’inscription, la contribution scolaire, l’uniforme, les fournitures scolaires, le petit-déjeuner, le transport, etc. sans être récompensé à la fin de l’année. » Et bien là, on pourrait lui trouver une situation atténuante en rapport avec son agissement. Seulement et pour revenir à ma question, est-ce que ce spectacle affreux d’une matinée a permis de dénouer l’écheveau, faire le scanneur du problème avec une possibilité flagrante de le solutionner les années d’après ?
L’accompagnement scolaire des parents, une démarche non négociable
A dire vrai, l’une ou même la principale cause du double échec de Modeste au BEPC réside dans l’accompagnement scolaire. De la pensée collective des parents ou de plus de la majorité des parents, leur rôle de géniteur se limite au paiement des frais d’inscription, la contribution scolaire, l’uniforme, les fournitures scolaires, le petit-déjeuner, le transport, et parfois la sollicitation des services d’un encadreur de maison (répétiteur) pour l’enfant. Et le tout est joué. De là, on espère le miracle, c’est-à-dire la réussite sans condition, ni négociation de l’enfant au terme de l’année scolaire. Ce qui, hélas, n’est pas vrai. Cet accompagnement scolaire de l’apprenant souvent mal compris, s’avère prépondérant. Il reste d’ailleurs le nœud du succès de l’enfant. Il va au-delà du rôle régalien et traditionnel des parents, avec une touche particulière sur le versant psychologique et organisationnel de l’enfant. Lorsque le parent se confère le mérite d’inscrire son enfant à l’école avec toutes les obligations qui vont avec, il doit aussi s’assurer du comportemental et de l’organisationnel de l’enfant. Déjà, s’assurer que l’enfant dispose d’un emploi du temps à la maison couplée à celui de l’école avec la définition claire des tâches arrimée à des heures précises. Ceci a le mérite d’aider l’enfant à être ordonné, structuré et organisé. Chaque chose est faite à l’heure prévue et sans chevauchement. Lorsque l’organisation de l’enfant devient un acquis, il faut embrayer sur le volet éducatif avec mesure. Aucun enfant n’est jamais trop grand ou assez responsable pour continuer à bénéficier de l’accompagnement des parents dans l’assimilation des cours ou enseignements. Fût-il jeune ou grand, on peut bien apprendre avec l’enfant ses leçons ou cours ; l’aider à mettre en place une méthodologie, des techniques de résumés de cours, de restitution des réponses sans trop discourir. Ceci n’est qu’un exemple. Le rapport parent-enseignant est aussi à privilégier pour s’informer du comportement éducatif de l’enfant. Aller de temps à autre dans l’école de l’enfant pour s’assurer qu’il suit. En revanche et en cas de problèmes décelés, entrevoir avec l’enseignant les solutions idoines pour soulager l’enfant et l’aider à retrouver son plein potentiel en matière éducative. Ainsi, l’enfant se sent suivi, intéressé et du coup, affiche une disponibilité réceptive inégale en matière de connaissances à la fois à l’école qu’à la maison. L’autre versant que beaucoup de parents semblent perdre de vue est le ludique qui, à tout point de vue, est bien complémentaire et important pour l’enfant. Trouver des moments d’évasion positive pour l’enfant, l’aider à choisir ses distractions, et si possible partager avec lui ses distractions sont autant de faits et gestes qui mettent à l’aise l’enfant, le bonifie et le booste dans ses performances vers la victoire, le succès et la réussite. Il s’agit d’une question de responsabilité qui supplante tout, même notre quotidien en tant que parent.
Serge David ZOUEME