Le début de l’année 2022 dans le sous-secteur des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle avait été marqué par des promesses d’actions à mener pour le bonheur du système éducatif. Un an plus tard, que peut-on retenir de ces promesses faites par le ministre Kouaro Yves Chabi et les partenaires ?
143 milliards 621 millions 171 mille Francs CFA. Avec ce budget pour le compte de l’année 2022, le ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (ESTFP), Kouaro Yves Chabi, annonçait devant les parlementaires de la 8e législature, de grands chantiers dans son sous-secteur. Lesquels chantiers sont relatifs à la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (SN-EFTP), à la Stratégie Nationale de l’Enseignement Secondaire Général (SN-ESG) en cours d’élaboration, et à la situation des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME).
Ainsi, durant cette année 2022 qui vient de s’achever, le ministre a, du mieux qu’il peut, actionné les leviers nécessaires dans le but d’obtenir des résultats concrets pouvant lui permettre de changer, un tant soit peu, le visage de l’ESTFP.
Les impacts dans le sous-secteur EFTP
« La Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (SN-EFTP) est une stratégie voulue par le chef de l’État, suite au constat qu’il a fait avant 2016 en tant qu’industriel et aussi après 2016 en faisant le diagnostic réel de la situation des populations de notre pays. Le but est de relancer l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP) pour donner aux jeunes et aux femmes, la possibilité de mieux se former pour répondre aux besoins des entreprises. » Cette clarification faite par le Conseiller Technique de l’EFTP, René Mathias Akakpo sur l’ambition du chef de l’Etat justifie à suffisance les nombreuses actions constatées dans l’EFTP au cours de l’année 2022. Partenaires Techniques et Financiers et équipe ministérielle, tous ont mis la main à la pâte pour le rayonnement du sous-secteur. Des enseignants ont été mis à la disposition, des partenariats ont été signés, des actions ont été faites pour repenser les curricula de formation.
Des actions concrètes enregistrées
Pour combler le déficit d’enseignants dans ce sous-secteur, le Ministère des Enseignements secondaire Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) a procédé au recrutement de 662 professeurs certifiés et professeurs certifiés adjoints au profit de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle. Lesquels professeurs n’ont pas manqué d’être outillés. Ceci, grâce au partenariat signé entre l’Association Cuma Bénin Nouvelle Aquitaine et le ministre Kouaro Yves Chabi pour un renforcement de capacité en agro-machinisme et mécanique agricole. De passage au Bénin dans le cadre d’une mission, la délégation de l’association Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA Bénin) Nouvelle Aquitaine a été reçue en audience au cabinet du ministre Chabi. Audience au cours de laquelle cette délégation a exprimé la volonté de ses bénévoles, à apporter leur savoir-faire pour le renforcement des compétences locales dans les domaines de l’agro machinisme et de la mécanique agricole. « Nous sommes venus pour aider à former des encadrants de façon à ce qu’ils puissent former à leur tour, des générations de jeunes sur le territoire du Bénin », ont déclaré les délégués.
Dans le but d’accompagner la vision du président Talon qui consiste à valoriser ce sous-secteur, l’Unesco s’est rangée du côté du MESTFP pour repenser certains métiers et mettre à disposition, des documents curriculaires à cet effet. Le métier de Revêtement bâtiment est donc venu étoffer le lot de métiers disponibles. Cette étape a été suivie d’un atelier de validation de six documents curriculaires pour ce métier, du 23 au 25 mars 2022 au lycée technique Coulibaly de Cotonou. Aussi, l’institution onusienne, à travers son antenne de Cotonou, a-t-elle doté l’EFTP d’un outil de développement qui n’est rien d’autre qu’un centre de ressources numériques ou bibliothèque virtuelle. Le document cadre de mise en place et de fonctionnement a été validé et s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de Renforcement de Capacités pour une éducation Durable (CaPED), piloté par l’UNESCO.
Mieux, le président Patrice Talon a porté la SN-EFTP au cœur des débats entre lui et son homologue de la France, Emmanuel Macron lors de sa visite au Bénin, le mercredi 27 juillet 2022. À l’occasion d’un tête-à-tête, Patrice Talon a sollicité l’intervention de son homologue de la France pour un appui de l’Union européenne à l’EFTP. « L’Union européenne a inscrit dans son programme à venir, ce projet du Bénin élargi à la sous-région mais implanté au Bénin pour un renforcement de la formation technique et professionnelle des jeunes béninois et de la sous-région.Notre souhait est que la France nous appuie auprès de l’Union européenne pour que cela se concrétise assez vite et que nous puissions bénéficier de votre appui direct, notamment en termes de déploiement de formateurs in situ ici au Bénin », a exprimé le président Talon à l’endroit de son visiteur.
L’Alphabétisation, mieux soutenue en 2022
Parent pauvre du sous-secteur ESTFP, l’Alphabétisation et l’Éducation des adultes ont reçu une attention toute particulière durant l’année 2022. Les articles de thématisation de Educ’Action dont l’un des titres phares était « Alphabétisation au Bénin : Quel gouvernement pour sauver la face ?» y sont-ils pour quelque chose ? La question restera sans réponse. Néanmoins, des pas importants ont été et continuent d’être posés par les acteurs impliqués pour le rayonnement de l’alphabétisation. C’est d’abord le CaPED/Unesco qui a procédé à l’harmonisation des documents sur le processus de l’alphabétisation en présence de Maximin Charles Codjia, le directeur de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales, et de Mohamed Madougou, coordonnateur du programme CaPED/Unesco. « Il s’agit de remettre en scène un processus qui avait été initié par rapport à la synergie EFTP, alphabétisation et éducation informelle en lien avec le numérique », a affirmé à l’occasion, Mohamed Madougou, coordonnateur du programme CaPED/Unesco.
À la suite de l’Unesco, le Fonds d’Aide à l’Alphabétisation et à la Promotion des Langues Nationales (FAAPLN) et la direction de l’Alphabétisation et à la Promotion des Langues Nationales (DAPLN) ont pris leur bâton de pèlerin pour valoriser le domaine de l’alphabétisation et l’éducation des adultes. Marcellin Zinsou Hounzangbé, à travers une interview accordée à Educ’Action, a rappelé aux uns et aux autres, l’existence du FAAPLN de même que le rôle que jouent ses directions techniques pour le développement et la croissance économique du Bénin. Par ailleurs, le directeur du FAAPLN a exprimé la disponibilité de cette structure dont il a la charge, à financer les actions d’alphabétisation, à condition que celles-ci aient une visée nationale. Parlant de cela, plusieurs ONG et centres d’alphabétisation ont reçu l’appui du FAAPLN et de la DAPLN. Dans le but de faire le suivi de ces appuis octroyés, ces deux structures ont entrepris des tournées de visite dans plusieurs départements du Bénin afin de constater le travail fait sur le terrain pour que le plus grand nombre des Béninois soient alphabétisés. Des témoignages des bénéficiaires, on retient qu’ils peuvent désormais lire, écrire, compter et prendre note de petites choses.
L’année 2022 a été également marquée dans ce sous-secteur par la Journée Internationale de l’Alphabétisation, célébrée le 08 septembre de chaque année. Pour la circonstance, le ministre Kouaro Yves Chabi a adressé un message à l’endroit de toute la population béninoise le 07 septembre avant la célébration en différé de cette journée au Bénin.
Tanguiéta, aux couleurs de la Journée Internationale de l’Alphabétisation
Pour l’édition 2022 de la JIA, Tanguiéta était à l’honneur. Célébrée en différé le 29 septembre 2022, cette journée a été l’occasion pour le ministre Kouaro Yves Chabi accompagné d’une forte délégation, de rappeler l’importance de l’alphabétisation dans la vie d’un homme. À l’occasion, plusieurs activités ont été lancées pour le bonheur des personnes désireuses de se faire alphabétiser. Il s’agit du lancement de la campagne de l’alphabétisation d’une part et du lancement officiel de la phase 2 du Programme d’Appui à la Gestion Décentralisée de l’Alphabétisation (PAGEDA). Mais ces actions ne sauraient réussir sans la transformation des espaces d’apprentissage. C’est d’ailleurs le thème retenu dans le monde entier pour cette 57e édition de la JIA. Pour le ministre Kouaro Yves Chabi qui a procédé au lancement des festivités, « les espaces traditionnels d’apprentissage doivent céder la place à de nouveaux espaces d’apprentissage plus adaptés aux besoins des populations. La transformation des espaces d’alphabétisation implique l’adoption de plusieurs types d’espace d’enseignement tels que la communauté, le lieu de travail, le numérique hybride garantissant ainsi une approche holistique qui implique toutes les parties prenantes clés et répondant aux besoins d’apprentissage des jeunes et des adultes de profils et de contacts différents », a-t-il expliqué avant de préciser les conditions pouvant permettre d’opérer cette transformation.
On rappellera au passage que, pour des actions d’alphabétisation réussies, le Cercle d’Expertise, de Formation, d’Action et d’accompagnement Social et d’Education (CEFASE-ONG) s’est engagé dans la mobilisation de ressources pour le FAAPLN. La signature de convention de partenariat a été faite entre le ministre de tutelle et les responsables de l’ONG, le 26 septembre 2022.
L’Enseignement Secondaire Général vaguement impacté
Le vendredi 18 février 2022, dans la salle des fêtes des tours administratives, 50 nouveaux inspecteurs du second degré ont été mis à la disposition du système éducatif. Ceci, dans le but de combler un tant soit peu le manque d’inspecteurs longtemps observé. Fraîchement sortis de l’École de Formation du Personnel d’Encadrement de l’Éducation Nationale (EFPEEN), ces nouveaux inspecteurs ont accepté de se mettre au service de l’éducation béninoise avec un cahier de charge bien connu d’eux. « Nous sommes prêts à œuvrer pour un système éducatif plus performant, plus rayonnant. Mes collègues et moi, nous nous engageons à remplir professionnellement notre mission de bout en bout. Nul doute que les fruits tiendront pleinement la promesse des fleurs », a promis au nom de ses collègues, Lucien Glèlè Langanfin pour accélérer l’encadrement des enseignants et l’éducation des apprenants à leur charge. Parlant d’accélération, une attention a été portée sur celle des filles lors d’un forum tenu les 10 et 11 mars 2022. Car, à en croire les statistiques, sur un échantillon de cent (100) filles qui entrent dans le cursus scolaire depuis la classe de CI, seulement soixante (60) filles arrivent jusqu’au CM2 ; vingt sept (27) filles achèvent le premier cycle du secondaire et seize (16) filles poursuivent leurs études jusqu’en classe de Terminale. Cet état de chose ne manque pas d’inquiéter les acteurs en charge de l’éducation à divers niveaux ainsi que les PTF. « C’est une problématique qui nous tient à cœur, à savoir l’éducation de nos filles. Ces dernières années, le Bénin a connu une amélioration des taux d’accès et de maintien des filles et garçons au niveau de l’éducation primaire. Mais, il faut noter que malgré les progrès réalisés, des disparités persistent entre les filles et les garçons, notamment aux niveaux secondaire et tertiaire. Les taux d’achèvement des filles restent bas, particulièrement dans le secondaire général mais aussi professionnel », a expliqué Djanabou Mahondé, représentante de l’UNICEF au Bénin et cheffe de file des PTF du secteur de l’éducation. Cette baisse de l’effectif des filles est due, entre autres, à la persistance des normes sociales défavorables à l’accès et au maintien des filles à l’école ; les coûts d’opportunités très peu incitatifs pour les familles, les adolescents et les jeunes ; l’insuffisante disponibilité de l’offre d’éducation de qualité répondant aux critères de sécurité et adaptée aux besoins de développement et aux aspirations des apprenants et des jeunes ; la pauvreté des ménages à faire face aux charges directes d’éducation de leurs enfants. Pour la vice-présidente de la République du Bénin et marraine du forum, Mariam Chabi Talata, qui a procédé à l’ouverture et à la fermeture du forum, « nous devions être fiers des avancées, parce qu’elles sont inspirantes et motivantes et constituent des tremplins pour mieux faire et aller de l’avant. Nous ne devons pas désespérer de notre parcours dès lors qu’il porte les marques de notre prise de conscience collective des enjeux éducationnels de nos efforts et de nos acquis ».
De bonnes nouvelles pour les AME
Les questions relatives aux conditions de vie des aspirants ont été abordées au cours de l’année 2022 par le ministre Kouaro Yves Chabi. Reçu dans le cadre des émissions de reddition de compte du Gouvernement intitulées « Le gouvernement en action », le ministre a rassuré la population béninoise, notamment les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME), d’une situation bien meilleure que celle connue jusque-là. Eux qui sont payés 9 mois sur 12, pourront bien se réjouir de la nouvelle offre qui leur sera faite. « La récente gestion qui a été faite de ces AME a permis de les sédentariser, ce qu’ils ont souvent demandé au Gouvernement. Nous avons fait en sorte qu’aucun AME n’intervienne dans plus de deux établissements et aucun d’entre eux ne dispose de trente heures », a laissé entendre le ministre au micro de UlvaeusBalogoun et Ulrich Vital Ahotondji, le vendredi 10 juin 2022. En ce qui concerne le traitement salarial dont ils font objet, le ministre a rassuré de ce que « le principe de les occuper douze mois sur douze est acquis et même au-delà. » Ainsi, le gouvernement a décidé que les AME seront désormais payés 11 mois sur 12. Autre bonne nouvelle pour ce corps, les 305 enseignants à savoir 113 du primaire et 192 du secondaire radiés, il y a environ 4 ans, peuvent retourner à leur poste. L’information a été portée à leur attention, le mercredi 18 janvier 2023, par le Conseil des ministres.
Retour sur les examens de fin d’année 2022
Les examens de fin d’année 2022 ont eu lieu courant le mois de juin 2022 au Bénin pour ce qui concerne le BEPC et le Baccalauréat. À cet effet, 119 746 candidats ont été inscrits au BEPC contrairement à 145 959 candidats inscrits en 2021, soit une baisse de 17,96%. Pendant ce temps, l’examen du Baccalauréat session de juin 2022, a enregistré 77 416 candidats. À la suite de la proclamation des résultats le 10 juillet 2022, le BEPC a enregistré 66, 46% contre 60,50% en 2021. Le Borgou s’en est sorti 1er avec un taux d’admissibilité de 74,46% tandis que le Plateau ferme la marche en obtenant 50,48% de taux de réussite. Pour justifier l’amélioration des résultats de 2022, les directeurs départementaux ont dévoilé les techniques utilisées. Autres raisons ayant justifié ces résultats et qui sont à l’actif du ministre Kouaro Yves Chabi, le déploiement à temps, pour la première fois, des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) le 17 septembre 2021 bien avant la rentrée scolaire, le renforcement des capacités professionnelles des aspirants détenteurs de diplômes professionnels, le déploiement des cinquante inspecteurs de la promotion 2019-2022.
Quant à l’examen du Baccalauréat, il a livré son verdict le mercredi 13 juillet 2022 avec 59% de réussite, avec une baisse de 5,42% par rapport à 2021. Avec 65,65% comme plus fort taux de réussite, l’Atlantique s’est illustré à la première place. La 12e place est revenue au département des collines qui a obtenu 47,02%. Cette baisse n’a pas manqué d’être justifiée en son temps.
Les chantiers en perspective pour l’année 2023
La nouvelle année scolaire 2022-2023 est effective depuis le 12 septembre 2022, jour de la prérentrée. Educ’Action a fait un constat de cette effectivité et a témoigné que les cours ont démarré même si certaines écoles sont encore à la traîne. En prélude à cette rentrée, des dispositions ont été prises pour permettre aux enseignants d’être au pas. Il s’agit entre autres des journées pédagogiques dans le secondaire qui se sont déroulées du 8 au 9 septembre 2022.
Pour la gestion de cette année scolaire 2022-2023, le ministre Chabi a défendu devant les parlementaires à l’Assemblée nationale, un budget évalué à 189 milliards 727 millions 844 mille francs CFA. Ce budget, faut-il le préciser, a connu un accroissement de 32,10% en comparaison à celui de l’année 2022. Les raisons évoquées pour justifier ce budget sont les suivantes : une meilleure mise en œuvre de la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels ; la phase pratique de la construction réelle de plusieurs autres lycées sur l’ensemble du territoire national, et ce dans presque toutes les communes ; la construction de six lycées scientifiques et de deux écoles normales scientifiques. Enfin, le ministre Kouaro Yves Chabi promet une attention encore plus particulière sur la situation des AME. Pour information, l’année scolaire 2022-2023 est prévue pour se terminer le vendredi 30 juin 2023.
A l’heure du bilan, on note d’importantes actions pour la mise en oeuvre de la SN-EFTP pendant que celles de la SN-ESG sont presque inexistantes. Vivement !
Réalisation : Estelle DJIGRI