CEP : 83% BEPC : 60% BAC : 64% ! Enfin « Bénin Sokaa » comme le soulignent si bien mes sœurs et frères de la ville carrefour de Comé. On le traduiraitaujourd’hui par « le Bénin s’est défait de ses chaines ». Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que, par-delà l’expression du slogan révolutionnaire d’antan et la nouvelle logique de rupture, il y a quand même une constante que n’ont pas altéré plusieurs décennies de notre histoire : nous osons !
N’en déplaise aux esprits chagrins, « Bénin Sokaa » signifie de nos jours que la rupture est en marche. Ainsi, exception faite des propositions, les évaluations et autres contingences docimologiques, les résultats des examens sont là et il ne s’agira plus d’ergoter ou de ratiociner comme à l’habitude pour se plaindre d’un trop plein préjudiciable. Le vin est tiré ; il faut le boire en se disant, somme toute, qu’un examen n’est pas un concours. Que reste-t-il à faire ? C’est cela qui devrait nous préoccuper.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, je ne m’étendrai pas sur les problèmes d’orientation. Je les laisse aux innombrables savants, universitaires et autres coaches qui vont bientôt sillonner nos contrées et faire des exposés commentés du catalogue des études proposées par le ministère en charge du supérieur. En réalité, et, pour plusieurs raisons, j’en ai vu très peu proposer quelque chose d’intéressant à nos enfants, à part se montrer avec cet air arrogant et supérieur que donne les vestes nouvellement repassées : « Vous voyez ! Moi j’ai réussi ; je travaille dans la fonction publique. »
Certains osent même parler d’entrepreneuriat comme le meilleur débouché, eux qui n’ont jamais rien tenté de leur vie et qui ne souhaitent surtout pas la concurrence de leurs jeunes frères dans les bureaux insuffisants et surpeuplés où des vies insipides sont rythmées par la cadence de l’horloge qui marque enfin la clôture de la journée. L’orientation devrait consister en une et une seule leçon à répéter ad infinitum : comment faire face à l’adversité c’est-à-dire encore comment réussir dans un contexte défavorable ? Ainsi, toute la problématique de l’orientation se réduit à un post que j’ai lu sur whatsapp. Ce post représentait le jeune homme, premier au BAC dans notre pays qu’un admirateur enthousiaste avait envoyé à un ami. Celui-ci répondit textuellement : « s’il ne sait pas faire, c’est un candidat ajourné qui va l’embaucher » ! Vous décryptez et résolvez cette affirmation et vous avez réussi à résoudre le problème de l’orientation et de l’insertion de nos enfants dans la société. Nous félicitons les admis d’aujourd’hui (les vainqueurs), oubliant totalement de demander à ceux qui sont restés sur le carreau comment ils vont s’en sortir car plusieurs ne retourneront pas sur les bancs de la classe. Et leur orientation alors ? Vous avez quelque chose pour eux dans le catalogue de l’enseignement supérieur ? Vous avez compris : c’est le catalogue de la vie et de toute la vie qui doit se dérouler dans un contexte mondial où il s’agit pour notre société de former des vainqueurs.
L’une des solutions est dans cette orientation de la vie qui consiste à promouvoir auprès de nos enfants une morale et une religion qui ne soient pas inhibitrices. Il est temps qu’on refuse d’écouter et de recevoir ceux qui passent leur temps à nous prêcher la bonne nouvelle faite de multiples contraintes, de privations diverses et surtout instituant notre corps voire notre être complet comme l’expression d’un péché à la fois originel et perpétuel. C’est cette religion qui nous mortifie et nous déshumanise en nous arrachant à la seule chose utile qu’il nous appartient de conquérir pour évoluer à savoir nous-même car, nous sommes la bonne nouvelle qu’il s’agit de peaufiner et de promouvoir ! Chaque être est d’abord à la fois un humain et un individu et ensuite un projet !
En tant qu’être humain, il est un être socialisé qui vit dans une culture qui le façonne à travers l’éducation de l’école, de la famille et de la rue : Il est donc dans le monde, avec le monde, pour le monde voire contre le monde si nécessaire mais jamais hors du monde comme le souhaitent les marchands d’illusion qui l’isolent pour mieux le manipuler. Il est ensuite un individu que façonnent cette culture et sa capacité de l’intérioriser et de l’utiliser. C’est dans ce sens qu’il devient, comme le souligne J.P. Sartre un projet, à savoir quelqu’un qui va et se projette vers son avenir ; se prend en charge et se construit envers et contre tous. Réveillez-vous, les jeunes ! Nous vos parents, bénis oui-oui avions trop dormi. Prenez-vous en charge en oubliant la facilité des drogues diverses (jeux, fétichisme, média, religions sectaires etc.) et les quasi impossibilités (charité, Etat-providence, l’aide au développement des pays soi-disant riches etc.). La rupture est en fait là !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe