La seule question qu’on ne se posait plus depuis des lustres au Bénin est de savoir si le BAC allait bien se passer. Docteur BAC à savoir le DOB et son équipe ont tellement bien travaillé, huilé et assis cet examen que, à l’instar du bon vin, il se bonifie chaque année. Par-delà les Gouvernements, les syndicats, les frontières béninoises, notre BAC s’impose comme le précieux sésame qui met tout le monde d’accord. Même les aigris et autres grincheux perpétuels se gardent de réveiller leurs ulcères et autres coliques néphrétiques, en cherchant la petite bête dans un processus qui a depuis longtemps, acquis un label de qualité.
Mais alors, le millésime actuel pose un problème ! Fallait-il oser les examens et notamment le BAC dans un contexte dangereux et risqué ? Partout dans les cieux et sur la terre, c’est le même cri, la même peur, la même haine : COVID-19 !
Face à la situation, la décision a été prise par le Gouvernement : il faut le faire. Ce long chemin tranquille de toutes les années est devenu une brousse équatoriale pleine d’embûches et de traquenards. Pour le traverser, la pilule ne passant pas, il a fallu mettre tout le peuple des bacheliers et assimilés sous perfusion : gestes barrières, masques, distanciation sans compter tous les autres remèdes qu’invente ce peuple à genoux et tremblant face à ce qu’il appelle déjà le mal d’un siècle qu’ils ont à peine entamé et dont ils ne sont même pas sûrs de subir les autres calamités et soubresauts à venir.
Comment taire, comment faire ? Un autre challenge s’offre aux Gouvernants et à ses techniciens représentés par le DOB. Il ne s’agit plus seulement de réussir l’examen, mais de finir cette entreprise, saine et sauve, hormis les habituelles diarrhées et autres fièvres de dernières minutes qui étaient plutôt le signe de candidats, pour une large frange, effrayés par l’enjeu.
A présent, la psychose a gagné presque tout le monde. Si l’examen consistait à une dissertation sur l’état d’âme de chaque candidat, gageons que d’excellentes notes allaient récompenser de belles plumes autant que les mains tremblantes, voire les feuilles imbibées de ces chaudes larmes qui ne laissent pas de doute sur le désarroi de chacun et de tous.
Mais, il fallait donc faire face à la réalité, à ce facteur x qui s’ajoutait aux différentes équations et problèmes à résoudre. Si comme d’habitude, le processus a été mis en place, à cela se sont ajoutées toutes les mesures idoines pour prévenir et guérir la maladie s’il s’avérait qu’on puisse constater sa présence, d’une manière ou d’une autre, dans les établissements et autres lieux dévolus à l’activité.
Docteur BAC, serein comme à l’accoutumée, sillonna ses contrées, tint ses réunions de supervision, contrôla, l’air de rien, les dispositifs dans les écoles en insistant sur les préventions contre la pandémie. Il distribua les bons points et encouragea les autres à mieux faire car, comme le Seigneur auquel il croyait fortement, il était « lent à la colère et riche en bonté » (Ps 103-8) pour les collègues, les secrétaires, les agents de soutien qu’il appelait par leur nom ou prénom.
Enfin, après un temps qui a été rallongé par moult lavages des mains et usages de gels désinfectants sans oublier les masques variés et pas toujours efficaces, la première partie de l’examen se termina sans que nécessairement, chacun et tous aient eu l’occasion de reconnaître tous les amis et surtout ceux qui veillent le plus sur nous à savoir nos ennemis.
Ce qui me frappa, c’est l’apparente sérénité de notre cher Docteur, qui, en sus de ses problèmes habituels qu’il traduisait toujours en solution, avait été obligé d’exécuter quasi sans faille le début de ce BAC pas comme les autres. Je remarquais quand même chez cet homme plein d’expériences et de métier, à la dernière salutation avant de rentrer dans sa voiture pour d’autres contrées, une nouvelle ride qui lui barrait le front et semblait dire : Je veille sur vous toutes et tous !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe