Les résultats du BAC béninois sont tombés. Nous avons eu 49,73% contre 50,10% l’année dernière. Mon voisin s’est étonné et a déploré le fait que nous n’évoluons jamais. Pas encore que nous ne fassions pas autant que notre référence française en tutoyant les 100%, mais que nous régressions, renvoyant la plupart de nos chers enfants à la reprise après une année de dur labeur.
La vertueuse indignation du voisin que partagent plusieurs autres parents d’élèves mérite qu’on s’y attarde. On se rend compte, très vite que les 100% des bacheliers français auront l’occasion de s’insérer dans un nombre varié de cursus universitaires ou professionnels tandis que chez nous, les nouveaux étudiants viendront grossir des universités déjà au bord de l’asphyxie. Si, en effet, le bachelier occidental sait depuis longtemps que le BAC n’est pas un passeport pour l’université, c’est exactement le contraire au Bénin.
Ainsi, on arrive à un paradoxe où 100% ne fait pas du tout un problème alors que 49,73% devient un casse tête dans un pays où, non seulement les étudiants sont déjà trop nombreux mais aussi, les offres de formations ne sont pas assez variées.
C’est vrai ! Le BAC est un passeport certes, mais ce n’est pas comme le croient les parents, les enfants béninois, un passeport pour la vie sinon la belle vie (c’est-à-dire le boulot, l’argent, etc.) En fait, l’enfant qui a ce précieux parchemin dispose d’une opportunité pour l’enseignement et la formation professionnelle supérieurs. Cela ne signifie pas que tout viendra à votre fille et à votre fils avec facilité. C’est plutôt maintenant qu’il s’agira de choisir avec discernement sa formation et faire le dernier effort pour avoir de la compétence.
Dans une société béninoise qui dispose de peu d’opportunités à l’instar des pays africains, il nous appartient d’inculquer deux ou trois choses importantes à nos enfants : le BAC est important, mais il devient indispensable lorsqu’on a conscience que ce n’est pas la fin mais le moyen. Ainsi, il est une étape qu’on n’obtient pas pour juste devenir étudiant, mais pour chercher sa voie à travers une formation efficace qui vous donne de la compétence. Savez-vous, par exemple, que les groupes électrogènes et autres gadgets qui viennent de la Chine sont juste des exercices qu’on donne aux étudiants de ce pays dans les formations professionnelles ?
En même temps, tant que la jeunesse chérira la mentalité de fonctionnaire, attendant fiévreusement les concours de la fonction publique comme seule voie pour gagner son pain quotidien, le chemin est encore long.
49,73% pour le BAC béninois en 2020, c’est beaucoup trop pour un technicien de l’éducation car où objectivement caser tous ces enfants ; mais ce n’est sûrement pas assez pour les parents qui veulent tous le précieux parchemin pour leurs chers enfants, tandis que les Gouvernants sont entre le marteau et l’enclume : plus ou moins de bacheliers.
Ne nous méprenons pas ! Le pourcentage obtenu reflète objectivement la qualité de nos apprenants. La rigueur et le sérieux de notre examen ne sont plus à démontrer. Le débat auquel nous voulons arriver est celui qu’on appelle la régulation ou la gestion des flux ! Il s’agira de savoir s’il faut continuer à avoir au Bénin autant d’élèves qui vont vers un enseignement supérieur, de plus en plus, médiocre ou s’il faudra se résoudre à une université plus élitiste qui ne reçoit que le strict minimum pour promouvoir le développement. La solution la plus simple, c’est que dans nos sociétés, le BAC devienne un concours où des quotas sont fixés chaque année.
Mais, calmez-vous ! Il existe d’autres alternatives. Depuis des années, les techniciens de l’éducation ont prévenu les Gouvernants qui sont parfaitement conscients de la situation. L’une des alternatives proposées actuellement, est le développement de la formation technique et professionnelle afin de varier les offres ; ce qui a amené l’élaboration d’un document de Stratégie national de l’EFTP au niveau du Ministère en charge du secondaire.
De plus, le Ministre en charge des Enseignements Maternel et Primaire est en train de mûrir une stratégie plus englobant qui consistera à repousser l’éducation de base jusqu’en classe de Terminale ! Une gageure ! Les chantiers sont immenses et méritent qu’on s’y penche. En attendant, un élève ayant eu le BAC est venu me poser une belle colle à laquelle je réfléchis depuis : il souhaite faire un cursus de deux ans en électricité et puis aller dans la vie active. Aidez-moi à retrouver son école !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe