Comme le beaujolais nouveau en d’autres cieux, le BAC nouveau est arrivé ! Est-ce un bon cru ? A n’en point douter oui. Avec notre Timonier National i.e. le DOB, le navire arrive toujours à bon port et on ne peut que saluer ce résultat véritablement spectaculaire avec ce pourcentage qui autorise la moitié des candidats à accéder au St Graal.
L’Office du BAC a-t-il réussi sa mission ? La réponse est oui car la grande machine du baccalauréat a respecté son cahier de charge par-delà difficultés, soucis et autres soubresauts inhérents à l’activité. Notre TN ou DOB entouré de tous les hommes de l’ombre (superviseurs, présidents, correcteurs, secrétaires, etc.) et de la lumière (Ministres notamment et autorités locales) a livré sa cargaison. Rien de particulier et la seule chose qui reste, c’est de certifier l’Office du BAC ISO.
En même temps, certaines voix s’élèvent pour s’interroger sur la qualité, vitupérer contre les séries les plus diplômés et conclure que notre BAC a des problèmes. Bien sûr que cet examen a des problèmes au Bénin et d’ailleurs partout ailleurs et ces problèmes ne concernent pas l’Office du BAC car ce qu’on peut soutenir, c’est que l’élève béninois qui a son précieux parchemin peut se présenter dans n’importe quel pays pour prétendre à des études supérieures, car ses acquis ont été évalués avec précision, objectivité et qualité par notre institution de référence.
On en arrive au fait qu’on doit reconnaître que notre éducation a des problèmes qui ne datent pas d’aujourd’hui et qu’on doit œuvrer pour les corriger. Le premier, c’est cette malheureuse situation dans laquelle nous a mis le colonisateur en promouvant dans nos pays cette race de bavards impénitents qui pensent que leurs diplômes littéraires les autorisent à des logorrhées déplorables ou a contrario à des larbinismes plats : quelques-uns pensent que tout ce qui est autour des examens est mauvais sans rien proposer de concret tandis que d’autres usent et abusent de discours maladroits pleins « de bêtes puantes » pour plaire au prince. Ces gens-là ne nous aident pas à évoluer vraiment. Trouvons leur quelque os à ronger et n’en parlons plus.
Deux préoccupations nous interpellent en ce moment avec ces enfants qui ont réussi le BAC afin d’en arriver à ce que nous cherchons ardemment : leur donner de la compétence.
Le premier est ce nomadisme ou encore cette transhumance intellectuelle à laquelle nos enfants sont habitués pour arriver, coûte que coûte, au précieux parchemin, sanctionnant les études secondaires. On passe d’une série à une autre pour enfin obtenir un BAC qui ne leur correspond en rien : Ainsi, que faire d’un élève de Terminale D ayant passé sans succès deux ou trois fois le BAC et qui l’obtient l’année suivante en B. Il a le niveau du BAC mais en même temps, il se complique la vie, ne pouvant prétendre s’inscrire dans une série scientifique et de l’autre côté n’ayant aucune fibre littéraire : Il acquerra un savoir mais difficilement une compétence, car trop hybride. La solution va résider dans le suivi du cursus scolaire des enfants pour qu’ils restent dans leur domaine de référence, sinon nous continuerons à enregistrer des diplômés inutiles et inutilisables.
On en arrive au second problème qui consiste à se poser la question suivante : comment faire face à une si grande demande ? Dans notre petit pays, la demande en éducation universitaire est devenue exponentielle alors que, malgré tous les efforts, l’offre ne suit pas vraiment : beaucoup de nouvelles formations, notamment professionalisantes ont été créées mais sans intrants réels et efficaces : personnel, laboratoires, financement. Les amphis des facultés débordent tandis que l’enseignement supérieur privé se cherche encore et n’arrive pas à sortir des sentiers battus aussi inutiles que rentables.
Face à tout cela, on se rend compte que l’Etat s’active et veut aller plus loin. Mais on continue par réfléchir à de grandes structures comme le CNE (pleins d’étages et de compartiments qui a priori l’alourdissent déjà) qui peinent à démarrer sans compter les innombrables reformes en cours de théorisation au secondaire.
Dans tous les cas, on ne peut nier qu’il y a des avancées significatives, car chaque élève béninois peut aller dans une école publique parce que la grève n’existe plus. La prochaine étape va consister en ce que chaque étudiant acquiert une compétence et trouve un emploi. Pour l’instant, vive l’Office du BAC certifié ISO !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe