Atelier régional sur le renforcement des systèmes d’apprentissage : Le Bénin fait Point Focal de l’apprentissage en Afrique - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Atelier régional sur le renforcement des systèmes d’apprentissage : Le Bénin fait Point Focal de l’apprentissage en Afrique

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Avec l’appui de certains de ses partenaires techniques et financiers, et dans l’optique de repenser les systèmes d’apprentissage informel, le Bénin a organisé un atelier régional sur le « Renforcement des systèmes d’apprentissage professionnel dans l’économie informelle en Afrique ». Les travaux se sont tenus du 22 au 23 février 2023 à l’hôtel Azalaï à Cotonou, et ont consacré le Bénin comme point focal de l’apprentissage pour toute l’Afrique.

Experts nationaux et internationaux du domaine de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, acteurs de la société civile, partenaires sociaux, représentants de gouvernements africains, cadres du corps diplomatique et représentants des organisations internationales, personne n’a voulu manquer ce rendez-vous unique pour l’apprentissage informel en Afrique.
Tous portés par l’ambition de donner un nouveau visage à l’apprentissage informel dans leurs pays respectifs, voire en Afrique, ils ont été conviés à l’atelier régional sur le « Renforcement des systèmes d’apprentissage professionnel dans l’économie informelle en Afrique pour promouvoir la qualité, l’innovation et les transitions vers la formalité ». L’atelier avait pour objectif de dynamiser les systèmes d’apprentissage des pays en présentant les avancées réalisées dans certaines nations. Avec l’ambition d’encourager la collaboration et de faire du Bénin un centre de connaissance sur l’inclusion de l’apprentissage dans les systèmes de formation nationaux en Afrique, et de stimuler le dialogue dans d’autres pays grâce au partage des connaissances et à l’échange d’expériences. L’initiative a été portée par l’Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET), avec l’appui technique et financier de l’Agence Française de Développement (AFD), de la Banque mondiale, de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), du Réseau pour la politique et de la coopération internationales en éducation et en formation (NORRAG) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
Avec plus de 200 délégués venus d’Afrique et d’ailleurs, les participants ont eu l’occasion de partager les différentes expériences mises en œuvre dans leur pays et de conjuguer leurs efforts afin de proposer des pistes de solutions pour améliorer ce domaine.

Une cérémonie d’ouverture rehaussée de la présence de 4 ministres du gouvernement béninois

La présence de quatre ministres du gouvernement béninois à la cérémonie d’ouverture témoigne de l’importance que revêt cet atelier pour le Bénin. Importance confirmée par les allocutions qui ont meublé ladite cérémonie. Premier à passer au pupitre, le directeur de l’Agence du Développement de l’Enseignement Technique (ADET), Fructueux Aho. Avant tout propos, il a porté à la connaissance de l’assemblée des experts, les réelles difficultés auxquelles le jeune est confronté dans le monde de l’emploi. Représentée par son directeur général, Jérôme Bertrand-Hardy, l’Agence Française de Développement (AFD), l’un des partenaires de cet atelier, n’a pas manqué de réitérer une fois encore, son engagement aux côtés du gouvernement.
Kouaro Yves Chabi, le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, a évoqué les nombreuses actions entreprises par le Bénin pour l’épanouissement des jeunes. Il a expliqué que « la rencontre de Cotonou est une opportunité de partage d’expériences et des connaissances acquises par les uns et les autres et doit permettre à chaque pays participant de tirer des leçons de ses échecs ou imperfections afin de mieux réformer son système d’apprentissage pour les stimuler à contribuer plus efficacement au développement économique du pays ». Pour l’occasion, c’est Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui a procédé au lancement officiel de l’atelier à la place du ministre Abdoulaye Bio Tchané empêché. Au regard de la qualité des participants et de l’intérêt que porte chacun de ces pays présents à l’atelier, Eléonore Yayi Ladékan ne doute point que « cette rencontre de Cotonou va déboucher sur des résolutions assez pertinentes pour induire des initiatives innovantes aux systèmes d’apprentissage de nos pays respectifs ».

Des activités intellectuelles lors de l’atelier

L’atelier ainsi lancé, place aux communications, panels, travaux de groupes et débats autour de diverses thématiques. Il s’agit, entre autres, de : Comprendre l’apprentissage ? Comment les institutions informelles et formelles interagissent et évoluent et servent d’incubateurs d’entreprises et de compétences, Qu’est-ce qui fonctionne et comment ? Validation de l’Acquis de l’Expérience (VAE) et Numérique, Financement et apprentissage en dehors du travail, Association forte et qualité de la formation, Vers un programme régional sur le renforcement de l’apprentissage dans l’économie informelle.
De ces divers travaux sont sorties plusieurs recommandations susceptibles de booster les systèmes d’apprentissages.

Un atelier clos sur des sentiments de satisfaction

C’est avec une totale satisfaction et le sentiment d’avoir atteint les objectifs de départ, que les participants ont regagné leurs différents pays. En effet, plusieurs recommandations ont été formulées dans le but d’impacter positivement chaque acteur de la chaîne de l’apprentissage. Aussi bien les représentants des pays francophones, anglophones que les employeurs et travailleurs ont énuméré des facteurs de succès qui, selon eux, seront bénéfiques à tous. L’une des principales recommandations, c’est la désignation du Bénin comme point focal de l’apprentissage en Afrique.
À la suite des mots de remerciement des représentants de certaines organisations, le ministre Kouaro Yves Chabi a attesté que les résolutions de l’atelier sont bien retracées dans le rapport général. Les perspectives d’un programme régional sur le renforcement de l’apprentissage dans l’économie informelle sont probables. D’où son souhait : « Il reste à souhaiter que les gouvernants de nos différents pays accordent une attention particulière aux résolutions prises afin qu’émergent des politiques publiques modernes qui nous fassent véritablement avancer sur les problématiques de l’apprentissage informel ». Aux termes des échanges, les participants n’ont pas manqué de donner leurs impressions.

Christelle Kouamé, économiste en éducation à la Banque mondiale

«C’était très intéressant de voir comment chaque délégation de chaque pays était intéressée à montrer ses réussites et aussi les difficultés que le pays rencontre afin qu’ensemble on puisse apprendre et capitaliser sur les expériences de chacun. Nous sommes honorés de pouvoir continuer à travailler avec le gouvernement du Bénin, et toutes les délégations qui se sont déplacées, sur les moyens d’améliorer ce système afin qu’un plus grand nombre de jeunes puisse avoir accès à des opportunités de développement de compétences. Lesquelles vont leur permettre de déboucher sur une activité économique, afin de se développer non seulement sur le plan humain, mais aussi sur le plan socio-économique également. »

Fructueux Aho, DG ADET

J’ai de très bonnes impressions, compte tenu de l’engouement à la participation à cet atelier. Initialement nous attendions 120 participants, mais nous avons atteint 200 participants, de plus de 20 pays africains. C’est pratiquement toutes les zones du continent qui sont représentées. Si nous n’avions pas refusé, on serait allé à 400 participants. C’est un sujet qui intéresse autant les Africains que les experts internationaux et les partenaires techniques et financiers. Je suis satisfait du déroulement de cet atelier compte tenu des résultats obtenus et des recommandations faites. Ma satisfaction est d’autant plus grande que le Bénin a été choisi par tous les participants comme un hub régional pouvant coordonner le développement de l’apprentissage informel en Afrique. Ceci compte tenu de toutes les avancées et de toutes les réformes du Bénin dans ce domaine. »

Lisa Pesendorfer, Comité des donateurs pour la Formation Professionnelle Duale (DC DVET)

«Les pays membres du DC dVET (Allemagne, Autriche, Suisse et Lichtenstein) ont des systèmes de formation duale très forts avec une longue histoire et aussi beaucoup de programmes et de projets de coopération internationale. Les échanges ont été très riches et tout le monde a appris beaucoup. C’est le début d’une grande dynamique pour beaucoup de pays et d’organisations qui vont travailler ensemble. Qu’est-ce qu’on peut faire pareil, quelles sont les spécificités qu’on peut apprendre pour les implémenter dans nos pays aussi. Le mot clé pour moi, c’est la richesse. La richesse des expériences de toutes les personnes, les pays, les organisations. »

Auxence Léonard Okombi, DG Formation Qualifiante, Congo

«Nous avons apprécié l’accueil, le nombre et la qualité des participants, l’implication du gouvernement puisqu’il y a eu quatre ministres à l’ouverture. Les problématiques abordées sont récurrentes et elles impliquent tous les pays. Nous avons par exemple la question de la certification professionnelle, les titres professionnels qui doivent être au niveau national puis au niveau continental. Nous avons des jeunes qui ont acquis des compétences à travers un apprentissage traditionnel mais qui parfois n’est pas reconnu au niveau des institutions et des entreprises. Voilà pourquoi ce genre de problématique traitée permet de résoudre ces questions. Nous nous sommes également penchés sur la question de la digitalisation des processus d’apprentissage. Durant la pandémie, cet outil a permis aux jeunes d’apprendre et d’atteindre le plus grand nombre de jeunes en temps réels et de les autonomiser également. Pour nous, ce sont des problématiques très importantes pour l’Afrique. Il faut traiter ces questions, pas comme des questions de mode, mais comme des questions d’investissement sérieux. »

Dominique Crivelli, Conseillère thématique formation professionnelle et développement du secteur privé, DDC Suisse

«C’est vraiment un succès, on ne pensait pas voir autant de participants. Ça montre l’intérêt, la pertinence de ce sujet et l’urgence de trouver des réponses pour le chômage des jeunes pour améliorer la formation professionnelle informelle. Donc, c’est important d’arriver à reconnaître déjà les acquis pendant ces formations, de développer des systèmes de référentiels et de mettre en place des systèmes de certification. Il y a beaucoup d’enjeux qui sont ressortis et il faudra continuer à travailler, à impulser des dynamiques, le dialogue politique, le partage d’expériences et actualiser les contextes. La Coopération Suisse, depuis des décennies, travaille déjà pour renforcer les systèmes d’apprentissage informel. Il y a des enjeux particulièrement importants à l’heure actuelle sur lesquels il faut construire et aller de l’avant. La Suisse s’engage pour trouver des financements durables. »

Yenemi Moussa, directeur des études, de la prospective et statistique du ministère de la formation professionnelle, Tchad

«C’est un bon atelier régional qui nous a permis de voir les expériences des différents pays de l’Afrique. Nous avons trouvé des points qui vont nous permettre d’améliorer la formation professionnelle dans notre pays. En Afrique d’une manière générale, nous n’avons pas la main d’œuvre qualifiée et la formation professionnelle est un vecteur très important pour le développement d’un pays. Cet atelier permettra de développer la formation professionnelle à travers les partenaires intervenant dans ce domaine. Les expériences du Bénin, du Nigéria et du Kenya m’ont beaucoup impressionné et on verra comment imiter cela chez nous au Tchad. Ce sont des expériences qui sont très avancées avant la formation professionnelle. »

Flavien Anno, Responsable régional formation professionnelle, agricole et rurale AFD (de Guinée Conakry
au Nigéria) »

«Mes impressions sont particulièrement bonnes notamment du point de vue de la participation quand on voit le nombre de pays et de participants qui sont présents. C’est dire l’intérêt que ce sujet sur les dispositifs d’apprentissage informel professionnel a pour ces différentes catégories d’acteurs et ces différents pays. Ce qui est intéressant, c’est la diversité des organisateurs et des partenaires qui accompagnent ces processus par rapport aux besoins qui sont exprimés par ces pays. Il a été question de partager les expériences afin de capitaliser, valoriser et identifier les prochaines étapes de l’amélioration de ces dispositifs en prenant dans les autres pays des expériences qui fonctionnent pour inspirer la suite des événements. L’ensemble des conclusions et des pistes de solutions qui sortiront de cet atelier, sont des éléments importants sur lesquels l’AFD se basera pour nourrir les interventions, les financements qu’elle apportera aux différents pays et aussi pour inspirer les prochaines interventions à concevoir en réponse aux bénéficiaires et aux Etats bénéficiaires. »

Estelle DJIGRI & Adjéi KPONON

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