Association Nu Dagbé : Les garçons parlent de leurs expériences à l’école du cirque - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Association Nu Dagbé : Les garçons parlent de leurs expériences à l’école du cirque

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Ils sont huit (08) garçons à vivre en résidence dans les locaux de l’école de cirque Nu Dagbé à Godomey-gare, une banlieue de la ville de Cotonou. Comme des frères, ils partagent, depuis des mois, leur quotidien fait d’entrainements et de répétitions de l’art du cirque, ainsi que des cours de français. Sans langues de bois, ils se prononcent sur leurs parcours avant de parler de leurs acquis dans le centre.

« En venant à l’école de cirque Nu Dagbé, j’ai compris que je pouvais apprendre beaucoup de choses »

«Avant de découvrir l’école de cirque Nu Dagbé, j’étais au marché Dantokpa où je travaillais. Dans le temps, j’achetais des marchandises aux gens. Donc, la personne me remettait de l’argent et j’achète des marchandises pour lui. Les enseignants du projet venaient souvent recruter des amis pour aller suivre la formation et les ramenaient à 17 heures au lieu de départ. C’est comme cela que j’ai décidé d’aller aussi là-bas un jour et j’ai été recruté dans le groupe. Quand nous sommes allés à Togbin et que j’ai apprécié tout ce qui se faisait, je n’ai plus raté l’occasion d’aller assister tout le temps. C’est comme cela que j’ai commencé l’aventure. J’ai appris beaucoup de choses. En venant à l’école de cirque Nu Dagbé, je me suis rendu compte que je pouvais apprendre beaucoup de choses. L’école de cirque Nu Dagbé m’a fait trop de bonnes choses. »

« Aujourd’hui dans l’association Nu Dagbé, ma vie a changé et je connais plus d’évolutions »

«J’étais un enfant de la rue. Avec mes amis, nous allions souvent pavaner dans les rues de Lokokoukoumé à Akpakpa. Avec mon clan, nous faisions souvent des (roulades) des sauts arrière. C’est cette passion pour les sauts qui m’a permis de me retrouver un jour au marché Dantokpa. C’est là que j’ai appris l’existence de l’association Nu Dagbé. Celui avec qui je me suis retrouvé dans la rue, le même jour, est revenu me voir et m’a parlé de l’association Nu Dagbé qui récupère les enfants de rue pour les former en sauts, acrobatie, cirque. Donc, il m’a invité à les rejoindre dans son club et c’est une fois arrivé sur les lieux que j’ai découvert beaucoup d’autres techniques du cirque. L’école de cirque Nu Dagbé m’a apporté beaucoup de choses. Quand j’avais abandonné l’école, les parents m’ont envoyé en apprentissage dans plusieurs métiers, mais j’ai toujours rejeté l’offre. A un moment donné, je me suis lancé dans la récupération de ferrailles usagées dans la rue. Un jour, mon père m’a dit que si c’est cette activité de ferrailles que je vais continuer par faire, il arrivera un moment où cela me conduira dans les dérives et même en prison si je ne prends pas garde. Aujourd’hui dans l’association Nu Dagbé, ma vie a changé et je me vois évoluer. »

« On ne manque de rien, ce n’est pas comme dans la rue »

«J’ai appris l’existence de l’école et au début quand je venais à l’époque, on me renvoyait. Mais avant de découvrir l’école, j’étais enfant de rue au marché Dantokpa. Ils avaient besoin de 20 personnes et comme je venais souvent, j’étais en surplus et ils me renvoyaient jusqu’à ce que l’effectif commençait à se réduire, alors ils m’ont mis dans le groupe. C’est comme cela que j’ai commencé à fréquenter l’école de cirque. Ici, nous sommes nourris, on se lave et nous sommes contents. On ne manque de rien, ce n’est pas comme dans la rue. »

« Nu Dagbé m’a fait trop de bien et je souhaite une longue vie aux fondateurs »

«J’étais membre de l’école de cirque Nu Dagbé depuis sa création mais à un moment donné, je me suis retiré pour aller apprendre un métier. A l’époque, on allait au marché Dantokpa pour chercher un peu d’argent en transportant les bagages aux bonnes dames. Après, je me suis retrouvé à Cadjèhoun avec mon frère Ibrahim. C’était en 2011 et il y avait certains parmi nous qui allaient suivre la formation de Segun Olabisi. Il s’est fait qu’un jour, les amis m’ont forcé à venir à la séance. C’est comme cela que j’ai pris la décision d’y aller un jour et je me suis retrouvé dans l’école de cirque Nu Dagbé après que mon adhésion soit validée. Nous avons connu des hauts et des bas, mais nous avons maintenu le cap ; avec la patience finalement, nous avons été retenu pour la tournée. Dans la vie, il ne faut pas être pressé. Nous les hommes, nous sommes souvent pressés et pensons que le temps avance, mais c’est l’heure de Dieu qui est la meilleure. Ce que moi j’ai trouvé ici, ce n’est que du bien comme le nom de l’association « Nu Dagbé ». Nous sommes des enfants de la rue mais pourtant depuis 2011, l’association nous a soutenus, accompagnés et formés et c’est pour cela que nous devons la remercier. Quand nous sommes malades, quand nous avons n’importe qu’elle souffrance, les responsables sont toujours présents pour nous accompagner et c’est pour cette raison que nous devons les remercier. Je vais vous raconter une anecdote. J’étais dans le marché Dantokpa un jour et un malaise m’a pris au point où je suis tombé grièvement malade et je n’avais rien pour pouvoir me soigner. J’ai appelé madame Karola Kipp-Manirafasha qui m’a dit de prendre un taxi-moto et de venir à la résidence pour qu’elle m’amène à l’hôpital. Cela m’a étonné et effectivement, elle m’a conduit à l’hôpital de Camp Guézo et ensuite à la pharmacie pour l’achat des médicaments prescrits sur l’ordonnance. Ce que l’association nous a apporté est vraiment important, je n’ai jamais vu une telle organisation. ‘’Nu Dagbé’’ m’a fait trop de bien et je souhaite une longue vie aux fondateurs ; Dieu va les combler au centuple. Je suis vraiment content parce que là où je suis maintenant, je vois que je suis en train de changer. Nous avons tout ici, nous sommes nourris, logés, vêtus. »

« Ce que j’ai trouvé de bien ici, c’est que quand je suis malade, ils prennent soin de moi »

«Moi, je faisais une activité de ferrailles et ils sont venus nous voir un jour soit disant qu’ils sont à la recherche des enfants de rue pour les former en art de cirque. Ils avaient besoin de 20 personnes et donc, j’ai rassemblé des amis pour atteindre l’effectif. Dès que l’effectif est réuni, nous avons commencé par aller à Togbin. C’est comme cela que nous allons aux séances de répétition et ils nous ont dit un jour qu’ils vont louer quelque part et commencer par nous loger en résidence. J’ai appris pas mal de bonnes choses en venant ici. Ce que j’ai trouvé de bien ici, c’est que quand je suis malade, ils prennent soin de moi. Manger, chaussures, habits, ils assurent tout.»

« Dans le temps, je ne savais pas grand-chose. Aujourd’hui, je jongle avec des balles, des massues et des chapeaux. J’y ai trouvé beaucoup d’avantages »

«Avant que je ne commence par fréquenter l’école de cirque Nu Dagbé, j’étais à Cadjèhoun. Mes amis à l’époque, ce sont les enfants de rue et c’est avec eux que nous restons ensemble en pleine ville à Cadjèhoun. Un jour, nous avons reçu la visite d’un responsable du site qui nous a informés qu’un rasta est venu le voir soit disant qu’il a besoin des enfants. C’est comme cela que le rasta nous a finalement rencontrés le lundi suivant, et il nous a amené à Togbin pour faire du cirque. C’est comme cela que j’ai commencé l’école de cirque Nu Dagbé. Dans le temps, je ne savais pas grand-chose, je ne savais pas du tout jongler. Aujourd’hui, je jongle avec des balles, des massues et des chapeaux. Je trouve beaucoup d’avantages en venant ici. »

«Je me perfectionne plus en résidence et je suis parvenu à des performances importantes »

«Avant que je ne découvre ce projet, je ramassais un peu de ferrailles, del ’aluminium sur les tas d’ordures pour ensuite les vendre. En ce moment, j’avais un ami qui s’appelle Olamidé et c’est lui qui m’a parlé du projet Nu Dagbé en disant qu’il y a un endroit où on va apprendre du cirque. J’ai dit alors, cela m’intéresse et que je peux l’accompagner. C’est comme cela qu’il m’a amené à Togbin parce qu’on n’était pas encore en résidence à l’époque. La manière dont j’ai vu les choses, cela m’a intéressé et j’y ai pris goût. Dès que j’ai commencé l’école de cirque, j’ai appris beaucoup de choses. Je me perfectionne plus en résidence et je suis parvenu à des performances importantes.»

« Ce n’est pas en donnant de l’argent qu’on fait forcément du bien à une personne. C’est comment on parvient à changer sa vie »

«J’étais un enfant de rue qui se promenait pour demander de l’argent aux passants pour pouvoir manger. C’est comme cela que j’ai fait la connaissance du directeur artistique Segun Olabisi. C’est lui que j’ai rencontré un jour au niveau de l’église Bon Pasteur de Cadjèhoun et je lui ai demandé de l’argent. Il a dit qu’il ne peut pas me donner de l’argent, mais qu’il a quelque chose qui dépasse l’argent à m’offrir. Je lui ai demandé quoi ? Il a dit : allons-y et c’est comme cela que je l’ai suivi et quand nous sommes venus, il m’a montré au groupe et m’a renseigné sur comment cela se passe. Il m’a présenté toutes les disciplines dans lesquelles je serai formé et avant de terminer, il a précisé que je ne vais rien payer pour cela et qu’on va prendre soin de moi. J’ai répondu que je suis partant. A l’heure du déjeuner, on nous a servi le repas, mais j’ai eu peur au départ, mais les autres membres du groupe m’ont rassuré que ce sont de bonnes personnes en qui je peux avoir confiance. Depuis ce jour, je me suis rendu compte que c’est pour nous faire du bien. C’est comme cela que j’ai commencé par venir aux entrainements. Ce n’est pas en donnant de l’argent qu’on fait forcément du bien à une personne. C’est comment on parvient à changer la vie de quelqu’un. Avant d’arriver ici, j’avais un certain niveau de vie mais ce n’est plus le cas actuellement. Avant je demandais de l’argent dans la rue, aujourd’hui je ne suis plus à cette étape parce que je mange et je m’assoie aux côtés des grands et des Blancs. Des gens prennent l’avion pour venir ici au Bénin à cause de nous, c’est tout cela qui constitue ma joie. »

Réalisation : Edouard KATCHIKPE

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