La salle Mono de l’Infosec de Cotonou a servi de cadre pour l’atelier de réflexion sur le lien alphabétisation/Formation professionnelle, dans la journée du mardi 28 janvier 2020. Organisé par le Réseau National des Opérateurs Privés pour la Promotion de l’Alphabétisation et des Langues Nationales (ReNOPAL) avec l’appui financier de la Coopération Suisse, cet atelier a réuni les acteurs impliqués aussi bien dans l’alphabétisation que dans la formation professionnelle.
Réfléchir sur les modalités de concrétisation du lien alphabétisation/formation professionnelle au Bénin. C’est l’objectif visé par cet atelier initié par le Réseau National des Opérateurs Privés pour la Promotion de l’Alphabétisation et des Langues Nationales (ReNOPAL). Il s’agit pour les acteurs présents à cet atelier de mener de riches réflexions pouvant permettre d’instaurer une passerelle franche entre l’alphabétisation et la formation professionnelle au Bénin. A la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le représentant du ReNOPAL, Christophe Cocou Tossou, a présenté des statistiques alarmantes qui renseignent sur l’urgence de la mise en place de ce tandem alphabétisation et formation professionnelle. A l’en croire, 56,1% de la population béninoise ne savent ni lire, ni écrire dans une langue ; de même que 61,2% des actifs économiques du pays. Quant au secteur de l’artisanat, il ne contribue qu’à hauteur de 11% au Produit Intérieur Brut (PIB). Face à cette réalité, poursuit-il, « il sera question pour les acteurs présents, de réfléchir à une approche à travers les réponses aux questions que sont : quel est le contour réel du lien alphabétisation formation professionnelle ? Quelle est la meilleure façon de réaliser ce lien ? Quelle est l’approche la plus indiquée ? S’agit-il d’alphabétiser ou de cibler uniquement les artisans ? Comment s’y prendre ? » Les réponses à ces différents questionnements pourront permettre d’inverser la tendance en renforçant les acquis de la formation professionnelle à travers l’artisanat ». Le représentant du directeur de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, Ismaël Adédiran Adjibodou, tout en remerciant les participants, les a conviés à réfléchir pour donner des réponses pertinentes à ces multiples questions relatives à l’approche alphabétisation – formation professionnelle. Plusieurs communications et des travaux de groupes ont été organisés pour l’atteinte des objectifs de l’atelier.
Bref aperçu des communications…
L’une des activités qui a marqué l’ouverture de cet atelier, reste la communication consacrée à la définition de certains concepts et la stratégie de mise en œuvre du lien alphabétisation/formation professionnelle par l’expert commis à la tâche. A la suite de cette communication, c’est au tour du DAPLN et de certaines ONGs de partager avec les différents acteurs, les résultats des expériences déjà faites dans le cadre du lien alphabétisation/formation professionnelle. De l’expérience faite par la Direction de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN), passant par celles du Groupe d’Etudes et de Formation pour l’Auto Développement (GEFAD) et du Programme d’Appui à la Gestion Décentralisée de l’Alphabétisation (PAGEDA) pour atterrir à celles du Projet The Hunger Project, il est à noter que les résultats obtenus et les leçons apprises sont assez concluants pour renforcer la volonté des acteurs de progresser dans cette lancée et pour faciliter l’arrimage entre alphabétisation et la formation professionnelle. Des travaux de groupes, des séances de questions-réponses et des suggestions faites sont les autres moments forts qui ont marqué cet atelier sans oublier que des recommandations ont été faites à la suite des travaux de groupes par les participants.
Avis de quelques participants
Sounon Bouko Bio, maire de la commune de Tchaourou
«Depuis les années 60, on est dans l’alphabétisation où tout n’est que recommencement. Mais ces dernières années, il a été retenu que l’alphabétisation quitte l’étape qui consiste à apprendre à écrire et à lire nos langues pour être utile à celui qui apprend. Donc, on a décidé de s’intéresser aux différents corps de métier et à nos frères et sœurs qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école formelle. Il faut que l’alphabétisation puisse les aider à améliorer leurs différentes activités économiques, parce que l’économie du pays va dépendre aussi du développement de l’économie locale et l’économie locale est soutenue par l’artisanat. Donc, nous sommes obligés d’appuyer les artisans pour promouvoir l’économie au niveau local et national. C’est dans ce sens qu’aujourd’hui, on s’est réuni encore pour mieux peaufiner nos réflexions et au cours de cet atelier, nous avons élaboré des stratégies pour y arriver et nous espérons que l’Etat nous accompagne. »
Marc Laurent Hazoumè, enseignant à la retraite, acteur de l’alphabétisation et de l’éducation
«Je me réjouis que le travail continue même si cela n’avance pas du fait de la non budgétisation de ces activités liées à l’alphabétisation. Il y a un peu de manque de volonté politique parce qu’on ne reconnait pas toujours à l’alphabétisation ce qu’elle doit être au niveau de la population. 56% d’analphabètes ne développe pas un pays, on va droit dans le mur et justement ces 56% sont les plus pauvres. On a beau donner de l’argent aux pauvres, s’ils ne sont pas alphabétisés, le pays ne se développera pas et c’est cela qui m’attriste. Le politique pense beaucoup plus à développer le pays en oubliant que l’alphabétisation, l’éducation des adultes font partie du développement du pays. Il faut continuer par les sensibiliser envers et contre tout. »
Koffi Charles Maximin Codjia, DAPLN
«L’atelier a pour but de voir comment mettre en application le processus lien alphabétisation-formation professionnelle parce que si c’est une ambition de notre gouvernement de lier désormais l’alphabétisation et formation professionnelle, de façon pratique, il faut que les techniciens réfléchissent à la chose pour que nous soyons au bout du rouleau, éligibles à 100% pour ce processus. Alors, pour le faire, il y a eu un échange entre les expériences des ONGs et l’expérience de l’Etat. Chacun a exposé ce qu’il entend par lien alphabétisation-formation professionnelle et au terme de l’atelier, on a des conclusions qui vont faire la synthèse de tout ce qui a été dit et c’est cela qui sera exploité de façon technique au niveau de chaque structure. Le manque de volonté souligné, c’est peut-être avant, parce qu’aujourd’hui, je puis vous dire que la volonté politique y est. Le PAG du gouvernement fait de l’artisanat, un élément important pour relever notre niveau de vie et nous savons que les artisans, pour la plupart, ne sont pas alphabétisés. Donc, l’Etat s’investit au maximum pour que l’alphabétisation liée à la formation professionnelle puisse être une réalité. »
Ismaël Adediran Adjibodou, inspecteur d’alphabétisation et d’éducation non formelle en service à la DAPLN
«Je tiens à dire mes félicitations aux organisateurs de cet atelier. Cet atelier qui a toute son importance parce qu’il vient après le développement de la stratégie de relance de ETFP. Dans cette stratégie, il y a un volet important qui a rapport à l’arrimage de l’alphabétisation et la formation professionnelle. Par rapport à cela, il faudrait que les acteurs se réunissent dans un creuset pour pouvoir définir le modèle pédagogique par rapport à l’intégration de l’alphabétisation à la formation professionnelle.Je crois que cet atelier est le bienvenu parce que ça permet de jeter les bases en ce qui concerne la mise en place de ce modèle pédagogique. Aujourd’hui, on peut se réjouir de la volonté politique parce que non seulement l’alphabétisation a été prise en compte, mais je constate en tant que technicien que cela s’est exprimé par la mise en place de ressources financières significatives en ce qui concerne le plan d’urgence de la stratégie. Peut-être que dans la mise en œuvre, on pourrait constater des défaillances, mais pour le moment, par rapport à ce qui a été fait, on se réjouit de l’engagement de l’Etat. »
Estelle DJIGRI