« Un peuple analphabète, sans écriture, sans mémoire, est un peuple qui n’a pas d’histoire », disait l’écrivain ivoirien Jean-Marie Adiaffi. Cette citation, Zinsou Marcellin Hounzangbé, directeur général du Fonds d’Aide à l’Alphabétisation et à la Promotion des Langues Nationales (FAAPLN) et Koffi Charles Codjia, Directeur de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (DAPLN) l’ont prise au sérieux. Ils ont effectué une tournée, le mercredi 31 août 2022, dans les départements du Zou, du Mono et du Couffo pour toucher du doigt les réalités du terrain en termes d’alphabétisation et de l’éducation des adultes de quelques localités.
Un nouveau vent souffle dans le sous-secteur de l’alphabétisation et de l’éducation des adultes. Les acteurs de l’alphabétisation à la base ont le soutien du FAAPLN et de la DAPLN. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Travail Annuel (PTA 2021) du FAAPLN, une activité est inscrite au programme pour réduire le taux d’analphabétisme des personnes âgées de 15 ans et plus au Bénin, notamment celles des départements du Mono-Couffo et du Zou. Elle est intitulée « Appui à la mise en œuvre des projets innovants des Opérateurs Privés en Alphabétisation par la procédure d’appel à projets ». En respect à la note d’orientation relative au financement des projets d’alphabétisation et d’éducation des adultes sur la période 2021-2023, le FAAPLN sous le contrôle des organes consultatifs et décisionnels a fait l’option de retenir un projet innovant par thématique. Il s’agit d’une part de : « Alphabétisation des Praticiens de la Médecine Traditionnelle (APMT) » et d’autre part de : « Alphabétisation des pêcheurs des départements du Mono et du Couffo ».
Nous sommes le mercredi 31 août 2022, dans le département du Zou, précisément à l’EPP Ounkamey dans la commune d’Abomey. Il est 9h 30min, la délégation des structures citées plus haut a foulé le sol de cette école pour le suivi et l’appropriation des contenus en langue fon enseignés aux praticiens de la médecine traditionnelle. Ceci, en respect au projet innovant APMT. L’objectif, selon Zinsou Marcellin Hounzangbé, DG du FAAPLN, « est non seulement d’apprendre à cette cible la manière d’écrire dans les langues maternelles, mais également prendre cette formation pour l’exercer dans leurs métiers respectifs. Ce projet est né de leur propre initiative afin de laisser des connaissances écrites à la postérité et à de tierces personnes. » Nous allons commencer, ajoute le directeur général, par les langues nationales avant de passer, de manière progressive, au français fondamental.
La comptabilité en langue fon à Za-Kpota
Nous sommes dans la commune de Za-kpota, dans la salle de réunion de l’arrondissement d’Assanlin pour être précis. Désiré Agbododa, le facilitateur va donner aux praticiens de la médecine traditionnelle, les notions de la comptabilité avec des schémas à l’appui. C’est toujours le projet APMT qui suit son cours. « La manière dont vous vous êtes intéressés à l’apprentissage nous rassure. Le maître alphabétiseur joue bien son rôle. Il y a plusieurs personnes ici qui désirent aller à l’école des blancs mais ils n’ont pas pu et ils ont du mal à déclarer leur naissance. Grâce à l’alphabétisation, nous allons corriger beaucoup de choses », a affirmé le DAPLN. Vincent Houessou, chef de service du contrôle de l’Alphabétisation à la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ) ne dira pas le contraire : « Ce que je viens de constater dans votre centre répond à notre aspiration.
Le Couffo et le Mono : les pêcheurs et revendeuses de poissons enthousiastes
Cap est mis sur la commune de Lalo, notamment à l’EPP Ahomadégbé. Ils sont une trentaine de pêcheurs et de revendeuses de poissons à chanter à cœur joie l’hymne national en Fongbé. Ils apprennent à lire et à écrire en fon, la langue dominante du milieu avec, en toile de fond, la maîtrise de la pêche moderne. Sous la supervision de Marcellin Donou, président du comité de gestion de l’alphabétisation du centre, les apprenants ont répondu, sans anicroches, aux différentes questions du facilitateur. Il est question ici du projet : « Alphabétisation des pêcheurs des départements du Mono et du Couffo. » Après l’EPP Ahomadégbé, l’équipe a rallié la commune d’Athiémé, dans le département du Mono. Vêtus d’un uniforme jaune, les pêcheurs et revendeuses de l’arrondissement de Kpinnou se sont regroupés dans l’épicentre. La langue du milieu, c’est le Sahouègbé. « Il y a beaucoup à espérer dans le travail que nous faisons à l’épicentre de Kpinnou », confie Raphaël Dotouvi, facilitateur. Sur chaque site, les maîtres alphabétiseurs ont déroulé des séquences pédagogiques, notamment en mathématiques et en lecture sous l’œil regardant de la délégation.
impressions de quelques participants
Martine Zalé, praticienne de la médecine traditionnelle dans le Zou
«Nous étions dans l’obscurité quand l’alphabétisation nous a emenés à la lumière. C’est une bonne initiative qui va nous permettre de contribuer à la croissance économique de notre pays »
Pamphile Tometin, praticien de la médecine traditionnelle
dans le Zou
«Avant, nous étions dans l’ignorance. Mais grâce au fonds, nous comprenons mieux les choses. Je suis enseignant à la retraite, je comprends bien le français mais aujourd’hui, je n’arrive pas à écrire le nom de certaines plantes en français. Quand on dit ‘‘Houndjèvè’’, cette plante n’a pas un nom en français pour l’exprimer. Grâce à cette initiative, j’y arrive. »