Accès à la plateforme de e-Learning à l’UAC : Des étudiants crient à la saignée, d’autres appellent à la retenue (L’UNEB bientôt en campagne pour un accès facile aux étudiants) - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Accès à la plateforme de e-Learning à l’UAC : Des étudiants crient à la saignée, d’autres appellent à la retenue (L’UNEB bientôt en campagne pour un accès facile aux étudiants)

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A l’instar des autres sous-secteurs de l’éducation, le Supérieur a renoué avec les activités académiques depuis le 11 Mai 2020 au Bénin, via une plateforme de cours en ligne concoctée et dont le lancement officiel a été l’œuvre du tandem Eléonore Yayi Ladékan et Aurélie Adam Soulé Zoumarou, respectivement ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et ministre du Numérique et de la Digitalisation. Deux (02) semaines environ après le lancement de cet outil d’apprentissage, Educ’Action est redescendu sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi pour s’imprégner de l’effectivité des cours en ligne au niveau des étudiants. Reportage !

Assis sur sa moto, le regard fixé dans les feuillages du jardin U de l’Université d’Abomey-Calavi, Lionel Fagbégnon pense à comment pouvoir tirer son épingle du jeu à l’issue des évaluations qui l’attendent cette semaine. L’étudiant de la spécialité Génie Electrique à l’Institut Universitaire de Technologie de Lokossa, habitué à suivre les cours en présentiel dans les amphithéâtres, est confronté, depuis quelques jours, à la dure réalité des cours en ligne. Préoccupé après plusieurs tentatives infructueuses de connexion à cette plateforme de e-Learning, l’étudiant demeure pensif vu l’imminence desdites évaluations. Lionel comme bon nombre de ses camarades étudiants n’ont pas accès aux amphithéâtres en cette période de Covid-19 et doivent conséquemment faire l’expérience des cours en ligne tels que recommandés par les autorités du sous-secteur. Interrogés, les étudiants, tout en trouvant salutaire l’approche du e-Learning, la qualifie de saignante pour leurs porches. « Avant de pouvoir suivre un cours en ligne, il faut d’abord télécharger l’application zoom qui pèse 46 MO à 99 MO. Si vous n’avez pas un portable Android de grande capacité ou un PC, alors vous voyez que ce n’est pas possible de suivre le cours en ligne ! Moi, mon premier cours en ligne m’a coûté environ 1.200 Francs CFA de forfait Internet. Pour un cours prévu pour durer quatre (04) heures de temps, tous les camarades qui étaient en ligne n’ont pas pu suivre jusqu’à la fin. Si ce n’est pas la connexion qui flotte, c’est que c’est le forfait Internet qui s’épuise assez rapidement. Quand tu essayes d’activer un nouveau forfait pour rattraper le cours, c’est le professeur qui se fâche et demande où tu étais passé lorsque tu tentes de le ramener sur des notions qu’il a déjà expliquées. Si un étudiant doit dépenser environ 1.200 Francs CFA en forfait Internet pour suivre un seul cours alors qu’il y a plusieurs autres cours programmés dans la journée, vous comprenez que c’est compliqué et que ce n’est pas possible », a confié à Educ’Action, l’étudiant Lionel Fagbégnon, sur ses premières expériences de cours en ligne. Il est soutenu dans son raisonnement par son camarade de deuxième année de Gestion à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) qui renchérit en ces termes : « pour s’inscrire sur la plateforme, il faut disposer d’un bon téléphone doté d’une bonne mémoire RAM. Aussi, l’application zoom qui permet de suivre les cours en ligne, épuise-t-elle rapidement le forfait. Cela fait que la plupart des étudiants assistent à peine à ces cours en ligne. Le mercredi dernier, nous n’étions que sept (07) étudiants en plus du professeur en ligne. Il y a des cours que moi-même, je n’ai pas pu suivre. Je vous donne l’exemple d’un cours en ligne qui a été suivi par seulement quatre (04) étudiants alors que nous sommes environ 1.000 étudiants dans ma spécialité. Quand on voit tout cela, on se dit que les cours n’ont pas encore repris à l’UAC alors que les sessions sont proches et nous guettent ». Comme solution pour réduire partiellement ses dépenses en forfait Internet, Lionel Fagbégnon s’est associé à neuf (09) autres de ses camarades pour s’acheter un rooter. « Avec mes camarades, nous avons cotisé pour acquérir un rooter Internet que nous utilisons ensemble. Nous cotisons pour activer le forfait mensuel et cela réduit un peu les dépenses », ajoute-t-il à Educ’Action. Etudiant en troisième année de Géographie à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales (FASHS) de l’Université d’Abomey-Calavi, Cyrille Amoussou ne partage pas entièrement l’avis de ses camarades qui crient à la saignée. « Quand on parle des études universitaires, c’est aussi une question de moyens. Il faut avoir les moyens pour s’aventurer. Donc, n’attendez pas à ce que le dernier des étudiants se mette au pas avant de conclure que l’initiative est bonne. Si un étudiant n’as pas les moyens, qu’il fasse la politique de ses moyens », martèle-t-il, déclarant révolue l’ère des cours en présentiel dans les amphithéâtres avec l’émergence des technologies.

L’UNEB bientôt en campagne de sensibilisation pour un accès facile de la plateforme

« On ne peut pas peindre tout en noir, quelque part cette situation de la Covid-19 a été bénéfique pour l’éducation béninoise, en ce sens que cela permet aujourd’hui aux étudiants de pouvoir suivre les cours en ligne. En quelque chose, malheur est bon », affirme Jacques Toboko, président de l’Union Nationale des Etudiants du Bénin (UNEB), pour ainsi donner son appréciation du dispositif du e-Learning mis en place au profit de la communauté universitaire. Suivant ses explications, c’est parce que beaucoup d’étudiants ne maîtrisent pas le processus qu’ils se plaignent de trop dépenser pour accéder au cours en ligne. « Les étudiants n’ont pas besoin de dépenser autant de forfait avant d’accéder au cours en ligne. C’est juste parce qu’ils ne maîtrisent pas véritablement le processus. Les supports de cours sont téléchargeables sans difficultés sur la plateforme et même les étudiants qui ne parviennent pas à suivre les cours en direct, peuvent aussi les télécharger après », clarifie le responsable étudiant à Educ’Action, arguant que les jours à venir, son bureau va démarrer une tournée sur le campus en vue d’expliquer aux camarades comment pouvoir accéder à la plateforme sans pour autant se ruiner financièrement. Sur la question relative à la modification du calendrier universitaire, Jacques Toboko estime que c’est plus que nécessaire dans la mesure où il ne peut y avoir de cours sans évaluations et aussi, il importe de sauver l’année académique à tout prix.

Edouard KATCHIKPE

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