30 ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

30 !

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L’activité sacro-sainte de mon dimanche consiste en un tour savoureux chez la vendeuse de Kom, située dans ce quartier au nord de chez moi que vous connaissez et que je ne vous indiquerai pas ! Car s’il y a une nourriture dont il faut se garder de vanter les mérites, c’est ce plat souvent très apprécié par toutes couches sociales. Et ce qui devrait arriver arriva: un peu en retard sur mon horaire habituel la dernière fois, je m’entendis dire : c’est fini ! Je m’assis fort contrit tandis que dans un ultime effort la vendeuse me trouva quelques boules loin de la douzaine que je malaxais habituellement.
C’est dans cette situation difficile que j’entendis pérorer un homme, apparemment savant, qui se demandait combien devrait avoir couté l’interview de notre Président dans le célèbre journal africain. Pourquoi certaines gens ne s’occuppent-elles que de l’accessoire dans le sens où, notre Haute Autorité n’a t-elle pas eu l’écho qu’elle recherchait? Je me dis quand même que si on devrait strictement parler d’éducation béninoise, nul doute qu’il se serait adressé au seul journal de référence au Bénin Educ’Action qui lui poserait aussi des questions directes et franches.
Je me surpris à réfléchir sur un des sujets les plus controversés du moment où la vision du Président, père de la nation, aurait pu mieux nous éclairer que les présupposés et autres explications de ses assujettis qui laissent perplexe! Je voudrais oser parler des 30 heures pour les aspirants. J’ai parcouru pratiquement tous les journaux qui ont écrit sur le sujet. Ils se sont quasi tous, bornés à reprendre quelques explications des autorités et une certaine réaction de syndicaliste sans aucun commentaire. Plus tard, quelques journaux plus ‘‘hardis’’ sont revenus sur le sujet soulignant et soutenant que c’est pour le bien des enseignants et des élèves. Je me suis dit que c’est parce que le peuple est diffus et lointain et que surtout, la plupart de ces journalistes n’ont jamais enseigné et surtout n’avait aucune compréhension de l’éducation. Mieux, ils avaient traité le thème dans ce bel unanimisme peut-être sournois mais surtout courtois qui les caractérisait généralement, répétant exactement les mêmes choses. Comment alors le Président pouvait leur confier son interview s’il se pourrait que leur caractère policé ne leur permettrait jamais de poser les bonnes questions même si elles fâchent.
L’Etat a toujours raison car c’est l’Etat. En même temps, ceux qui nous gouvernent perdent beaucoup de temps avec ceux qui se cantonnent dans le seul rôle de laudateur et proposent au prince des mesures quasi paradoxales voire impossible à soutenir le bien fondé pour nos enfants . Il faut éclairer le Prince et il prendra toujours les bonnes décisions: Nous avions encore plus besoin d’enseignants au secondaire d’accord. Les aspirants devraient couvrir encore plus d’heures si on présuppose qu’ils le font avec les heures supplémentaires ou les vacations dans d’autres établissements et c’est possible. Pendant ce temps, que font les APE et ACE ? Leur statut et leur implication ont-ils changé ? On se retrouve dans une situation terrible avec une infinité de type d’enseignants qui n’inspirent aucune considération.
Notre éducation secondaire en termes d’enseignement n’est pas mauvaise. Mais les disparités sont si grandes actuellement avec une administration qui réfléchit énormément mais qui gagnerait à écouter plus pour plus d’éfficacité. Comment des gens , pour la plupart nouveaux dans l’enseignement, qu’on a choisi avec soin en se gardant de leurs caractères hybrides d’auparavant dans leur formation et dans la matière enseignée, redeviennent-ils requalifiés dans moult matières qu’ils auront à dispenser à la pelle ? Pendant ce temps, le coefficient d’allocation est toujours peu probant avec une grande concentration des qualifiés qui doivent donner l’exemple en étant déployés au fond du pays, dans les grandes villes où ils ont le temps de sillonner les écoles privées pour le bien de nos enfants de cadres. Cette vision de l’éducation qui est prônée n’est même pas celle économiciste; elle pose , à l’évidence un problème de qualité en partant du présupposé qu’on récupère les heures que les aspirants vont faire dans le privé ou en heures supplémentaires. Ils iront quand même dans le privé et bonjour les dégâts. Mais une chose est sûre : l’Etat a toujours raison par delà les bons ou les moins bons conseils. Moi je voudrais juste que le véritable débat de la qualité se fasse !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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